Nos Forces de défense et de sécurité ont subi des événements particulièrement meurtriers le week-end dernier. La gravité des drames ne doit en aucun cas conduire à des déchirements. Elle doit au contraire cimenter notre unité autour de l’outil de défense, régulièrement soumis à rude épreuve
La position des Forces armées maliennes a été la cible d’une attaque terroriste le vendredi dernier à Indelimane dans le Cercle d’Ansongo. La nation tout entière se trouve de nouveau plongée dans l’émoi par cette incursion des forces du mal qui aura coûté la vie à une cinquantaine de soldats. On dénombre aussi tros blessés et des dégâts matériels du côté de nos soldats, selon le site officiel de l’Armée. Une vingtaine de rescapés ont été récupérés.
Cette attaque meurtrière intervient seulement un mois après celles qui ont visé le camp des FAMa à Boulkessi et le poste militaire de Mondoro dans la Région de Mopti. Elle intervient aussi quelques jours après la mort du chef de l’organisation terroriste état islamique, Abu Bakr Al-Baghdadi dans une opération militaire américaine sur le territoire syrien.
Dans un communiqué signé de son porte-parole Yaya Sangaré, le gouvernement a indiqué que suite à l’attaque, des renforts ont été dépêchés pour sécuriser la zone et traquer les assaillants. Le gouvernement a condamné énergiquement cette attaque et exprimé toute sa solidarité et ses encouragements aux Forces de défense et de sécurité. Il s’est incliné avec déférence devant la mémoire des soldats tombés au champ d’honneur et a souhaité un prompt rétablissement aux blessés.
Aussi, le gouvernement a salué l’ensemble des forces internationales présentes sur notre territoire, en train de porter soutien et assistance à nos Forces de défense et de sécurité sur le terrain pour neutraliser l’ennemi. Enfin, le gouvernement en a appelé à l’union sacrée et à la fibre patriotique de l’ensemble des filles et des fils du pays pour gagner «la guerre pour la liberté, la paix et la cohésion sociale».
Le Représentant spécial du secrétaire général de l’ONU au Mali, Mahamat Saleh Annadif, a condamné très fermement, dans un communiqué, cette attaque terroriste. «En ces douloureuses circonstances, et au nom de la famille des Nations unies au Mali, je tiens à exprimer toute ma solidarité au gouvernement et au peuple maliens, ainsi que mes encouragements aux Forces de défense et de sécurité. Je m’incline devant la mémoire des soldats morts pour leur nation et la paix, et souhaite un prompt et complet rétablissement aux blessés», a indiqué M. Annadif qui a ajouté que des opérations de sécurisation et de soutien sont actuellement en cours dans la zone, avec l’appui des Casques bleus de la Minusma.
Cette attaque qui constitue l’une des plus meurtrières subies par les FAMa ces dernières années a été revendiquée par le groupe terroriste état islamique au Grand Sahara. Les condamnations et les messages de solidarité ont fusé de toutes parts pour appeler à l’union entre tous les fils du Mali contre l’ennemi commun. Au niveau de la classe politique, plusieurs partis politiques de la majorité comme de l’opposition ont condamné fermement cette attaque. Certains ont exhorté les forces alliées présentes dans notre pays à intensifier leur collaboration avec les FAMa pour prévenir de telles situations préjudiciables au retour de la stabilité.
Alors que la nation tout entière était encore sous le choc suite à l’attaque d’Indelimane, voilà que dans le cadre de leur lutte contre le terrorisme, des soldats ont été victimes d’un engin explosif improvisé à Bandiagara dans la Région de Mopti. Ce drame s’est produit samedi et a coûté la vie à deux soldats et blessé six autres évacués sur Sévaré à l’hôpital Sominé Dolo. Le site de l’Armée précise que les faits se sont déroulés lors d’une patrouille de proximité, dans la localité de Doucombo dans le Cercle de Bandiagara.
Le même samedi, un soldat français a perdu la vie dans la zone de Ménaka. Son véhicule blindé a sauté sur une mine non loin de la frontière avec le Niger, la zone de prédilection des terroristes qui se réclament de l’état islamique. La gravité de la situation n’aura pas échappé à la France qui a décidé de dépêcher sa ministre des Forces armées Florence Parly pour venir à la rencontre des autorités maliennes.
La série noire des tueries se poursuit aussi bien parmi les Forces armées et de sécurité qu’au sein de la population civile. L’année a débuté avec des massacres de populations civiles dont les localités de Koulogon et Sobane Da furent les épicentres. Pendant que l’année tire vers sa fin, nous assistons à des attaques dont la gravité va crescendo contre les Forces armées et de sécurité. Après Boulkessi qui s’est soldé par une quarantaine de morts et des portés disparus parmi les soldats fin septembre, le mois de novembre débute par les pertes les plus lourdes jamais subies par nos forces ces dernières années. L’insolente réussite des terroristes contre nos Forces armées interpelle à la fois la hiérarchie militaire et les autorités politiques. Jusqu’ici, les stratégies mises en place sont à l’évidence inopérantes. Il est temps de changer de fusil d’épaule. Mais avant, il faudra faire un vrai diagnostic de nos faiblesses et tenter d’y remédier pendant qu’il est temps. Dans une confrontation, on peut prendre des coups mais il faut être capable d’en donner. L’enchaînement des défaites militaires, au-delà des pertes en vies humaines et des dégâts matériels, fait éloigner dangereusement l’espoir d’une stabilisation de notre pays. En aucun cas, les soldats ne devraient se sentir seuls face à cet ennemi roublard. Faire bloc contre l’ennemi commun est donc un impératif pour les Maliens.
Dieudonné DIAMA
L’Essor