Après Hamane Niang qui a été blanchi par FIBA, c’est Me Jean Claude Sidibé, un autre ancien président de la FMBB qui est cité dans un rapport de l’instance suprême du basket mondial sur le harcèlement sexuel des athlètes. Une histoire inventée de toute pièce qui vient encore souiller l’image du pays
Depuis plus d’une décennie, les basketteuses et basketteurs maliens, toutes catégories confondues, font vibrer le peuple par leurs performances dans les compétitions continentales et internationales. Dernière illustration en date, la médaille d’argent enlevée à l’Afrobasket féminin, Cameroun 2021 par les Aigles Dames, avec en prime la qualification aux éliminatoires de la prochaine Coupe du monde. Un mois auparavant, la sélection nationale féminine U19 avait terminé quatrième du Mondial de la catégorie, devenant ainsi la première équipe africaine à réaliser un tel exploit.
Au même moment, les U16 Filles de notre pays se hissaient sur le toit du continent pour la 7è fois de leur histoire (record absolu), alors que les U16 Garçons terminaient sur la deuxième marche du podium. En fait, depuis ce sacre fondateur du Djoliba Dames en 2005 en Coupe d’Afrique des clubs champions face aux Angolaises de Petro Atletico, la balle au panier du Mali a pris la bonne direction de marche et nos basketteuses et basketteurs s’illustrent régulièrement sur l’échiquier continental et international. En quelques années, ils ont supplanté les nations qui régnaient sans partage sur le continent, notamment dans les compétitions de catégorie d’âge. C’est peu dire que s’il y a une discipline qui fait la fierté de notre pays, c’est bien le basket-ball.
Mais au moment où nos basketteuses et basketteurs se battent comme des soldats en mission, où le pays traverse la plus grave crise de son histoire et a besoin de cohésion sociale, d’entente, d’unité et de sacrifices de tous ses fils pour rebâtir l’édifice national, certains Maliens tentent de salir l’image de notre sport. Comment comprendre, en effet, que quelques semaines seulement après le blanchiment par FIBA-Monde de Hamane Niang notre compatriote qui préside actuellement aux destinées du basket-ball mondial et alors qu’un sélectionneur national, ancien international ayant porté plusieurs fois le maillot national croupit en prison après avoir été accusé d’abus sexuel et que quatre dirigeants de la Fédération malienne de basket-ball (FMBB), dont le président et le 1er vice-président et le secrétaire général de l’instance, sont suspendus et interdits de toutes activités liées au basket-ball, que des Maliens se permettent de poser des actes qui ternissent l’image du pays ?
Le nouveau rapport dit indépendant de FIBA-Monde sur l’affaire du harcèlement sexuel des athlètes du basket-ball national en est la parfaite illustration. Dans ce document, c’est une autre haute personnalité du pays qui est citée, à savoir Me Jean Claude Sidibé qui, à l’instar de Hamane Niang, a dirigé la Fédération malienne de basket-ball (2014-2017) et a été ministre de la Jeunesse et des Sports. Celui qui, il y a seulement une dizaine de jours, a fait parler sa générosité et son grand amour pour le basket-ball, en remettant un chèque d’encouragement de 14 millions de Fcfa à deux sélections nationales féminines de basket-ball, est accusé par ses détracteurs de détournement de fonds de la FMBB et d’abus sexuels sur des athlètes, alors que l’enquête de FIBA dit que les «allégations et accusations n’ont pas été vérifiées».
«Je suis particulièrement indigné et outré que mon honneur et ma dignité puissent être mis en cause dans un rapport dit indépendant et que les enquêteurs ne prennent aucune mesure pour vérifier les calomnies dissertées par des incapables calomniateurs tapis dans l’ombre, des injures des témoins préfabriqués pour la cause», a réagi Me Jean Claude Sidibé dans une lettre adressée au secrétaire général de FIBA-Monde avec ampliation au ministre en charge de la Jeunesse et des Sports, au président du Comité national olympique et sportif, au président de FIBA-Afrique et au président de la Fédération malienne de basket-ball.
On ne connaît pas les motivations réelles des personnes qui s’acharnent sur les dirigeants et anciens dirigeants du basket-ball national depuis plusieurs mois, mais tout laisse penser que c’est l’élection, l’année prochaine, du président de la FMBB qui se cache derrière cette campagne d’autodestruction. Loin de nous toute idée de défendre qui que ce soit ou de donner des leçons de morale ou de patriotisme, mais une campagne, à quel que niveau que ce soit, doit être basée, avant tout sur un programme et le bilan de l’adversaire et non sur des comportements ou actes susceptibles de souiller l’image du pays.
Au risque de nous répéter, le basket-ball malien est aujourd’hui l’un des plus enviés du continent et ceux qui ont contribué à le hisser à ce niveau, méritent la reconnaissance de la nation pour que leur exemple puisse inspirer d’autres fils du pays. Me Jean Claude Sidibé fait partie des grands serviteurs du basket-ball malien, un homme qui, depuis plus de deux décennies, ne ménage ni son temps, ni ses moyens pour faire progresser cette discipline. Selon une source proche de la FMBB, à chaque fois qu’il est sollicité par le ministère en charge des Sports pour l’hébergement des sélections nationales, il donne une suite favorable. Aujourd’hui, révèle la même source, le département de tutelle lui doit plus de 400 millions de Fcfa, «et quand il a le temps, il accompagne toujours les équipes nationales à l’extérieur à ses propres frais».
Il est temps pour les autorités, notamment le ministère en charge des Sports, de mener sa propre enquête sur les actions déstabilisatrices orchestrées, semble-t-il, depuis l’extérieur et qui ne peuvent que saper le moral du monde du basket-ball. Cela est d’autant plus nécessaire que depuis plusieurs mois, l’exécutif de la balle orange du pays est décapité, avec les suspensions du président, du 1er vice-président et du secrétaire général de la FMBB et qu’il y a un risque de paralysie. Les échéances qui attendent nos basketteurs et nos basketteuses sont nombreuses et on ne peut continuer à laisser les gens mal intentionnés occuper le terrain. En ce qui le concerne, Me Jean Claude Sidibé a déjà pris une décision forte : porter l’affaire devant le Tribunal arbitral du sport (TAS).
Souleymane Bobo TOUNKARA