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Au Mali ça brûle toutes les nuits : Pourquoi et que faire donc ?

«Après l’indépendance acquise dans un désastre politico-social, des contradictions aiguës sont apparues entre les intérêts immédiats des Maliens en tant qu’individus et les intérêts supérieurs du Mali en tant que nation vouée à son destin historique. Le Soudanais était devenu le Malien et ceci n’est pas une simple question de vocable.
Il y a entre le Soudanais et le Malien une différence de qualité dans le comportement et dans la vision du monde.

 

– Le premier était réputé pour son attachement à certaines valeurs traditionnelles comme la franchise, la fidélité à la parole donnée et à l’amitié sans calcul, l’honnêteté et l’intégrité. Toutes ces valeurs morales étaient acquises dans une ambiance sociale qui lui enseignait le courage, la tolérance au point d’en faire un homme résigné et fataliste… capable de sacrifier l’intérêt individuel au salut de la collectivité, le présent aux incertitudes dans l’avenir.

– Le Malien au contraire apparaît plus matérialiste, (au sens populaire) plus calculateur. Il est le produit d’une manœuvre politique à laquelle l’a initié le colonisateur…» (Tiégoué Amadou Ouattara).

Depuis un certain temps, des Maliens ont ouvert des hostilités contre le régime de Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). C’est ainsi que l’on peut dire avec juste raison que la crise scolaire qui sévit au Mali s’achemine vers son développement ultime malgré les tentatives répétées du gouvernement de venir à bout du douloureux problème qui entrave aujourd’hui plus qu’hier l’avenir des enfants du Mali.

Sans abus, il faut dire que les années scolaires et académiques sont colmatées dans notre pays du fait des grèves intempestives des scolaires et des enseignants. Notamment depuis 2016, ce sont les enseignants qui ravivent la vedette. C’est dire qu’ils brillent de plus en plus par le boycott régulier des cours.

Pire, ils s’empennent à ceux qui se portent volontaires pour assurer aux enfants un minimum de formation. Comme tout le monde le sait, le meilleur service que l’on puisse rendre à une nation c’est la formation de ses enfants. À cet effet, Nelson Mandela disait: «L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde.»

Les enseignants n’ayant pas jusqu’ici obtenu gain de cause désapprécient aujourd’hui le régime d’IBK. Beaucoup souhaitent même qu’il rende le tablier. Mais qui sont les enseignants qui n’ont pas œuvré pour qu’il soit président de la République ?

L’on rappelle que les enseignants dans leur écrasante majorité, ont demandé la démission de la primature du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. C’est bien en cela qu’ils ont soutenu avec vigueur le mouvement de l’imam Mahamoud Dicko et de l’aile dissidente des députés du Rassemblement Pour le Mali (RPM, parti présidentiel) à l’Assemblée nationale en vue du départ de celui qui est devenu leur bête noire.

Des enseignants illusionnistes ont vite fait d’affirmer que c’est Soumeylou Boubèye qui est le problème dans la résolution de la crise scolaire.

Soumeylou Boubèye MaÏga est parti mais la crise scolaire s’est empirée.

Le plan ‘‘B’’ du Premier ministre Boubou Cissé est déjà en marche avec le recrutement des volontaires de l’éducation pour combler le vide laissé à l’école par les enseignants grévistes. Voilà que ceux-ci en veulent à mort à la gestion que Boubou Cissé fait de leur revendication de l’application du fameux article 39.

De leur côté, les «perdants» à la députation secouent comme ils peuvent le régime d’IBK. Les violences de Sikasso présagent d’un durcissement de la crise poste électorale de 2020 au Mali.

Et les victimes de la misère accablante qui sévit gravement au Mali ? Il faut dire qu’elles s’ajoutent au lot de plus en plus grand des mécontents de la gestion des affaires par le président IBK.

Le couvre-feu qui restreint les libertés de mouvement au Mali vient ajouter un plus à la tension qui ne cesse de monter chaque jour davantage dans nos villes et campagnes !

Comme on le dit souvent, la viande pourrie n’a besoin que d’une très petite quantité de sel pour être mangeable. Les coupures intempestives du courant le long des artères de nos grandes villes (en particulier de Bamako), dans les familles déjà éprouvées par les conséquences économiques néfastes du couvre-feu pour l’écrasante majorité des populations démunies, ne sont pas pour donner un répit aux critiques acerbes auxquelles des Maliens se livrent de plus en plus à cœur joie et ouvertement.

