Depuis septembre, des membres de l’ONG la Chaîne de l’Espoir procèdent à des opérations à cœur ouvert à Bamako. Des chirurgiens venus de Caen, Nantes et Rennes aident les soignants maliens. Parmi eux, le chirurgien rennais Thierry Langanay.
Le contraste avec la vétusté de l’hôpital mère-enfant de Bamako est saisissant. Le centre cardio-pédiatrique, André-Festoc est flambant neuf. C’est ici que les médecins français de la Chaîne de l’Espoir encadrent leurs homologues maliens pour pratiquer de la chirurgie cardiaque sur de jeunes patients dont plus de 2 000 sont en attente de soin.
Dans le cadre de la mission, chaque poste est occupé par deux personnes : un Français et un Malien. À terme, « l’objectif, c’est que l’équipe malienne soit complètement formée et autonome », précise Alice Authier, coordinatrice de l’ONG à Bamako.Dernier jour d’intervention pour le Dr Thierry Langanay et son équipe. Comme à son habitude, le chirurgien rennais s’empresse de voir les jeunes patients de la semaine, avant de se consacrer à celui qu’il va opérer. « C’est un garçon de 11 ans qui souffre d’une anomalie de la valve mitrale qui est la soupape qui commande le passage du sang entre l’oreillette gauche et le ventricule gauche », explique le médecin rennais.10 h 30, les infirmiers procèdent à la check-list du matériel présent au bloc. Dix minutes plus tard, Modibo Doumbia, le chirurgien cardio-vasculaire thoracique épaulé par Thierry Langanay, procède à la première incision
Après quatre heures au bloc, et sans complications, l’opération prend fin. L’équipe médicale franco-malienne se félicite du travail accompli pendant une semaine. C’est aussi l’occasion pour le Dr Doumbia de faire le point sur cette nouvelle structure de santé. « C’est une joie immense pour tous les Maliens d’avoir un service de chirurgie cardio-vasculaire qui permettra de prendre en charge les enfants qui ont tant attendu pendant de très longues années. »
Former des générations de chirurgiens
« Nous essayons d’instaurer de la télémédecine. L’idée, c’est qu’un cardiologue français se connecte via une plateforme, en France, et via un boîtier que nous avons installé sur l’échographe, qu’un échange puisse se faire avec son homologue malien », détaille Alice Authier. Ce qui permet de remédier à la pénurie de spécialistes dans les zones éloignées, notamment.A ce lien pédagogique s’ajoute l’aspect humain de cette mission humanitaire. « Une jeune fille que j’avais opérée à Rennes est venue me voir pour me donner de ses nouvelles. C’est très agréable de voir nos patients bien portants et heureux », s’enthousiasme le chirurgien Thierry Langanay.Quant à son confrère malien, Modibo Doumbia, il aspire à un accompagnement plus fort de l’État. « Il doit accompagner ce centre pour que nous puissions continuer à former d’autres générations de chirurgiens qui seront au service du peuple malien. »Après une semaine riche en émotions, Thierry Langanay est content d’avoir fait le choix de venir à Bamako en dépit de la crise et de la menace terroriste qui affectent le pays. « Je me dis que si sous prétexte qu’il y a un problème, nous ne venons plus, il n’y aura plus personnes et les méchants auront gagné la bataille. Pourquoi le Mali ? C’était aussi pour cela », conclut-il.