Depuis deux semaines, les marcheurs et marcheuses sont confrontés aux forces de l’ordre qui n’ont eu d’autre méthodes de dissuasion, que la bastonnade des personnes qui veulent exprimer à travers ce moyen, leur mécontentement. C’était le 04 janvier 2018 les femmes de l’usine Huicoma ont voulu marcher sur le Palais de Koulouba pour réclamer leur dû au Président de la République. Les minibus SOTRAMA ont été arrêtés en cours de chemin par les forces de l’ordre. Elles sont descendues des véhicules pour vouloir faire le reste du chemin à pied.
Par la suite les femmes de Huicoma ont été dispersées violemment par les forces de l’ordre à coup de matraque et de gaz lacrymogène.
A la suite des femmes de Koulikoro ce fut le tour des jeunes du mouvement « wati sera » (c’est-à-dire qu’il est temps) qui ont décidé de marcher pour protester devant l’Ambassade de France contre la politique française au Nord du Mali jugée partiale. Cette marche s’est déroulée le 10 janvier 2018.Leur point de départ était la bourse du travail, face à eux un important dispositif policier.
Malgré l’opposition des policiers, les jeunes ont chanté l’hymne national avant de marcher en direction de l’Ambassade de France. Les slogans étaient : « la France soutient les rebelles, Paris, libérez le Mali ; le Mali est indivisible ».Les forces de l’ordre ont alors chargé les manifestants. Des journalistes ont été blessés par la police alors qu’ils ne faisaient que leur travail.
Comme pour narguer la constitution de février 1992, les amazones ont été tabassées le vendredi 12 janvier 2018. Le seul tord de cette association constituée de femmes, avoir voulu dénoncer la violence faite aux femmes qui avait organisé un sit-in devant l’Assemblée Nationale du Mali. Elles ne s’attendaient pas du tout à affronter des policiers en cet endroit précis alors qu’elles ont usé d’un droit constitutionnel.
Ces amazones ont été également bastonnées également par le régime en place.
Enfin ce fût le tour des jeunes chômeurs sous l’appellation de l’association nationale des chômeurs d’avoir leur dose de matraquage .Ces jeunes voulaient réclamer les 200 000 emplois promis par le Président I.B.K.Pour ce faire, ils ont décidé d’organiser une marche sur Koulouba, qui s’est terminée par des bastonnades.
Faut-il comprendre par cette attitude du nouvel exécutif une atteinte aux libertés publiques et individuelles ?
Suffit-il d’affirmer que la souveraineté appartient au peuple pour garantir le fonctionnement d’une véritable démocratie ?
Rappelons que la notion de démocratie est tout aussi indissociable de la liberté d’expression, de la liberté d’aller et venir, de la liberté de réunion et la liberté de marcher.
Notons que la démocratie repose aussi sur la liberté de la presse, les marches comme on le voit fréquemment en Europe.
D’ailleurs pour les mêmes raisons, la liberté de la presse et son pluralisme, c’est-à-dire la coexistence des sources d’informations multiples et différentes est également une condition du fonctionnement de la démocratie.Les bailleurs de fonds qui financent nos élections suivent de près le respect des principes démocratiques qui est désormais une condition sine qua non pour mettre la main à la poche. Donc attention à la dérive totalitaire !
Badou S.KOBA
Le Carréfour