Toutes les démarches de conciliation ont échoué. La population de Domba impose des conditions pour l’exploitation du gisement d’or situé dans son village. Morila-SA n’obtempère pas, exploite la mine et est permanemment en procès avec les villageois. Le code minier est piétiné.
Bafotigui Diallo, député élu en Commune VI, interpelle le ministre des Mines et du Pétrole, Pr. Tiémoko Sangaré par des questions écrites sur la situation tendue entre le village de Domba et la société Morila-SA autour de l’exploitation du gisement d’or situé dans le village.
Dans la Commune de Sanso, cercle de Bougouni, Domba est installé sur une mine estimée à 1,4 tonne d’or métal. Depuis 2016, la mine est exploitée par Morila-SA “en violation du code minier”, selon le chef du village et l’Association pour le développement de Domba dans plusieurs correspondances adressées au ministre des Mines.
Dans l’une des correspondances, l’Association pour le développement de Domba, qui regroupe les ressortissants du village, alerte le département de tutelle sur la destruction partielle du village par la société minière. Elle déplore aussi les nuisances sonores dues au bruit des engins de forage et des véhicules de transporte du minerai, la pollution de l’air par la poussière, surtout que le site est situé à l’est du village, la contamination de la nappe phréatique, l’impossibilité, pour les enfants de se concentrer, le chantier étant à quelque 50 m des classes.
“Pour ces raisons et d’autres d’ordre social et sécuritaire, la population souhaiterait le transfert du village sur un autre site”, plaide l’Association pour le développement de Domba et rappelle les exigences du code minier, qui stipule un distance de 500 m entre les habitations et les installations de la mine d’or. Tel n’est pas le cas Domba et Morila-SA, apparemment, ne compte pas transférer tout le village pour des raisons “économiques”. Seules 26 concessions sur plus d’un millier ont été déplacées par la société minière.
Dans son rapport d’étude de faisabilité du projet minier de Domba d’août 2015, Morila-SA, exclut le transfert de l’ensemble des concessions exposées aux risques de l’exploitation du gisement.
“Afin de rendre le projet viable, les zones transitionnelles et sulfurées ont été exclues. A cause de la procédure qui exigerait une limite tampon de 500 m de la carrière et par conséquent le déplacement de 80 % des maisons du village (1093) rendrait le projet non viable. Pour cette raison, l’étude a été basée sur l’exploitation de la zone oxydée qui ne nécessitera pas l’usage d’explosifs. Cela nécessitera, conformément à la procédure, qu’une limite de tapon de 100 m et un accord avec la population”, indique le rapport dans sa page sept.
Malgré le désaccord avec la population locale et le non-respect des 100 m, selon un rapport d’huissier de justice, Morila-SA continue à exploiter le gisement dans le village. D’où le procès en permanence avec le village.
Le dernier verdict date du 28 octobre 2017 quand le tribunal de Bougouni s’est déclaré incompétent pour trancher la requête du village pour l’arrêt des travaux. Avant, les 28 et 27 octobre 2017, le village s’est révolté et a pris en otage le site. Plusieurs manifestants seront condamnés par la justice.
Vu la complexité du dossier, le député élu en Commune VI, Bafotigui Diallo, interpelle le ministre des Mines et du Pétrole. Le 28 février, il a transmis des questions écrites au bureau de l’Assemblée nationale pour Pr. Tiémoko Sangaré. Il invite le ministre et les plus hautes autorités à prendre leurs responsabilités face à la situation avant qu’elle ne dégénère.
En question écrite, le député transmet ses questions au président de l’Assemblée nationale, celui-ci les transmet au Premier ministre qui saisit son ministre. Le ministre a obligation de répondre les questions dans un délai d’un mois. Le député peut réagir s’il n’est pas satisfait des réponses.
Maliki Diallo
Source: L’indicateur du Rénouveau-Mali