Le week-end dernier, la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa) a annoncé dans un communiqué, la mort de quatorze suspects terroristes arrêtés vingt quatre heures auparavant dans le secteur de Dioura, cercle de Ténenkou, région de Mopti, suite à une tentative d’évasion. Les proches des personnes décédées et les associations de défense des droits de l’homme contestent la thèse officielle et évoquent des exécutions sommaires.
Des médias comme Radio France Internationale (RFI) font de cette information l’un des sujets phares de leurs journaux. La station parisienne, par l’entremise de l’une de ses journalistes, Marie-Pierre Olphand, tend son micro au ministre de la défense et des anciens combattants, Tiéna Coulibaly, qui lance : «Il faut arrêter de culpabiliser l’armée malienne». Auparavant, le ministre de la défense et des anciens combattants avait diffusé un communiqué dans lequel il exprime sa vive préoccupation suite à la mort de «suspects terroristes en possession d’armes de guerre ». Par la même occasion, il annonce la saisie du Procureur militaire pour faire la lumière sur ces événements. Ce n’est pas la première fois que les forces armées de défense et de sécurité du Mali (Fama) soient accusées d’exécutions sommaires.
La pression s’accentue sur Bamako. Et les forces armées de défense et de sécurité sont mises sur la sellette. La campagne en cours vise vraisemblablement à pousser Bamako à prendre certaines décisions qui ne seraient nullement appréciées par les hommes de troupe déployés sur les théâtres des opérations dans des conditions extrêmement difficiles. Elle cherche donc à saper le moral des troupes mais aussi à opposer militaires et politiques.
La situation créée de toute pièce au centre du pays par des groupes armés à caractère ethnique, est à la fois complexe et confuse. Dans de telles conditions, quelle armée au monde peut échapper à des dérapages face à des ennemis invisibles. Selon un article publié par le journal d’investigation en ligne « Mediapart », « les Fama ont subi de lourdes pertes : 180 militaires ont été tués entre janvier et juin 2017, 68 entre octobre 2017 et mars 2018. Le plus souvent lors d’embuscades, d’attaques contre leurs camps ou dans l’explosion de mines artisanales ».
La mission des éléments déployés sur le terrain est très délicate. Tous les peuhls ne sont pas des terroristes. Tout comme tous les terroristes ne sont pas des peuhls. Ceux qui se servent des tensions communautaires en opposant les ethnies dans les régions de Mopti et de Ségou sont des petits lâches dont la seule motivation est de porter une couronne d’enfer sur la tête de leurs frères et sœurs. Arrêtons d’accabler l’armée malienne !
Les médias qui ne cessent d’épiloguer sur cette triste affaire de Dioura n’ont pas fait autant quand la force Barkhane a tué les militaires maliens otages du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans. Et pourtant, c’était une bavure de la force française qui, avec tous ses moyens sophistiqués de surveillance, peut difficilement se prévaloir d’excuses. Aucune association de défense des droits de l’homme n’a levé le petit doigt pour dénoncer cet acte de Barkhane qui s’offre « un permis de tuer » dans le Sahel, pour reprendre une expression de l’ancien diplomate français, Laurent Bigot.
Des puissantes armées comme celle d’Israël, massacrent chaque jour des citoyens palestiniens sans armes. Au Yémen, l’Arabie Saoudite avec ses soutiens occidentaux, tue des populations civiles dans un silence complice de la communauté internationale.
Chiaka Doumbia
Source: Le Challenger