C’est un appel à “l’union sacrée de tous les Maliens” qu’ont lancé lundi les 15 présidents de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), réunis en sommet virtuel, pour règler la crise qui ébranle le Mali depuis le mois de juin.
Durcissant le ton, les chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest ont menacé pour la première fois de sanctions ceux qui s’opposeront à son plan de sortie de crise, qui prévoit le maintien au pouvoir du président Keïta mais prône la constitution rapide d’un gouvernement d’union nationale et des législatives partielles. Les dirigeants ouest-africains ont également demandé au pouvoir de tout mettre en oeuvre pour obtenir la “démission immédiate des 31 députés dont l’élection est contestée, y compris le président du Parlement”, Moussa Timbiné.
Suivant les recommandations de la Cédéao, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a constitué lundi un cabinet restreint chargé de négocier la formation d’un gouvernement d’union nationale, autour du Premier ministre Boubou Cissé.
Il s’agissait d’une médiation particulièrement “difficile et délicate” pour l’Afrique de l’Ouest, “l’intérêt du Mali et de la sous-région tout entière” étant en jeu, rappelait quelques heures avant le début de la Cédéao, le quotidien burkinabé Le Pays. “En plus de la nécessité d’éviter de braquer les protagonistes par un éventuel durcissement de ton, [le président du Niger] Mahamadou Issoufou, président de la Cédéao en exercice et ses pairs” avaient “la lourde mission de concilier des positions diamétralement opposées”, souligne le journal.
“Une petite chance” pour que le plan de sortie de crise “fonctionne”
Les recommandations de la Cédéao et l’annonce de la création d’un cabinet restreint ont été rapidement rejetées par une partie de l’opposition qui exige le départ pur et simple d’IBK. Dans une vidéo diffusée sur le site d’information malien Mali Actu, Choguel Maiga, l’un des leaders du mouvement du 5 juin a répété lundi que les manifestants s’étaient déjà exprimés sur la sortie de crise et qu’ils ne se satisferaient pas d’un gouvernement d’union nationale, si le président actuel conservait les rênes du pouvoir.
Il existe tout de même “une petite chance pour que le plan” de sortie de crise élaboré par la Cédéao, “fonctionne”, a expliqué à Al Jazeera le chercheur Manu Lunkunze, professeur de relations internationales à l’Université d’Aberdeen en Ecosse. “Certains des groupes de l’opposition auxquels j’ai parlé aujourd’hui m’ont dit que s’ils se voyaient confier une position importante au sein du gouvernement, ils réfléchiraient”,
Lors de l’annonce lundi de la formation d’un cabinet restreint, le pouvoir a fait un premier geste en direction de l’opposition en confiant le ministère de l’Economie et des Finances à un ex-banquier, Abdoulaye Daffé, proche du Chérif de Nioro, mentor de la figure de proue de la contestation, l’imam Mahmoud Dicko.