Il s’agit notamment de la construction de nouvelles unités de transformation, du maintien de la subvention sur les engrais sous sa forme actuelle, de la gratuité des semences de coton aux producteurs
Les travaux des assises nationales sur le coton ont pris fin hier au Centre international de conférences de Bamako avec des recommandations fortes formulées par les participants. La cérémonie était présidée par le Premier ministre, Moctar Ouane. Il avait à ses côtés le ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, Mahmoud Ould Mohamed et le Président directeur général de la CMDT, Dr Nango Dembélé. Les acteurs de la filière coton y étaient présents.
Les assises nationales sur le coton, faut-il le rappeler, visaient à contribuer à la relance de la culture du coton au Mali, en vue de la rendre plus résiliente, compétitive et durable. Il est ressorti des travaux des recommandations pertinentes comme la valorisation de la production nationale par le renforcement des capacités des unités existantes, la construction de nouvelles unités de transformation et l’accompagnement des tisserands traditionnels.
D’autres recommandations concernent la gouvernance des organisations, la séparation des fonctions des syndicats de celles des unions de coopérative. Il s’agit aussi d’accorder une importance particulière aux activités de soutien à la filière cotonnière ; prendre en compte l’OHVN au niveau de l’Inter profession coton (IPC) ; adopter une nouvelle clé de répartition du supplément de rémunération et des frais de fonctionnement du coton graine des structures coopératives au bénéfice des producteurs à la base.
Concernant le mécanisme d’approvisionnement et de financement des intrants et la subvention de l’État aux producteurs de coton, les participants ont recommandé notamment le maintien de la subvention sur les engrais sous sa forme actuelle (subvention sur le prix des engrais) pour relancer la production cotonnière dès la campagne agricole 2021/2022 ; le transfert de la subvention sur le prix à la production à partir de la campagne agricole 2022/2023. Également de transférer à la CMDT la fonction d’approvisionnement en intrants de qualité sur une période de deux ou cinq (5) ans au regard des insuffisances actuelles du GIE et de l’ampleur des questions de gouvernance qui ont contribué à détériorer le climat de confiance entre les producteurs.
Les organisations de producteurs seront impliquées dans le processus d’acquisition et veilleront à la transparence des opérations. Ils ont également exhorté le gouvernement à s’impliquer davantage dans le contrôle de la subvention des intrants agricoles. Pour la relance de la culture du coton, les participants ont proposé, entre autres, de fixer un prix incitatif au kilogramme de coton graine et diminuer autant que possible le prix des intrants et des matériels agricoles ; rendre gratuites les semences de coton aux producteurs ; promouvoir la culture du coton bio pour répondre aux exigence de l’évolution du marché mondial ; mobiliser des ressources nécessaires au financement des mesures d’adaptation et d’atténuation auprès du Fonds climat, du Fonds vert climat et d’autres partenaires techniques et financiers pour renforcer la résilience des producteurs de coton aux effets néfastes du changement climatique. Au regard de la pertinence des recommandations des assises régionales, les participants ont aussi exhorté le gouvernement à la mise en place d’une commission de suivi desdites recommandations.
Le ministre en charge de l’Agriculture a souligné que les assises ont permis l’implication de tous les acteurs concernés à travers les ateliers de réflexion tenus aux niveaux régional et national avec l’appui des experts de la filière coton. L’originalité de ces assises, a-t-il indiqué, réside surtout dans l’inclusivité dans la démarche qui a consisté à faire remonter les propositions de solutions de sorties de crise de la base au sommet. Mahmoud Ould Mohamed a assuré de l’engagement de son département à ne ménager aucun effort pour la mise en œuvre de ces recommandations en rapport avec l’ensemble des acteurs de la filière et avec l’accompagnement politique du gouvernement. «Le coton malien peut et doit reconquérir sa place de leader au niveau sous-régional et en Afrique. Le secteur coton doit se surpasser et aider le Mali à briser le cercle vicieux de la pauvreté et de la précarité», a-t-il dit.
En outre le ministre Mahmoud Ould Mohamed a affirmé que l’investissement dans la promotion d’un secteur de coton résilient, compétitif et durable est un levier fort pour l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD-1 et 2) à l’horizon 2030.
Dans son intervention, le Premier ministre a salué la bonne organisation des travaux et la qualité des contributions des participants. Il s’est surtout réjoui de l’esprit constructif qui a présidé tout au long de ces assises. Moctar Ouane a également salué l’engagement des Partenaires techniques et financiers dans la mise en œuvre de projets et programmes. Il a donné l’assurance que le gouvernement va continuer à accorder un ordre de priorité élevé à la filière coton, et ce dans le cadre de la réalisation de nos politiques et stratégies définies dans la Loi d’orientation agricole, le Cadre stratégique pour la relance et le développement durable (CREDD 2019-2023) et la Politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle (POLNSAN).
Aminata Dindi SISSOKO
Source : L’ESSOR