Très convoitées par les mosquées, les collecteurs ambulants, les tanneries et les cordonniers, la peau de mouton devient une affaire lucrative pour beaucoup de jeunes qui sillonnent la capitale malienne, à pieds ou sur des motos dans le but de collecter, ou d’acheter les peaux de mouton. Ils ne perdent pas de temps car les heures qui suivent l’abattage des moutons, certains amènent leurs peaux de mouton à la mosquée.
Youssouf, un jeune collecteur de peaux nous parle de l’activité :
« Depuis longtemps, à chaque fête de Tabaski, je mène cette activité. Je me promène de maison en maison, ou j’achète les peaux que je revends à un collecteur-grossiste. Les prix dépendent de la qualité de la peau. Si elle ne présente pas de défaut, elle est achetée et revendue un peu plus chère. Je propose comme prix minimum 200 FCFA et maximum 500 FCFA, l’unité ».
Quant à M. Guindo, un autre collecteur de peaux, il nous fait savoir que la tâche s’avère un peu plus compliquée. Entouré de peaux, il exerce dans un espace qu’il a aménagé dans la zone aéroportuaire, près d’un marché à bétail, où nous sommes accueillis d’abord par le bruit assourdissant des mouches attirées par l’odeur de la peau.
« Notre activité principale, c’est le séchage de la peau qui consiste à faire le salage. Comme vous le constatez, il y a du sel partout. En temps normal, elles restent au soleil pendant une semaine environ, mais avec hivernage, nous sommes obligés de les mettre à l’abri chaque fois que le temps menace, ce qui fait que l’activité prend plus de temps et comporte des risques de perte. Séchées, les peaux sont bien sélectionnées et ensuite revendues aux grossistes ou exportateurs de cuirs », confie-t-il
Ainsi après salage, triage, la peau est un peu travaillée, le cuir est ensuite soit utilisée dans l’artisanat local ou exporté vers l’Europe.
La fête de Tabaski est un moment de forte production de peaux de moutons. Outre les mosquées qui en vendent à certains collecteurs, pour renflouer leurs caisses, c’est tout un système (collecte, achat, vente, revente, exploitation locale, exportation) autour duquel circulent plusieurs millions de FCFA, au grand bonheur de l’économie locale et nationale. Pendant cette période, ils sont très nombreux les acteurs (hommes, femmes, jeunes et vieux) qui tirent le maximum de bénéfices de la vente des peaux.
ADAM DIALLO
Source: Bamakonews