Le ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Tiéman Hubert Coulibaly, accompagné des membres de son cabinet, des directeurs des services de l’armée, s’est rendu à Tombouctou, samedi pour assister aux funérailles du commandant Karim Niang, le chef du GTIA Alfarouk, décédé vendredi au cours de l’attaque terroriste contre une ancienne base de la MINUSMA. Le ministre Tiéman Hubert Coulibaly a tenu à se faire accompagner aussi par la mère, le frère aîné et l’oncle du défunt.
La délégation ministérielle a rallié par avion la Cité des 333 saints où les autorités politico-administratives l’ont accueillie à l’aéroport avant de la conduire directement à la morgue de l’hôpital. Là-bas, les honneurs militaires ont été rendus à cet officier valeureux tombé au champ d’honneur.
Le commandant Karim Niang a été fait à titre posthume, Chevalier de l’Ordre national du Mali par le ministre Tiéman Hubert Coulibaly au nom du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. Les 4 militaires blessés lors de l’attentat ont tous reçu la médaille des blessés à l’infirmerie où le ministre leur a rendu visite. Deux chauffeurs civils font partie des blessés.
« Parmi les devoirs inhérents à ma charge, il n’est pas plus pénible que celui qui m’incombe aujourd’hui. C’est en proie à une grande émotion, que je viens au nom des Forces armées et de sécurité, rendre un dernier hommage à un jeune et valeureux officier que la mort vient de faucher, le commandant Karim Niang. En cette douloureuse circonstance, les FAMAs à travers ma modeste personne présentent à sa famille éplorée toutes leurs condoléances les plus émues et prient pour le repos éternel de son âme », a dit le commandant de la zone militaire de Tombouctou, Oumar Diarra.
Après la prière mortuaire en présence de ses compagnons d’arme, parents et officiels, le commandant Karim Niang a été accompagné à sa dernière demeure, au cimetière de Tombouctou. L’émotion était tellement vive que beaucoup de gens n’ont pas pu retenir leurs larmes.
Après les obsèques du commandant Karim Niang, le ministre Tiéman Hubert Coulibaly a présidé un briefing sur la situation sécuritaire dans la Région de Tombouctou avec les autorités militaires. Il a répété que cette partie du pays retient l’attention des plus hautes autorités du pays à cause des fréquentes attaques terroristes. D’où la nécessité de diligenter la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, à travers le désarmement, la démobilisation et la réintégration.
Le ministre de la Défense et des Anciens Combattants s’est rendu aussi sur le lieu de l’attaque où il a demandé un engagement sincère de toutes les parties signataires de l’accord. « Le gouvernement se tient aux côtés de l’armée pour gagner la bataille contre le terrorisme », a-t-il assuré avant de transmettre les messages de félicitations et d’encouragement du président Ibrahim Boubacar Keita aux FAMAs.
Le réaménagement du dispositif sécuritaire autour de la ville et le renforcement des capacités des troupes s’imposent pour éviter des intrusions faciles et limiter les dégâts en cas d’attaque. L’exemple sera pris sur le dispositif sécuritaire de Gao. C’est du moins les propositions faites par de hauts gradés lors de la visite du ministre à Tombouctou Tiéman Hubert Coulibaly, fin janvier dernier.
En attendant l’arrivée des avions militaires, sur le terrain, les différentes troupes ont besoin d’engins blindés pour limiter les pertes en vies humaines.
L’attaque qui a coûté la vie au commandant Niang a eu lieu vendredi tôt le matin contre une ancienne base du camp de la Police de la Minusma (UNPOL). Il n’y avait presque plus rien comme matériel dans cette base à part quelques agents pour assurer la sécurité puisque le camp était en déménagement. Les assaillants seraient venus à bord de deux véhicules. Le premier était un véhicule-bélier bourré d’explosif qui a ouvert la voie au second qui avait à son bord des terroristes qui se sont éparpillés dans la base. Trois d’entre eux ont été tués par les FAMAs, arrivés rapidement sur le terrain. L’explosion du véhicule piégé a défiguré les bâtiments inhabités, en face du camp de la MINUSMA.
C’est au cours de cette opération que le jeune officier, Karim Niang a perdu la vie au moment où il coordonnait l’action de ses troupes. Malgré sa mort dès le début de l’opération, ses hommes ont menée à bien le combat et mis hors d’état de nuire les 3 terroristes qui s’étaient retranchés dans le bâtiment.
Le ministre Coulibaly a visité le lieu où on pouvait voir les traces des combats sur les murs, les restes du véhicule explosé éparpillés à même le sable fin à l’intérieur de la base. A l’entrée, il y avait une charrette chargée de bois morts, complètement détruite par la déflagration du véhicule piégé. Les trois ânes sont morts sur le coup, tandis que le charretier a eu la vie sauve. Des traces de sang étaient encore visibles dans le sable, samedi après-midi. Dans un communiqué, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali et chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh Annadif, a fermement condamné l’attaque dans laquelle a été légèrement blessé un policier de la MINUSMA.
« L’attaque est l’œuvre des ennemis de la paix. Nous sommes conscients que la paix dérange, mais elle est en marche, et la mise en œuvre de l’Accord est irréversible. Je tiens à saluer la bravoure et l’efficacité de nos partenaires des Forces de défense et de sécurité du Mali et celles de la MINUSMA qui sont intervenues pour enrayer la violence et neutraliser les assaillants », a affirmé Mahamat Saleh Annadif.
Le RSSG a présenté ses condoléances attristées aux FAMAs, à la famille et aux proches du défunt, et souhaité un prompt rétablissement aux blessés.
Envoyé spécial
A. DIARRA
QUI ÉTAIT KARIM NIANG ?
Né le 25 août 1982 à Bamako de Mamadou et de Somba Samaké, le jeune Karim Niang, après de brillantes études fondamentales et secondaires au Prytanée militaire de Kati, choisit de s’engager dans le métier des armes. Incorporé le 1er janvier 1999 comme engagé volontaire, il est admis à l’Ecole militaire interarmes de Koulikoro (EMIA, 24ème promotion).
Jeune officier engagé et dévoué, il a successivement servi plusieurs unités au cours de sa courte et brillante carrière. Travailleur assidu, doté d’un savoir-faire hors pair et animé du souci de bien faire, le commandant Niang se faisait toujours remarqué par ses chefs. Officier aguerri, il a suivi des stages tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il a suivi une formation de chef de section d’infanterie motorisée en Chine en 2009. Il a obtenu un diplôme d’état-major au Maroc en 2004.
Le commandant Niang était titulaire aussi de plusieurs médailles à la suite des opérations auxquelles il a pris part : la Croix de la valeur militaire, la médaille française de la défense dans le cadre de la reconquête des régions du nord, les médailles commémoratives de campagne pour les opérations Djiguitougou, et Maliba. Karim Niang commandait à Tombouctou le GTIA Alfarouk.
A. D
Source : Essor