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Après la rescousse de l’ancien ministre ADEMA, Seydou Traoré à Choguel Maiga, deux autres supporteurs donnent de la voix

« Les restaurateurs du mouvement démocratique en 2021, au lieu de s’en prendre à eux-mêmes, crient haro sur le Premier ministre »

La révolution a-t-on coutume de dire, dévore ses propres enfants, celle du 26 mars 91 a été digérée par les siens. Les Maliens des villes et des campagnes tout comme les observateurs de la scène politique de notre pays s’accordent à dire que les acteurs du Mouvement démocratique qui ont eu à gérer le pays ces trente dernières années ont échoué. Ils ont détruit l’Ecole et l’Armée dont ils se sont servis pour arriver au pouvoir.

lls ont généralisé et “démocratisé ” la corruption. Ils ont inversé les valeurs et désarticulé les fondements de la société malienne. Ils ont fait perdre au Mali sa souveraineté, son intégrité territoriale, sa dignité. Comme conséquence de leur gestion, le Mali subit chaque jour l’humiliation sur la scène internationale. L’écrasante majorité des Maliens le pensent, le disent et le vivent au quotidien.

Avant de quitter le pouvoir en 2002, Alpha Oumar Konaré ne  confessait-il pas que son plus grand échec c’est l’Ecole. Le 2ème Président de la 3ème République a été renversé à la suite de la défaite annoncée l’Armée sur le champ de bataille face à la rébellion au Nord. Depuis 2012 le Mali est dans une crise multidimensionnelle qui menace l’existence même de la Nation.

Pour avoir osé décrire à sa façon l’état de la nation devant les légitimités traditionnelles,  le 11 novembre 2021, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a été arrosé d’une pluie d’invectives et de rodomontades. Sa tête a même été mise à prix.

Comme aurait dit l’autre, sachons raison garder. Chaque fois qu’ils traversent une mauvaise passe, les gardiens du temple en ruine battent le rappel de la reconstitution du Mouvement démocratique pour barrer la route aux restaurateurs du parti unique. Ils ne se rendent pas à l’évidence, à savoir que trente ans après le 26 mars 1991, la division du paysage politique malien entre  « Patriotes sincères et démocrates convaincus » d’une part et de l’autre  « nostalgiques de la dictature, citoyens de seconde zone » n’est plus opératoire. Le peuple malien a tout compris. L’euphorie a laissé la place au désenchantement.

Le procès du Mouvement démocratique a été rendu : une fois au pouvoir les acteurs du 26 mars ont trahi les idéaux proclamés le 26 mars 1991; ils se sont servis au lieu de servir le Peuple.

Ce qui mobilise aujourd’hui ce n’est plus l’opposition au Général Moussa Traoré, ce qui mobilise c’est la défense de la dignité et de l’identité malienne.

S’il doit y avoir bras de fer il opposera les guerriers de la souveraineté aux portefaix de Baba Commandant.

Le Pr. Cheïbane Coulibaly confiait déjà en 1994 au Journal Cauris ceci : « Il n’est pas rare aujourd’hui d’entendre les citadins dire : nous nous sentons trahis par la démocratie. Il n’est pas rare non plus d’entendre les paysans dire : le vent du changement n’a pas encore tourné dans le sens que nous souhaitons ».

Ce vent vient de souffler en 2021 avec la Rectification de la Transition.

Dr Oumar Mariko figure emblématique du 26 mars a confié à L’Essor Spécial 26 mars 2016 ceci : « Le Mouvement démocratique est mort au pouvoir, en terme d’idéal à atteindre, vaincu par les vices qu’il a voulu combattre ».

Le Pr Mamadou Lamine Traoré autre figure de proue du 26 mars, fondateur de l’ADEMA, de s’interroger : « Nous avons eu le multipartisme, qu’en avons-nous fait » ?

