Le 56ème anniversaire de l’Armée malienne est endeuillé par l’attentat de Gao de ce mercredi 18 janvier 2017, un attentat relaté par la quasi-totalité des journaux parus ce vendredi. Nous y consacrons exclusivement la revue du jour.
- Les qualificatifs utilisés par les journaux sont à la démesure de l’Attentat de Gao. « Gao : L’innommable horreur », écrit Nouvelle Libération, avec des photos de victimes qui soulèvent le cœur. « L’Apocalypse ! », s’exclame L’Aube ; « Un véritable carnage ! » pour Le Challenger. Sur une première page noire et rouge, Info Matin titre en gros caractères « 60 MORTS » et l’accompagne des propos déterminés du président de la République, IBK face au terrorisme; « L’hécatombe ! », écrit le quotidien de Jamana, Les Échos ; « Lâche carnage au camp du MOC à Gao », s’indigne Le Prétoire ; « Horreur à Gao », titre L’Essor.
- Le quotidien national L’Essor explique qu’«Un véhicule bourré d’explosifs, avec 5 kamikazes à bord, a forcé l’entrée du camp du MOC, écrasé les sentinelles en faction avant d’exploser à l’intérieur du camp parmi les 600 hommes en rassemblement ». Le quotidien national, citant un témoin, évoque « une scène de désolation qui n’a rien à envier à un champ de bataille avec des corps déchiquetés et éparpillés à l’intérieur du camp ». Analysant la situation, L’Essor indique que « Ce premier attentat perpétré contre le camp du MOC suscite beaucoup de questions au sujet des patrouilles mixtes. Nombre de nos compatriotes, poursuit le journal, émettent des doutes sur la moralité de certains éléments des groupes armés, hier proches d’Açardine et d’AQMI, et qui font mine aujourd’hui de s’être convertis aux vertus de la paix ». Citant « une source sécuritaire de la sous-région basée à Bamako, L’Essor écrit que « L’idée de mettre les ennemis ensemble est génial théoriquement. Mais dans la pratique, c’est suicidaire. Le MOC est infiltré par les groupes terroristes. La preuve en est qu’ils n’ont pas eu besoin de tendre une embuscade aux patrouilles. Ils se sont fait exploser jusqu’à l’intérieur du camp ».
- Le Prétoire qui annonce un bilan « provisoire » de « 60 morts et 115 blessés », se fait l’écho d’une certaine « opinion publique (qui) estime que cet attentat met en lumière l’incapacité des forces onusiennes et françaises installées dans la ville de Gao à instaurer des mesures de sécurité efficaces. Malgré les revers militaires sur le terrain face aux troupes gouvernementales et onusiennes, les groupes djihadistes parviennent à commettre des attentats très meurtriers au cœur même de la cité de Askia». Et l’hebdomadaire de conclure en ces termes : «cette attaque, la plus meurtrière dans la région de Gao, doit inciter nos plus hautes autorités à prendre à bras-le-corps la question de la sécurisation des régions nord de notre pays. Et pour ce faire, il faudra que l’on se consacre avec rigueur et détermination à la mise en application de l’accord d’Alger. Seule solution pour un retour définitif de la paix dans le septentrion malien ».
- Info Matin écrit que « Les ennemis de la paix ont de nouveau frappé au cœur de notre dispositif sécuritaire avec un grand risque de plomber le processus de paix en cours déjà en difficulté, à cause des multiples volteface des ex-rebelles de Kidal ». Pour ˝le quotidien des sans voix˝, «L’heure doit être à l’union sacrée pour éviter que le processus de paix en cours prenne un coup fatal au lendemain de cet attentat meurtrier contre le MOC représentant un dispositif non négligeable dans la mise en œuvre progressif de l’accord pour la paix et la réconciliation ». Dans son éditorial, Sambi Touré écrit que « Pour ceux dont toute la stratégie de sabotage du sommet a été enrayée et tous les attentats déjoués grâce à la vigilance et la vaillance de nos forces spéciales, ici à Bamako et à l’intérieur du pays, l’attaque kamikaze traitresse de la Cité Martyr de Gao entrait dans la logique de la vendetta. Représailles et vindicte contre une nation dont la résilience et le relèvement en si peu de temps est brandie comme l’Exemple à suivre. En réussissant à commettre lâchement une boucherie peu glorieuse contre le Mali et ses enfants, ces terroristes connus en leur projet et en leur désespoir à dompter le vaillant peuple du Mali, prouvant a postériori l’échec de leur ambition macabre ».
- L’Indépendant de son côté indique que « Des complicités internes et le manque de vigilance seraient mis en cause ». Dans sa manchette, le quotidien écrit notamment : «L’attentat à la voiture piégée perpétré, hier matin, dans le camp du Mécanisme opérationnel de Coordination, ayant fait une soixantaine de victimes et plusieurs blessés, est plus qu’un simple avertissement. C’est même une confirmation de tout ce qui était en train de se produire jusqu’ici. En effet, plusieurs enseignements peuvent être tirés de ce drame afin que des mesures soient prises pour en prévenir une éventuelle répétition ». Le quotidien soutient que « La situation sécuritaire s’est détériorée à un tel point que Gao ressemblait à un no man’s land malgré les forces présentes sur place (armée malienne, casques bleus de la MINUSMA, soldats français de l’Opération Barkhane, éléments des groupes armés signataires). Parfois, au vu de certains check-points, ceinturant au point d’en faire une cité imprenable, des candidats à l’immigration clandestine, voulant y transiter, rebroussaient chemin. De ce fait, estime L’Indépendant, pour accomplir leur forfait, les assaillants ont sans doute bénéficié d’une complicité de l’intérieur ». Autre tare signalée par le journal « des véhicules sans aucune plaque d’immatriculation ou avec des plaques étrangères entrent dans la ville comme dans un moulin. Pour cela, soutient le journal, il suffit d’avoir des connaissances au sein des agents en poste ou être d’une grande générosité ».
- L’Aube qui évoque une «apocalypse » est convaincu que « certains mouvements rebelles collaborent étroitement avec les groupes terroristes. Cette complicité maintes fois évoquée par la presse, n’a jusqu’ici jamais été dénoncée, ni par les autorités maliennes, ni par la Minusma. Pourtant, précise le journal, eux tous, n’ignorent guère le double jeu auquel se livrent certains groupes signataires de l’accord de paix, notamment la Coordination des mouvements de l’Azawad. La CMA, poursuit L’Aube, a toujours brouillé les pistes menant à la paix. Tout le monde sait où se situe le mal. En vérité, des soi-disant chefs de mouvements qui ont pignon sur rue à Kidal ne veulent pas perdre les privilèges dont ils bénéficient de la part de Bamako et de certains pays voisins. Aussi, avec leurs complices, ils mettront tout en œuvre, pour saboter le processus de sortie de crise et pour faire régner la terreur au Mali. La barbarie de Gao s’inscrit alors dans cette logique. Dès lors, conclut le journal, la spirale sanglante, sur fond d’attentats, risque de perdurer encore longtemps dans le septentrion. Car, la violence a toujours été le fonds de commerce de la rébellion de Kidal ».
La rédaction