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Au Mali, une influenceuse tacle Assimi Goïta et se retrouve en garde à vue

Très suivie sur les réseaux sociaux, Rokia Doumbia a fustigé « l’échec » des autorités militaires dans la lutte contre la cherté de la vie. Entendue par la police depuis lundi 13 mars à Bamako, elle risque d’être inculpée.« Tata Rose », « Rose Poivron », « Madame vie chère »…

Se présentant sous bien des surnoms, Rokia Doumbia a fait du combat contre la cherté de la vie son sujet de prédilection sur les réseaux sociaux. Une lutte que cette influenceuse malienne porte haut et fort devant ses quelque 160 000 abonnés sur Tik Tok. Si fort que ses publications lui ont valu d’être convoquée par la police, ce lundi 13 mars, selon son entourage.

Alors qu’elle était sortie faire des courses près de chez elle dans la matinée, Rokia Doumbia, quarante-quatre ans, a été approchée par deux policiers. À la mi-journée, elle s’est donc rendue au commissariat du Ve arrondissement de Bamako, où elle se trouvait encore ce mercredi matin. Son interpellation a été confirmée par le parquet, mais selon l’un de ses proches contacté par Jeune Afrique, elle n’a pas encore eu accès à un avocat.

À l’origine de cette convocation : les vidéos que Rokia Doumbia diffuse quasi-quotidiennement sur les réseaux sociaux. L’une d’entre elles aurait particulièrement attiré l’attention des autorités. Dans un magasin de chaussures, portant un voile bleu cyan, Rokia Doumbia prend à partie les colonels au pouvoir depuis le coup d’État d’août 2020 : « Cette transition est un échec avec un bilan de 0%, lance-t-elle. Aucun Malien ne vit en paix. Pendant mes directs, les gens réagissent en dénonçant la flambée des prix du riz, du gasoil, de l’huile et du sucre. »

« Vous n’avez pas fait un coup d’État pour ça. Quand tu fais un coup d’État en raison de l’échec de ton prédécesseur, le but est de faire mieux afin de surpasser ce dernier », poursuit-elle avec hardiesse, alors que les voix discordantes peinent à se faire entendre dans le Mali d’Assimi Goïta. Une sortie qui lui vaut d’être entendue notamment pour « incitation à la revolte » , « trouble à l’ordre public » et « outrage et violences envers le chef de l’État », selon la convocation policière que Jeune Afrique a pu consulter.

Un engagement ancien

Cette manière de prendre à partie les autorités n’a pourtant « rien de nouveau », assure un proche. Déjà à l’époque d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), Rokia Doumbia se faisait le relais des préoccupations des Maliens quant à la cherté des prix. « Elle n’a pas attendu la transition pour parler de cette question. Depuis des années, elle dénonce la hausse des prix de la viande, des condiments, des produits alimentaires en général qui sont de plus en plus inaccessibles », confie un membre de son entourage.

Celle qui se fait appeler « Mme vie chère » devrait, dans les heures qui viennent, être présentée devant le procureur de la Commune IV de Bamako. Ce même parquet où, en début de semaine, le militant et journaliste Ras Bath était entendu avant d’être placé sous mandat de dépôt. Lui avait dénoncé « l’assassinat » de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, décédé en prison en mars 2022

Source : jeuneafrique

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