Et le Pr Issa N’Diaye le grand philosophe, autre fondateur de l’ADEMA, a sonné l’hallali : « La démocratie a fini par faire pire que la dictature, surtout au niveau de la qualité des ressources humaines. Elle a injecté sur la scène politique toutes sortes de gens parfois de véritables voyous ». Pour Issa N’Diaye le responsable principal de ce gâchis n’est autre que  le premier Président de la IIIe République : « Terrible fardeau que le sien ! Se construire sa propre prison pour échapper au regard accusateur de ses propres concitoyens ! Alpha le démocrate rase les murs tandis que Moussa le dictateur parade. Quelle terrible leçon de l’histoire ! ».

Des propos de ce genre venant des acteurs déçus de l’orientation prise par le Mouvement démocratique au pouvoir l’on peut en dresser tout un florilège.

Les restaurateurs du Mouvement démocratique en 2021, au lieu de s’en prendre à eux-mêmes, crient haro sur le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga pour avoir été membre de l’UNJM ( pourtant créée en 1978 par Alpha Oumar Konaré, alors  Ministre de la Jeunesse et des Sports du Général Moussa Traoré ) jeunesse de l’UDPM parti unique constitutionnel et avoir défendu son héritage qui, comme tout bilan contient des aspects positifs et négatifs. Faut-il rappeler au passage que Tieblé Dramé  ( aujourd’hui Président du PARENA) avait siègé en ces années- là au sein du Bureau Exécutif National de l’UNJM ? Qu’est- ce qu’il y faisait ? Il doit s’expliquer. Pourquoi depuis 1991 que Moussa Traoré et l’UDPM ne sont plus au pouvoir,  Tieblé Dramé et ses acolytes du Mouvement démocratique n’ont jamais exigé ni rien fait pour élucider les circonstances de la mort de Cabral, ni même chercher à localiser le lieu où son corps est enterré. Du reste, il suffit d’écouter les dépositions des membres de la famille de Cabral devant la Commission Vérité Justice et Réconciliation ( CJVR ) à sa séance de décembre 2020, pour comprendre l’amertume et le sentiment de haute trahison qu’ils ressentent en parlant de Tieblé Dramane et ses acolytes qui font du commerce politique honteux avec le mort et le nom de Cabral.

En parcourant la vie politique de Choguel Kokalla Maïga l’on est émerveillé par la profondeur et la clarté de la vision, la cohérence et la constance de son discours politique.

Depuis la naissance du M5-RFP en 2020,  je parcours régulièrement la page

YouTube de Choguel. Sur sa page YouTube,  Choguel a installé tous ses discours et interviews depuis près de 30 ans. En les parcourant,  on se rend compte que cet homme est d’une constance, d’un sérieux et d’une cohérence sans égal sur la scène politique malienne. Jugez-en en lisant cet extrait de son discours du 13 juin 1993 prononcé au Foyer des Jeunes de Quizambougou près de trente ans auparavant, à l’occasion du placement sur les fonts baptismaux, de l’UDPM-Renouveau, ancêtre du MPR (Mouvement Patriotique pour le Renouveau). Il y a livré sa profession de foi sous forme de messages politiques à livrer par les militants de son parti à travers le pays et la communauté internationale : « … Nous voulons prendre en charge l’héritage politique de l’UDPM, le parfaire en tirant toutes les leçons et tous les enseignements du passé, en le débarrassant de toutes les tares inhérentes au caractère unique et constitutionnel du parti et en l’adaptant au nouveau contexte politique ». Le second message est relatif au rapport entre le parti et les associations et partis  issus du Mouvement démocratique : « Ce rapport ne doit  être empreint d’aucun sentiment de vengeance ou de revanche. En tous les cas pas de la part des militants sincères de l’UDPM. Nous devrons aller plus loin en travaillant à une sincère réconciliation entre tous les fils du pays quelle que soit leur appartenance politique avant et après le 26 mars 91. Pour cela, nous devrons par exemple pour notre part, prendre notre courage et notre dignité à deux mains devant l’histoire et reconnaitre volontairement et sans pression aucune et condamner fermement tout ce qui a pu être porté comme atteinte aux droits et libertés de tous ceux d’entre eux qui, pour diverses raisons mais en toute sincérité, avec conviction politique et loyauté, étaient opposés à l’UDPM. D’une telle démarche sortira grandi le Mali tout entier. Elle me semble plus conforme à la morale et à l’éthique du peuple malien beaucoup plus qu’une campagne de pression et d’intimidation dont le résultat final sera de déchirer davantage notre société, d’empêcher une véritable réconciliation des cœurs et des esprits partant de précariser le nécessaire consensus social et politique dont notre pays a tant besoin pour assurer un véritable décollage ».

