Les Maliens doivent avoir à l’esprit qu’ils sont vraiment en guerre. La guerre est une chose trop sérieuse, car elle met la vie et les biens en danger. L’attaque des deux (02) camps de Mondoro et de Boulkessi, dans la nuit du lundi 30 septembre au mardi 1er octobre 2019, dans la région de Mopti, plus de trente-cinq (35) morts parmi les Forces armées maliennes (FAMAs), atteste que derrière ces attaques, il y a vraiment des mains lourdes. Il faut se poser la question si la position de ces deux (02) camps ne gêne pas certains parmi nous qui se comportent comme amis.
La position de la France, de l’Union européenne (UE) et de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) doit être claire. Le problème fondamental de la situation actuelle du Mali se trouve dans le cas des groupes armés de tous bords. Il faut nécessairement passer par le désarmement. Rien ne peut se faire dans l’insécurité. Pour cela, les amis du Mali doivent jouer un franc jeu. Ils ne peuvent rien apporter au développement tant qu’il y a l’insécurité généralisée.
Aujourd’hui, les populations sont plus pauvres qu’avant l’intervention de la France, de l’Union européenne (UE) et les Nations unies au Mali. Ce sont des milliers de têtes de bovins qui ont été volées dans les trois (03) pays du Sahel à savoir: le Burkina Faso, le Mali et le Niger.
Beaucoup de champs n’ont pas été cultivés et beaucoup de pêcheurs ne peuvent pas mener leurs activités. Quand un troupeau est volé ou un champ n’est pas cultivé, c’est la vie de plusieurs personnes qui sont en danger. À quoi sert donc la présence des amis du Mali sur son sol s’ils n’aident pas le Mali ? Il doit demander à ce qu’ils quittent notre pays. Le Mali doit exprimer sa souveraineté sur toute l’étendue de son territoire. Il n’y a qu’un seul drapeau: celui du Mali.
Le Mali et tous les pays du Sahel doivent jouer leur pleine souveraineté. Ces pays doivent pousser leurs amis à clarifier leurs positions. Ils sont venus pour des États de droit et ou bien pour démembrer les États du Sahel et les laisser à la merci des forces obscures?
Le Mali doit demander et obliger les groupes armés à désarmer. Il doit procéder à démasquer tous les porteurs illégaux d’armes et les désarmer par la force. Pour cela, les populations doivent se lever comme un seul homme pour faire la pression sur tous les pays européens qui sont venus pour la sécurité du Mali.
Les Maliens doivent se lever comme d’autres jours (mercredi 9 et samedi 12 octobre) à Sévaré. Ils doivent se lever comme ils ont eu à faire à Kayes, Kati, Tombouctou et Gao pour les problèmes des infrastructures routières.
Le Burkina Faso vient de lancer le ton car plusieurs manifestants demandent le départ de toutes les forces étrangères du Burkina Faso (Source: RFI). Il faut que les populations assiègent les représentations diplomatiques de ces pays pour exprimer leur colère.
Nous ne pouvons pas comprendre qu’il y ait une base de la force Barkhane à Gossi et le groupe de Abdoul Hakim Sahraoui, un haut responsable du Mouvement pour l’unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) à Gao, en 2012, attaque le Mali, le Burkina et le Niger sur la bande de l’Agacher qui est bien connue.
Le N°3064, du 29 septembre au 5 octobre du journal Jeune Afrique l’atteste sous le titre: «Ce qu’il s’est passé à Koutougou». Les bases d’Abdoul Hakim Sahraoui sont les localités suivantes: Filifala, Beli, Boulel et Tin-Tabakat. Ces localités ne sont pas loin de Gossi. C’est entre Gossi et Gao et dans le secteur d’Ansongo que des milliers de tête de bovins sont volés quotidiennement sous les yeux des autorités qui ne lèvent pas le petit doigt. Quelqu’un nous a dit que le gouverneur de Gao, un général malien, a dit que l’armée n’est pas là pour les animaux.
Il faut noter que les groupes armés qui volent les animaux surtout les bovins sont bien connus des populations et des autorités. Ils font aujourd’hui leurs opérations à moins de 20 km de Gao dans le Gourma. Cette déclaration est très grave car quand l’État qui est là pour assurer la sécurité des citoyens et de leurs biens et que son premier responsable tient de telles déclarations, c’est grave !
Dans le N°3060 du 1er au 7 septembre du journal Jeune Afrique, sous le titre: «Niger-Mali: Brouille entre alliés», Kalla Moutari, le ministre nigérien de la Défense (qui a changé de portefeuille au moment où nous mettions sous presse), a promis de protester auprès du général Ibrahim Dahirou Dembélé, ministre de la Défense et des Anciens Combattants, au sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur la sécurité. Voici ce que le Niger a dit: «…des troupeaux de plusieurs centaines-voire milliers-de têtes ont passé la frontière, sans que les Maliens réagissent. Une inaction inconcevable tant ces mouvements ne devraient pas passer inaperçus.».
Et pourtant, la même situation se passe du Mali vers le Niger car tout dernièrement, ce sont des centaines de bovins qui ont été enlevés à Ansongo du côté de la rive gauche (haoussa) vers le Niger. Si les Maliens n’ont pas réagi, les Nigériens doivent réagir. Si les États sahéliens ne font pas attention, ils seront à terre sur le plan économique.
Pas d’agriculture, pas d’élevage donc c’est la mort programmée des populations rurales. Aujourd’hui, à cause de l’insécurité généralisée, des animaux de la zone inondée de la région de Mopti (Mali) sont restés confinés dans l’eau auprès de leurs propriétaires.
Les Maliens doivent restés unis comme un seul homme pour trouver une solution à leurs problèmes pour l’existence de leur pays. Il ne faut pas que la pirogue qui est sur l’eau et qui est en train de chavirer, certains enlèvent l’eau et d’autres mettent de l’eau dedans. Nous devons rester soudés. Aucune insurrection contre notre pays par nous-mêmes n’est la solution.
L’Union africaine et la CEDEAO, si elles sont vraiment sincères envers le Mali, doivent prendre leurs responsabilités. Un proverbe africain a dit: «Si tu vois la barbe de ton voisin brûler, il faut mouiller la tienne». Qu’Allah nous sauve. Amine.
Brin COULIBALY
Inter De Bamako