Le nouveau chef de l’Etat a annoncé la rupture des liens diplomatiques avec la RASD, avant de supprimer son message. La veille, le chef du Polisario assistait pourtant à son investiture.
Un tweet du nouveau président kényan, William Ruto, annonçant mercredi 14 septembre une rupture des liens diplomatiques de son pays avec la République arabe sahraouie démocratique (RASD, autoproclamée), a été supprimé quelques heures plus tard, ce qui a semé la confusion.
« Le Kenya annule sa reconnaissance de la RASD et prend des mesures pour réduire la présence de cette entité dans le pays », avait écrit William Ruto, mercredi matin sur Twitter, après des discussions avec le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita. Un peu plus tard, il a supprimé ce message sans fournir d’explication.
Cette annonce inattendue est intervenue à peine vingt-quatre heures après la cérémonie d’investiture de William Ruto, à Nairobi, à laquelle a assisté le chef du Front Polisario, Brahim Ghali. Ce mouvement indépendantiste, soutenu par l’Algérie, veut un Etat indépendant au Sahara occidental, une vaste étendue désertique que le Maroc considère comme faisant partie de son propre territoire.
Nasser Bourita lui a remis un message de félicitations du roi Mohammed VI, a indiqué William Ruto, ajoutant que les deux pays avaient convenu d’améliorer leurs relations, « entre autres dans les domaines du commerce, de l’agriculture, de la santé, du tourisme et de l’énergie ». « Le Kenya soutient le cadre des Nations unies comme mécanisme exclusif pour trouver une solution durable au différend », a aussi déclaré le président Ruto sur Twitter, en maintenant ce message.
Bataille diplomatique
Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental se trouve à l’extrémité ouest du vaste désert du même nom, qui s’étend le long de la côte atlantique. Le Polisario, qui a proclamé la RASD en 1976, continue de réclamer, avec le soutien de l’Algérie, la tenue d’un référendum prévu par l’ONU au moment de la signature d’un cessez-le-feu entre les belligérants en 1991. De son côté, le Maroc, qui contrôle 80 % du territoire, prône une autonomie sous sa souveraineté exclusive.
Les deux camps se livrent à une âpre bataille diplomatique pour s’assurer du soutien de leurs alliés. L’ONU, qui considère le Sahara occidental comme un « territoire non autonome » en l’absence d’un règlement définitif, y a déployé une mission de maintien de la paix, la Minurso. Le diplomate italo-suédois Staffan de Mistura a été nommé en novembre 2021 envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU afin de tenter de trouver une solution politique au conflit. L’Union africaine (UA), quant à elle, reconnaît la RASD comme un de ses membres.
Dans un discours en août, Mohammed VI a exhorté les pays partenaires du Maroc à « clarifier » leur position sur la question du Sahara occidental et à le soutenir « sans aucune équivoque ». Ce dossier est « le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international », a affirmé le souverain.
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