Annoncée depuis plusieurs mois, la décision n’a pourtant été entérinée par l’ONU qu’hier mardi 15 mars . En effet, le diplomate mauritanien El-Ghassim Wane a été nommé au poste de nouveau représentant spécial au Mali et Chef de la MINUSMA. Il remplace à ce poste le diplomate tchadien Mahamat Saleh Annadif désormais nommé à la tête du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, basé à Dakar, au Sénégal.
Il faut signaler que les tâches qui attendent le nouveau patron de la MINUSMA ne seront des plus simples. Il aura d’abord à s’occuper de la réussite de la transition en cours pour laquelle la MINUSMA est fortement engagée. Sans compter l’appui au processus électoral avec en ligne de mire la présidentielle de 2022. A cette situation s’ajoute aussi l’accompagnement de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.
Autres défis importants à relever pour le diplomate mauritanien c’est sans doute la protection des civils, la réduction des violences inter-communautaires et le rétablissement de l’autorité et la présence de l’État. Et pour ce faire, il devra aussi renforcer la collaboration entre les forces onusiennes et les autres forces partenaires dont les Forces de défense et de sécurité maliennes, la Force conjointe du G5 Sahel, les forces françaises et les missions de l’Union européenne. Cela, conformément aux dispositions de la résolution 2531 adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU en juin 2020 prorogeant d’un an le mandat de la MINUSMA.
Pour ces différentes tâches, il devra compter sur un effectif d’environ 14 500 soldats et policiers. En plus d’un budget d’un peu plus d’un milliard de dollars. Il faut aussi signaler le fait que la MINUSMA est actuellement la mission de maintien de la paix la plus coûteuse en vie humaine pour l’ONU. Ainsi, de son déploiement en juillet 2013 à nos jours, la MINUSMA a perdu plus de 230 casques bleus dont l’écrasante majorité suite à des actes hostiles.
Pour autant, cela ne devrait pas effrayer El-Ghassim Wane qui a à son actif une expérience de 25 ans dans les domaines des opérations maintien de la paix. C’est ainsi qu’après l’Union africaine, il a été secrétaire général adjoint des Nations Unies pour les opérations de maintien de la paix entre 2016 et 2017.
Au nom de l’ONU, il a dirigé une équipe ces derniers mois pour mener un examen stratégique indépendant de l’opération de maintien de la paix dirigée par l’ONU au Soudan du Sud, l’une des missions les plus coûteuses de l’ONU. Il a recommandé qu’il soit réduit en taille, conseil qui n’a pas été suivi. Il est connu « pour sa loyauté envers l’Union africaine » et s’intéresse beaucoup aux « solutions africaines aux problèmes africains« , ont déclaré des sources de l’ONU. Wane succèdera à l’ancien ministre tchadien des Affaires étrangères, Mahamat Saleh Annadif qui va succéder au diplomate ghanéen Mohamed Ibn Chambass à la tête du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, basé à Dakar.
Rappelons que Mahamat Saleh Annadif a été le patron de la MINUSMA ayant connu ayant connu la plus grande longévité. C’est en décembre 2015 qu’il prendra la succession du Tunisien Mongi Hamdi qui n’a passé qu’un an à la tête de cette mission en remplacement du Néerlandais Bert Koenders.
Il faut préciser que pour le poste de remplaçant de Annadif, Américains et Français étaient à couteaux tirés. Les premiers, sous l’administration Trump menaçaient même de réduire leur contribution financière au cas où leur candidat David Gressly ne passerait pas. Ce dernier avait déjà occupé le poste de Représentant spécial adjoint pour le Mali, en 2013 avant d’être nommé numéro deux de la mission onusienne déployée en République démocratique du Congo (RDC). Finalement, il a été nommé, le 15 février dernier, comme représentant de l’ONU au Yémen, où il sera aussi coordonnateur humanitaire. Alors que les seconds soutenaient la candidature d’un ressortissant de la région pour diriger le poste laissé par Annadif au Mali.
Massiré DIOP
Source : l’Indépendant