Il y a un an, précisément le 24 mai 2021, le colonel Assimi Goïta prenait le pouvoir à la faveur d’un remaniement ministériel du gouvernement. Que retenir de cette gestion du colonel Assimi Goïta faite de hauts et de bas ?
Le 24 mai 2021, la liste du gouvernement Moctar Ouane 2 est publiée vers 11 heures. Il y a deux absences notoires sur la liste du nouveau gouvernement : deux des cinq colonels qui ont fait chuter IBK. Il s’agit du colonel Sadio Camara, ministre de la Défense et des Anciens combattants, et du colonel Modibo Koné, ministre de la Sécurité et de la Protection civile. Coup de tonnerre !
Très vite, le vice-président président, chargé des questions sécuritaires, et ses collègues colonels réagissent. Le président de la Transition, Bah N’Daw, et son Premier ministre, Moctar Ouane, sont emmenés à Kati pour des explications. Et de Kati, ces deux sont déchus de leurs fonctions par les colonels et Assimi est confirmé président de la Transition. Depuis ce jour, le Mali a pris un nouveau virage.
La France condamne l’acte et profère des menaces. La Cédéao, elle, condamne aussi, mais fait confiance aux assurances données par les nouveaux tenants du pouvoir. En effet, Assimi promet de respecter le délai de 18 mois convenu entre le Mali et la Cédéao.
La France qui se montre menaçante et suspend ses opérations militaires conjointes avec les FAMa dans le cadre de la force Barkhane. En plus, des rumeurs sur un possible rapprochement entre les autorités maliennes et Wagner précipitent les choses. La France hausse encore le ton. Elle menace de quitter le Mali, si cette information s’avérait.
Face à cette menace de la France, alors premier partenaire du Mali sur le plan militaire, le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, met les pieds dans le plat. Il est parti dénoncer la France à la Tribune de l’ONU et a accusé celle-ci d’un abandon du Mali en plein vol. Cela a rendu les autorités françaises encore plus furieuses et par conséquent elles ont promis de faire isoler le Mali sur le plan diplomatique.
L’on assiste par la suite à une escalade verbale entre les deux pays. Cette escalade atteint son paroxysme lorsque les autorités maliennes expulsent l’ambassadeur de France au Mali. Finalement, le président français décide de retirer la force Barkhane du Mali.
Entre-temps, le Mali se tourne vers un autre partenaire sur le plan sécuritaire : la Russie. Dans le cadre de ce « nouveau partenariat « , le pays acquiert des hélicoptères de combat, des avions de transport des troupes. Ce qui lui permet de marquer des points sur le plan sécuritaire. Ainsi, en décembre 2021, les FAMa lancent des opérations offensives contre les terroristes sur l’ensemble du territoire national.
Ces opérations ont permis de neutraliser de nombreux terroristes et desserrer l’étau de ces terroristes autour de beaucoup de localités du pays. La peur change de camps. La montée en puissance de l’armée devient une réalité. Si l’équipe du colonel Assimi Goïta a marqué des points, c’est sur le plan militaire. Sinon, sur les autres plans, notamment en matière économique, financière et sociale, beaucoup reste à faire.
En fin 2021, les autorités maliennes notifient à la Cédéao qu’elles ne seront pas en mesure de respecter le délai de 18 mois. La Cédéao leur demande alors de lui présenter un nouveau chronogramme clair et acceptable. Cependant, Choguel surprend la Cédéao en présentant un chronogramme de 5 ans, à la suite des assises nationales précipitamment organisées. Ce qui provoque la colère des chefs d’État de la Cédéao.
Le 9 janvier, ces derniers convoquent un double sommet extraordinaire avec l’UEMOA et sanctionnent « sévèrement et injustement le Mali ». Ils ont imposé des sanctions économiques et financières à l’issue de ce double sommet. Aujourd’hui, près de 6 mois après ces sanctions, la population malienne est à bout de souffle. L’argent se fait de plus en plus rare et la vie est de plus en plus chère. En somme, la gestion d’Assimi et de son Premier ministre a été jalonnée de hauts et de bas. En termes clairs, le pouvoir en place semble faire « un pas en avant, deux en arrière ».
Yves Sangaré
Source : L’Œil du Mali