Dans un entretien qu’il nous a accordé, le maire du District, Adama Sangaré, explique que l’assainissement est une chaîne dont les maillons sont composés de l’Etat, des collectivités et des populations
Avec près de 3 millions d’habitants selon les derniers chiffres, la ville de Bamako est confrontée à un problème d’insalubrité sans précédent. Mauvaise organisation de la chaîne de collecte, difficulté d’évacuation des dépôts de transit, manque de décharges finales, insuffisance de financement du secteur en sont les principales causes. Depuis son arrivée à la tête du département en charge de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, Mme Keïta Aïda M’Bo, a multiplié les efforts pour évacuer les grands dépôts d’ordures qui parsèment la ville. En louant cette initiative qui vient en appui à une mission classique des collectivités locales dans le cadre de la mise en œuvre de la décentralisation qui consacre le transfert des compétences dans le domaine de l’assainissement à ces dernières, Adama Sangaré appelle à un transfert de compétence effectif des ressources humaines, matérielles et financières aux mairies pour qu’elles puissent faire face efficacement au problème d’insalubrité.
Au-delà de 200 000 habitants, aucune commune ne peut assurer, toute seule, son assainissement, indique le maire du District. Il faut un accompagnement de l’Etat à travers une subvention. Cela fait suite à une recommandation du contrôle des services publics datant de plusieurs décennies. C’est pourquoi, selon Adama Sangaré, l’Etat doit comprendre que la mairie du district, à elle seule, ne peut pas faire face au problème. A titre d’exemple, il cite les capitales voisines qui sont toutes subventionnées annuellement par leurs gouvernements. Seule la ville de Bamako fait exception à cette règle, regrette-t-il. Dans sa recherche de solution au problème, la mairie du district a prospecté la piste du partenariat public-privé. Elle a signé en 2014, sous le parrainage de l’Etat, une convention avec le groupe Ozone, une entreprise marocaine spécialisée dans l’assainissement. Aujourd’hui, cette convention est en passe d’être revue, car la mairie doit 14 milliards de Fcfa à l’entreprise, affirme le maire Sangaré.
Malgré ces difficultés, l’édile ne désespère pas. Il rappelle que la solution réside dans la nécessaire implication de l’Etat à travers la mise en place de la subvention annuelle qu’il doit à la mairie. La disponibilité d’infrastructures d’assainissement telles que les décharges finales constitue le pilier du dispositif de gestion. Sur 5 à 7 décharges finales de ration, la ville de Bamako n’en dispose qu’une, à savoir la décharge de Noumoubougou qui n’est pas opérationnelle à 100%, souligne le maire du district.
Dans le cadre de la mobilisation des ressources, Adama Sangaré insiste sur le paiement de la taxe de voirie par les populations. Cette taxe qui est fixée à 3000 Fcfa par an, n’est pas perçue par la mairie, s’en émeut-il. C’est pourquoi il en appelle à un changement de comportement. L’assainissement est une chaîne dont les maillons sont composés de l’Etat, des collectivités et des populations. A ceux-ci s’ajoute le rôle des médias qui est essentiel en matière d’information et de sensibilisation pour un changement de comportement, estime le maire du district.
Cheick Amadou DIA
Essor