Il convient de dire que les coupures de courant sont récurrentes depuis maintenant plusieurs années. C’est dire que si les gens manifestent aujourd’hui ce n’est pas essentiellement contre ces coupures auxquelles nous nous sommes accoutumés depuis belle lurette.

Les mécontentements populaires se manifestent par les marches mais aussi par les incendies (ou brûlures) de pneus par des jeunes déchaînés sur les artères de nos villes. Brûler les pneus sur les routes vise non seulement à empêcher la circulation des usagers, mais aussi endommager ces artères et généraliser la crise. En tout cas, au Mali ça brûle de plus en plus.

Côté population, ces actes de vandalisme s’expliquent par le mécontentement de certains Maliens pour les raisons indiquées ci-dessus. Le côté politique de l’affaire réside dans le fait que bien des candidats disqualifiés aux élections législatives de mars et avril 2020 n’acceptent pas l’arbitrage de la Cour Constitutionnelle dirigée par Mme Manassa Diagnoko qui n’est plus à présenter au Mali.

Mais pourquoi ne peuvent-ils pas accepter leurs sorts tels scellés par la proclamation des résultats ? La réponse saute bien aux yeux de ceux qui veulent bien voir: les émoluments des députés gonflent la tête de ceux qui les découvrent pour la première fois. Si les candidats s’accrochent à leurs propres résultats des scrutins, c’est parce qu’à l’Assemblée nationale il y a à boire et à manger !

Si ces émoluments n’étaient pas en jeu et si on demandait aux gens de se battre pour le mieux-être des populations, les gens seront surpris par le manque de candidats. Mais de l’école aux élections, il ne peut en être autrement au regard de l’attachement aveugle des Maliens aux gains faciles.

De plus en plus, les Maliens n’ont pas la moindre considération, le moindre intérêt pour les masses populaires. Que les individus gagnent dans cette course effrénée pour les intérêts individuels privés voilà l’enjeu du moment. Une façon de dire que les Maliens sont éduqués dans le moule de l’individualisme privé et donc pour des intérêts matériels, toute chose que ne pouvait s’imaginer le Soudanais éduqué pour la défense des intérêts fondamentaux de notre peuple travailleur.

Pour mieux saisir la qualité fondamentale qui gît entre le Malien d’hier et d’aujourd’hui, lisons ce passage de Tiégoué Ouattara. Il a écrit: «Après l’indépendance acquise dans un désastre politico-social, des contradictions aiguës sont apparues entre les intérêts immédiats des Maliens en tant qu’individus et les intérêts supérieurs du Mali en tant que nation vouée à son destin historique. Le Soudanais était devenu le Malien et ceci n’est pas une simple question de vocable.

Il y a entre le Soudanais et le Malien une différence de qualité dans le comportement et dans la vision du monde.

– Le premier était réputé pour son attachement à certaines valeurs traditionnelles comme la franchise, la fidélité à la parole donnée et à l’amitié sans calcul, l’honnêteté et l’intégrité. Toutes ces valeurs morales étaient acquises dans une ambiance sociale qui lui enseignait le courage, la tolérance au point d’en faire un homme résigné et fataliste… capable de sacrifier l’intérêt individuel au salut de la collectivité, le présent aux incertitudes dans l’avenir.

– Le Malien au contraire apparaît plus matérialiste, (au sens populaire) plus calculateur. Il est le produit bâtard d’une manœuvre politique à laquelle l’a initié le colonisateur…».

Comme on le dit souvent, aux grands maux il faut les grands remèdes. Selon toute vraisemblable, le couvre-feu sera allégé à défaut d’y mettre fin. Cela pourrait bien être un argument aux mains du gouvernement pour que les gens ne puissent plus déranger la circulation des personnes et de leurs biens. Dès lors, les ‘‘perdants’’ se rendront à l’évidence qu’il faut être de bons perdants car les routes n’ont rien fait à ces candidats pour les dégrader au moyen du feu car la préservation des biens publics est un impératif catégorique.

Tout au moins si les perdants étaient des gagnants que pourrait-il se passer ? Dès lors que les élections se sont déroulées à coût de billets de banque, il serait plus de s’en remettre à la proclamation des résultats de la Cour constitutionnelle. Cela est utile pour la simple raison que tous les candidats ont accepté l’autorité de ladite cour.

Visiblement, l’État doit s’assumer pleinement et entière car le Mali n’a que faire de cette crise postélectorale.

Fodé KEITA

Source : linter de Bamako

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