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Attaque de Tessit au Mali : un nouveau bilan de 42 soldats tués en fait la plus meurtrière depuis 2019

Cet énième assaut de djihadistes a eu lieu alors que Bamako pousse vers la sortie son viel allié français et réactive sa coopération militaire avec la Russie.

Quarante-deux soldats maliens ont été tués, dimanche, dans le nord-est du Mali, près des frontières du Burkina Faso et du Niger, dans l’attaque la plus meurtrière attribuée à des djihadistes contre les forces maliennes depuis 2019, selon un nouveau bilan. Ce nouveau décompte est issu d’un document officiel listant nominativement les militaires décédés, authentifié mercredi 10 août par plusieurs hauts responsables militaires à l’AFP. Le précédent indiquait 17 soldats et 4 civils tués.

C’est le plus lourd bilan officiel pour l’armée malienne depuis la série d’attaques fin 2019-début 2020 par le groupe Etat islamique de camps militaires dans cette même région dite des trois frontières.

 

L’attaque dimanche intervient alors que le Mali, qui a poussé vers la sortie le vieil allié français et ardemment relancé la coopération avec Moscou, fait depuis quelques semaines face à une résurgence d’assauts de la nébuleuse du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, JNIM en arabe).

Parmi les quatre civils tués, certains d’entre eux étaient des élus locaux, avaient déclaré à l’AFP des proches des victimes sous le couvert de l’anonymat. Le communiqué affirmait également que sept « ennemis » étaient morts dans l’attaque, des assaillants « vraisemblablement de l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) et bénéficiant d’un appui de drones et d’artillerie avec un usage des explosifs et véhicule piégé ».

Trois frontières

La zone de Tessit, située du côté malien de la zone des trois frontières, dans une immense région rurale non contrôlée par l’Etat, est fréquemment le théâtre d’affrontements et d’attaques.

Les groupes armés affiliés à Al-Qaida, rassemblés sous la houlette du GSIM, y combattent depuis 2020 le groupe EIGS, affilié à l’organisation Etat islamique (EI). Les djihadistes cherchent à prendre le contrôle de cette zone stratégique et aurifère.

L’armée malienne, installée dans un camp militaire à côté de la localité de Tessit, a également souvent été prise à partie dans cette région. En mars 2021, trente-trois soldats de la relève de Tessit avaient été tués dans une embuscade revendiquée par l’EIGS.

 

Dans cette zone parfois appelée le « Gourma malien » opèrent également des casques bleus de la mission de l’ONU au Mali.

Quant aux civils, comme ailleurs au Mali, ils sont pris entre les feux de ces acteurs du conflit, et accusés d’être alliés avec l’un ou l’autre. En février, une quarantaine d’entre eux avait été tuée par l’EIGS à Tessit, accusés de complicité avec Al-Qaida.

Les habitants de la zone, régulièrement coupée du réseau téléphonique depuis plusieurs années et d’autant plus enclavée en saison des pluies (juillet à septembre), ont fui par milliers, notamment vers la grande ville voisine de Gao, à quelque 150 km au nord.

Vague d’attaques

Cette zone des trois frontières avait été le théâtre fin 2019-début 2020 de la série d’attaques la plus meurtrière qu’avaient connus les trois pays concernés depuis le déclenchement du conflit en 2012 dans le nord du Mali.

Plus d’une dizaine de camps isolés dans lesquels les soldats sahéliens étaient retranchés avaient été les cibles de l’EIGS selon un mode opératoire éprouvé : l’attaque éclair de combattants à moto. Des centaines de soldats avaient été tuées. Ces revers avaient poussé l’armée malienne, ainsi que les soldats nigériens et burkinabés, à se replier et à se regrouper sur des places plus fortes.

 

Un sursaut militaire avait été annoncé en janvier 2020 lors d’un sommet franco-sahélien de Pau (sud-ouest de la France). L’EIGS avait été désigné « ennemi numéro un » et de nombreuses opérations, françaises et sahéliennes, avaient été menées aux trois frontières.

De nombreux chefs du groupe djihadiste ont été tués en 2020 et 2021, au premier chef desquels son fondateur, Abou Walid Al-Sahraoui, en août 2021. Mais, racontent plusieurs habitants et des experts, le groupe n’a pour autant jamais cessé de recruter et d’opérer.

Fin juillet, au moins onze attaques coordonnées portant la marque du GSIM ont frappé le territoire malien. L’une d’entre elles s’était déroulée à Kati, aux portes de Bamako et au cœur de l’appareil militaire malien.

Le Monde avec AFP

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