Pour exprimer l’indignation de toute la presse malienne face à la violente attaque dont elle a fait l’objet, lundi dernier, de la part du président de l’Assemblée nationale du Mali, Issiaka SIDIBE, le Syndicat national des journalistes reporters (SyJOR) du Mali a organisé, hier jeudi, une conférence de presse de protestation à la Maison de la presse. Le SyJOR exige des excuses publiques de part du chef de l’institution de Bagadadji.
Cette conférence était animée par le secrétaire général du Syndicat national des journalistes reporters, Baye COULIBALY. Il avait à ses côtés, le représentant de la Maison de la presse du Mali, Ahmadou MAÏGA, le représentant de l’UNAJOM, Bandé Moussa SISSOKO, le secrétaire chargé des relations juridiques du SyJOR, Bally Salif SISSOKO, et une foule nombreuse de jeunes reporters tous outrés par cette agression gratuite du président Issiaka SIDIBE contre leur profession.
Le lundi dernier, à l’ouverture de la session parlementaire d’avril, le président de l’Assemblée nationale, Issiaka SIDIBE, s’en est violemment pris à la presse malienne qu’il accuse d’être « Une plaie en passe de gangréner notre démocratie et certaines libertés fondamentales ». Le secrétaire général du SyJOR, Baye COULIBALY, a tout d’abord exprimé toute l’indignation de l’ensemble de la presse malienne face aux propos, peu courtois, du président de l’Assemblée avant d’inviter ce dernier à balayer d’abord devant sa case. Car a-t-il dit, il y a aussi des brebis galeuses à l’Assemblée qui gangrènent la marche de notre démocratie. Donc, que chacun balaie devant sa porte, ainsi le Mali gagnera en grandeur et en honneur. Selon le conférencier, « autant cet acharnement est d’une rare virulence, autant il illustre la position d’un homme qui, depuis son arrivée, ne s’est jamais véritablement préoccupé du sort de la presse dans notre pays », a dénoncé le conférencier.
Pour Baye COULIBALY, advienne que pourra, le journaliste malien fait son métier selon ses moyens de bord.
« Nous allons scruter, fouiller et déceler les failles du pouvoir, qu’il soit un président de l’Assemblée nationale, pour les étaler au grand jour, devant le public. Car nous sommes et restons une presse au service du public malien, au service de la démocratie malienne », a-t-il dit.
De l’avis du conférencier, ce qui est en train de gangréner notre démocratie n’est la presse, mais plutôt le pouvoir qui s’affaire à clochardiser cette profession noble.
Pour preuve, en plus 20 années de démocratie, notre pays est toujours sans écoles de journalisme, sans bourse d’études pour les journalistes. Aussi, les concours d’entrée au CESTI de Dakar sont-ils suspendus sans oublier tout le cortège de laisser-aller, en matière de création de radios, de journaux, de télévisions, etc.
Aujourd’hui, le public malien est colonisé par l’information venant des médias étrangers, a soutenu notre confrère. Pire, ces médias étrangers qui nous traitent de tous les péchés d’Israël sont pourtant ceux qui décrochent de gros contrats d’abonnement ou des publicités de la part de nos autorités, s’est indigné Baye COULIBALY.
Selon le conférencier du jour, le président Issiaka SIDIBE a été celui qui a interdit aux journalistes les bouteilles d’eau lors des sessions de l’Assemblée nationale. Et pourtant, les honorables députés sont contents de les lire, les lendemains de ces sessions.
« La presse malienne ne sera que ce que vous en ferez, ce que le pouvoir en fera », s’est insurgé Baye COULIBALY.
Pour le SyJOR, la démarche du président de l’Assemblée nationale ne consiste qu’à détourner l’attention de la presse sur les réalités de l’Institution de Bagadaji.
Le SyJOR attend du président de l’AN, des excuses publiques, au cas contraire, il invitera tous les reporters à boycotter la couverture de la session parlementaire de la francophonie que notre pays va abriter au mois de mai prochain.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source: info-matin