La rebondissante affaire du 19 juillet 2011, celle de l’attaque de la résidence du président Alpha Condé et de sa tentative d’assassinat, est de nouveau jugée en Guinée. Alors que des accusés, en tête la femme d’affaires Fatou Badiar et le commandant Alpha Oumar Barry, ont déjà été condamnés notamment pour associations de malfaiteurs et attentat contre l’autorité de l’Etat par une cour d’assises, la Cour suprême avait cassé cet arrêt en mars 2017. Retour à la case départ donc. Ces deux accusés ont été renvoyés lundi 6 novembre devant le tribunal criminel en première instance.
« Les conséquences de 2011 sont encore vivaces », a lancé l’air grave le représentant du ministère public, lundi. « Car les accusés ont ébranlé les structures de l’Etat », a poursuivi le procureur.
Pas question donc dans ses réquisitions d’accorder leur mise en liberté. Ni de rejuger l’affaire de l’attaque de la résidence du président Condé sur le fond, explique Maître Joachim Bilamou, avocat de la partie civile. « Pour moi, le procès ne reprend pas à zéro dans la mesure où les condamnations sont maintenues, elles n’ont pas été cassées parce que la Cour suprême a estimé que cette demande était mal fondée et que donc les peines étaient appropriées, prononcées à juste titre », affirme-t-il.
Comment peut-on reconnaître des vices de procédures dans l’enquête, mais rejuger les accusés sur les mêmes bases, s’étonne la défense ? Selon Maître Salif Béavogui, pendant l’instruction, les aveux ont été extorqués sous la torture et aucune assistance des avocats n’a été constatée. « Quand la politique se mêle d’une affaire judiciaire, il faut craindre le pire. La Cour suprême a été claire : l’arrêt a été cassé pour violation des règles de procédures, rappelle-t-il. Sinon, à s’en tenir à l’arrêt de la Cour suprême, il n’y a plus de procès. C’est la remise en liberté et le classement du dossier dans le tiroir. »
L’audience a été renvoyée à mi-janvier 2018.
RFI