« Je ne vous sens pas dans le débat. Vous êtes frileux face à une opposition tonitruante » ou encore « Vous m’avez déçu, car vous travaillez pour vous-mêmes et non pour le Mali », durant ses quatre années de gestion à Koulouba, le président n’a raté aucune occasion pour dire sa déception à l’endroit des partis politiques de la Convention de la Majorité présidentielle (CMP). Mais rien à faire : ils sont restés pour la plupart bouche bée à chaque fois qu’il s’est agi de faire la promotion des actions présidentielles ou de défendre les initiatives du président face à une adversité, endémique ou spontanée. Et depuis, face à la série noire des départs au sein de la CMP, une question s’impose, selon un haut responsable du parti présidentiel (RPM), qui a acquis l’anonymat : qu’est-ce que IBK pouvait-il espérer des chefs de partis de la Convention de la Majorité présidentielle animés d’esprit de trahison dès le départ? Le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga a trouvé la solution : extirper du regroupement les indécis ou les pousser à la porte. Il leur donne deux mois pour clarifier définitivement leur position de porter la candidature d’IBK en juillet 2018 ou de vider la table.
La montagne des soutiens (aux pieds d’argile ?), qui s’était formée autour du président IBK suite à sa brillante élection en juillet 2013, se défait au fur et à mesure que la présidentielle de 2018 s’approche. Après le parti Alliance démocratique pour la Paix (ADP/Maliba) en août 2016, le parti Solidarité africaine pour la Démocratie et l’Indépendance (SADI) en octobre 2016, le parti Convergence d’Action pour le peuple (CAP) en octobre 2017, le parti Yelema « Le changement » en juillet 2017, c’était le tour du congrès national d’initiative démocratique (CNID-FYT) de claquer la porte de la CMP le lundi 5 février 2018.
Selon un baron du RPM, ces partis quittent le bateau de la CMP sans convaincre le président de la République sur leur mission en tant que membres de la CMP. « Ils sont venus et sont partis, sans rien résoudre. Un tel scénario politique était prévisible depuis le départ. Et seul IBK refusait de se rendre à l’évidence. Il veut désormais faire avec ceux qui croient en lui et sa façon de gérer les affaires publiques, sans hypocrisie aucune », ajoute ce cadre de la première heure du parti présidentiel, qui a occupé plusieurs fois les plus hautes fonctions dans le pays.
Chasse aux mauvaises graines !
« C’est cette opération de toilettage au sein de la Convention de la Majorité présidentielle que le Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga, a engagé le lundi 5 février 2018 pour permettre au président sortant de savoir sur qui il peut réellement compter en juillet 2018. Car, si certains membres de la Majorité présidentielle ont eu l’audace de la quitter après avoir tiré le maximum de profit, d’autres se sont inscrits dans le schéma d’en profiter encore. Il faut donc les pousser à la porte. Cela aura comme double intérêts non seulement de mieux peaufiner la stratégie de la réélection du président sortant, mais aussi de réduire ou éviter les fuites d’informations stratégiques du régime. Car, au-delà des partants volontaires, la Convention de la Majorité présidentielle regorge toujours des éléments qui ont d’autres agendas que celui de servir loyalement le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta en service du Peuple malien depuis septembre 2013 », révèle notre interlocuteur.
Ainsi, le parti Adema comme tous les autres partis dans le Gouvernement ou de la CMP n’ont que deux mois pour clarifier leur position avec le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, annoncé par certains de ses proches comme candidat à sa propre succession. En effet, l’Adema donne une position fumée depuis trop longtemps sur la question de la candidature unique de la Convention de la Majorité présidentielle.
Selon le baron du RMP, cette opération de toilettage au sein de la Majorité présidentielle est salutaire à plus d’un titre. « Pour rappel, depuis sa nomination, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga opère un travail d’Hercule en vue d’assainir l’entourage du président de la République. Et à coup sûr, ses premiers actes posés commencent à porter leurs fruits. L’un des plus palpables reste sa décision de suspendre des activités de la CMP le président des APM, Mohamed Aly Bathily, ancien ministre de la Justice, puis de l’Habitat, l’Urbanisme et des Affaires foncières, au point que les Maliens commencent à se poser la question suivante : où sont passées les sources de Ras Bath (son fils) qui semble de plus en plus être moins inspiré dans ses critiques contre le régime ? Vivement le Kokadjè ! », se réjouit le responsable du parti au pouvoir.
Youssouf Z KEITA
Source: Infos Soir