Le richissime homme d’affaires Amadou Djigué fait ses valises, remplacé par l’ancien ministre qui s’installe dans le fauteuil d’administrateur provisoire, alors que la société traverse de grosses turbulences consécutives à des anomalies de gestion.
Mme Ly Taher Dravé est hissée aux commandes au moment où l’Assurance Lafia est à bout de souffle. Son choix est guidé par le souci d’ensemencer les graines de l’espoir, de redonner à la société son lustre d’antan. Une rupture désirée après les contrôles qui ont mis à nu de nombreuses failles dans la gestion de la société. Un château d’irrégularités combinées à des insuffisances ont précipité la société dans les tréfonds de l’abîme. Des experts ont égrené un long chapelet de griefs au nombre desquels « les actions totales figurant sur les bulletins de souscription supérieures aux actions proposées dans le cadre de l’augmentation du capital social ; les statuts ne sont toujours pas modifiés une année après l’augmentation du capital ; le texte régissant le fonctionnement du fonds social n’est pas disponible. »
L’Assurance Lafia n’était pas au bout de ses peines. A en juger par le doigt indexé sur le déficit d’information du président du conseil d’administration (PCA) Amadou Djigué qui vient d’être éjecté au sujet des « mouvements affectant l’actionnariat de la société, l’absence de compte rendu au PCA des missions du DG et de la situation de trésorerie de la société , le non-paiement régulier de quitus fiscal pendant de longues périodes, la non-conformité à la réglementation du contrat de prestation de service passé avec M. Oumar Tangara. »
En outre, nombreuses failles dans la gestion étaient décelées, notamment l’existence de plusieurs comptes d’augmentation de capital, des versions papiers signées et cachetées manquantes pour les relevés de comptes courants, l’extrait du dépôt à terme de la Banque de développement du Mali (BDM-Sa) et la constitution jugée excessive de dépôt à terme au détriment des comptes courants, rendue responsable des tensions de trésorerie. L’un dans l’autre, l’ensemble de ces impairs a précipité la société dans un gouffre amer motivant le recours à des avances sur le dépôt à terme ou à des gages.
Résistance vaincue
Une autre avalanche d’insuffisances financières mettait en cause le Directeur général Ousmane Bocoum jugé responsable d’un écart de 286.408.681 F CFA entre la valeur réelle des actions souscrites et les sommes versées par les souscripteurs, le motif du prêt de 13 millions de F CFA au fonds social serait vaguement indiqué. En somme un trou d’un peu plus de 3,8 milliards de F CFA.
Au vu de cette montagne d’irrégularités, d’insuffisances décelées, le Directeur national du trésor et de la comptabilité publique a mis sous administration provisoire de l’Assurance Lafia conformément aux dispositions légales dans le dessein de protéger les intérêts des assurés et bénéficiaires des contrats d’assurance et de capitalisation.
Ousmane Bocoum, Directeur général de la société, aurait dû tirer sa révérence. Bien au contraire, il avait ferraillé contre le président du conseil d’administration d’alors, Amadou Djigué, actionnaire majoritaire de la société désireux d’installer l’administrateur provisoire désigné par le Tribunal de commerce, en l’occurrence Allasse Togola. En vain. Bocoum avait signifié son refus de procéder à la passation de service en dépit de l’injonction d’un huissier commis à cet effet.
La nomination de l’ancien ministre au poste d’administrateur provisoire a sonné le glas de la résistance. De nouvelles perspectives s’ouvrent donc avec le renflouement de sa caisse, gage d’une sortie de la zone de turbulence.
Georges François Traoré