Dans une interview à RFI à l’occasion de la publication de ses mémoires, l’ancien président tchadien Goukouni Weddeye a évoqué l’assassinat de Thomas Sankara le 15 octobre 1987.
Au début de ce mois d’octobre 1987, l’ancien président tchadien qui logeait alors dans un hôtel de Ouagadougou, a rencontré le président Sankara. Son rival Acheikh Ibn Oumar était également dans la capitale burkinabè. Les deux hommes se disputaient la direction de la rébellion et Thomas Sankara cherchait une solution.
Dans ses mémoires, Goukouni Weddeye affirme que six jours avant l’assassinat du président burkinabè, il a reçu une visite qui lui a paru étrange, celle de Blaise Compaoré. L’ancien bras droit de Thomas Sankara a ensuite rendu visite au chef de la délégation libyenne, Mahamat Ali Chaffardine. Une interview qui relance les interrogations concernant le rôle qu’a pu jouer Mouammar Khadafi dans la l’assassinat du chef de la révolution burkinabè.
« D’aucuns disent que c’est le vieux Houphouët, d’autres disent que c’est François Mitterrand. Moi je crois que la Libye n’est pas loin, dans cette affaire », affirme l’ancien président Goukouni Weddeye dans son interview à RFI ce mardi 10 septembre.
Y a-t-il une main libyenne dans l’assassinat du jeune capitaine ? Impossible de l’affirmer mais ce qui semble faire consensus, c’est qu’à la suite du refus de Thomas Sankara d’accueillir favorablement la demande de Tripoli d’appuyer le rebelle libérien Charles Taylor, les relations entre les deux chefs d’État se sont fortement dégradées.
Interrogé il y a deux ans, Mousbila Sankara, ancien ambassadeur du Burkina Faso en Libye, a affirmé que Blaise Compaoré avait obtenu du Guide libyen, par un canal non officiel, des équipements militaires. Lui aussi assure avoir eu la conviction que quelque chose se tramait à l’époque et selon l’ancien diplomate burkinabè, il est possible que le Guide libyen ait su ce que Blaise Compaoré projetait de faire, mais rien ne permet de l’attester véritablement.
Cette version, l’ancien ambassadeur de Libye au Burkina Faso, Mohamed Al-Madani Al-Azhari, l’a contestée. Selon lui, une mise à l’écart, voire une élimination de Sankara n’a « jamais » été évoquée entre Blaise Compaoré et Mouhammar Khadafi… et « Kadhafi n’a rien à voir dans l’assassinat de Thomas Sankara ».
RFI