Le dernier message est celui attaché « au respect de la légalité républicaine, des institutions de l’Etat, de la paix sociale et de notre opposition viscérale à la violence quelle que soit sa forme. Aujourd’hui notre pays a besoin de l’apport de tous ses fils dans la légalité et la paix sociale retrouvée et sans violence conformément à l’ordre social établi et consacré par la Constitution de la IIIè République. Toute autre attitude sera contraire aux intérêts supérieurs du peuple malien et aux objectifs de notre parti».

Au lendemain du Procès dit « Crimes Economiques » le MPR a organisé un meeting d’information le 14 février 1999. A cette occasion, après un compte rendu succinct du déroulement du procès, Choguel a fait une réflexion sur la problématique de la Réconciliation nationale. Dans son discours ce jour, il a appelé à faire une bonne fois pour toute la lumière sur toutes les pages plus ou moins sombres de l’histoire contemporaine du Mali.  Il a notamment invité à faire la lumière sur tous les drames qui ont émaillé l’histoire récente du Mali, afin de connaître la vérité, et sur cette base réconcilier les Maliens afin d’ouvrir une nouvelle page de paix des cœurs et des esprits  pour construire un avenir commun : la mort de Fily Dabo Sissoko,  Hamadoun Dicko et Maraba Kassoum Touré en 1964,  les événements du 19 novembre 1968, la mort du Président Modibo Keïta en 1976 et celle  d’Abdoul Karim Camara dit Cabral en 1980,  les événements de mars 1991, la mort de Tieoulé Mamadou Konaté et ses compagnons en 1996. Il est le seul homme politique qui a eu le courage de

tenir un tel discours il y a de cela plus de 25 ans.

Choguel a été de tous les combats pour la consolidation de la démocratie.

Au COPPO en 1997 pour freiner la dérive totalitaire des tenants du pouvoir de l’époque, à Espoir 2002, au FSD en 2018 enfin au M5-RFP en 2020.

C’est cet homme devenu Premier ministre qui est qualifié à tort de personnalité clivante, incapable de rassembler et nostalgique du parti unique.

Il est plus sage pour les restaurateurs du Mouvement démocratique de se rendre à l’évidence et de rejoindre le rang des bâtisseurs du nouveau Mali dont parle Issa N’Diaye le visionnaire dans le Spécial L’Essor du 26 mars 2016 cité plus haut : « Le Mali est dans une nouvelle zone de tempête. Il y a urgence à tirer toutes les leçons du 26 mars. Le seul réconfort face à l’incendie qui monte c’est espérer qu’un monde enfin nouveau surgisse des cendres de celui qui est entré en putréfaction avancée. Mais seuls les Maliennes et les Maliens sont en mesure d’inventer leur propre avenir en osant prendre en main leur propre destin ».

Ces propos sonnent comme une prémonition annonçant la tenue des Assises Nationales de la Refondation (ANR) en préparation, 5 ans plus tard pour une nouvelle naissance celle du Mali nouveau le Mali Kura.

 

Bamako, le 28 novembre 2021

   Mamadou Traoré dit Seyba

Opérateur économique.

Almahmoud Ibrahim Diallo, Ancien fonctionnaire international à la retraite.

Source: 22 Septembre

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