Désormais à la tête du département de l’Industrie et du Commerce, le ministre Moussa Alassane Diallo, récemment nommé à la faveur d’un remaniement inopiné a voulu tenir, le vendredi 14 juillet 2024 au sein dudit ministère, une rencontre d’échanges avec les opérateurs économiques du Mali. Objectif : se parler avec franchise et sans équivoque sur la problématique d’approvisionnement du pays en denrées de premières nécessités.
Certes les opérateurs économiques ont fait beaucoup de choses pour la nation malienne. Mais le nouveau chef du département trouve inadmissible que le pays puisse être confronté à une pénurie des produits de premières nécessités, plus de 60 ans après l’indépendance. Lors du conseil des ministres du 5 juillet 2023, le président de la transition a instruit au gouvernement de mettre les populations au cœur de toutes les préoccupations, selon le ministre. Ainsi, dit-il, toutes les décisions, les actions et les orientations gouvernementales prises doivent avoir pour finalité le règlement des problèmes se posant aux Maliens. D’où la tenue de cette rencontre avec les opérateurs économiques pour, a-t-il ajouté, un dialogue franc et constructif dans le secteur de l’industrie et du commerce. « On doit se dire la vérité. Rien que la vérité. C’est à ce prix que nous arriverons à inscrire nos actions dans la durée », souligne le ministre. Se fiant aux propos du premier responsable du ministère, le pays risque de connaitre une pénurie de sucre sur le marché. Le gouvernement doit alors prendre en charge cette question touchant la population. La pénurie des denrées de premières nécessités touche l’ensemble de la population, mais particulièrement les couches les plus défavorisées. Via cette rencontre, dit-il aux opérateurs, il s’agissait de voir comment dégager des pistes de solution à court, moyen et long terme de façon à inscrire les actions dans la durée. « Ce que je vais vous (opérateurs) proposer, c’est vraiment de sortir de la situation d’urgence et de gestion de crise, voire d’inscrire nos actions dans un cadre de planification et d’anticipation permettant de prévenir l’ensemble des situations de crises qui peuvent intervenir dans 1,3 ou 6 mois concernant l’approvisionnement du pays en denrées de premières nécessités ». Désormais vent debout contre les pénuries des produits de premières nécessités, Moussa Alassane invite les opérateurs économiques du Mali à avoir la même vision que le gouvernement de la transition. L’approvisionnement du pays en denrées de premières nécessités est la première préoccupation du gouvernement. À ce titre, va-t-il rappeler, l’Etat est définitivement sorti du circuit de commercialisation des produits de premières nécessités depuis des réformes dans le secteur. C’est cette mission d’approvisionnement qui, explique le ministre, a été déléguée aux secteurs privés, aux commerçants et aux opérateurs économiques du pays. « C’est vous (commerçants, opérateurs) qui assurez cet approvisionnement aujourd’hui. Vous êtes un acteur majeur de l’économie. C’est à vous qu’il faut poser la question lorsqu’il y a pénurie des produits de premières nécessités dans le pays. C’est vous qui devrez d’abord répondre s’il y a pénurie. Parce que c’est une mission qui vous est déléguée ». Puis de souligner que son département doit être également interpellé en cas de pénurie des produits sur le marché. Cela s’explique par le fait que l’Etat doit assurer l’ensemble des préoccupations des populations, voire la supervision, la régulation et le contrôle du prix des denrées sur le marché. Aussi, dit-il, l’Etat doit avoir une capacité d’anticipation pour éviter le manque des produits sur le marché. En clair, les deux coresponsables à indexer en cas de pénurie sur le marché sont les opérateurs économiques et le ministère de l’Industrie et du Commerce, indique le nouveau ministre. Avec toutes les expériences et le niveau des opérateurs du pays, le ministre estime que le Mali devrait plutôt être là à parler des projets structurants au lieu de la pénurie sur le marché. « J’ai envie que nous sortions définitivement de cette question de pénurie pour permettre aux opérateurs d’être des champions dans le domaine en créant la richesse et des emplois pour les jeunes. Cela est bien possible. C’est vraiment du retard pour notre pays d’être là à parler de la pénurie après 60 ans d’indépendance. Avec toutes vos expériences, dit-il, vous ne pouvez pas expliquer cette pénurie aux Maliens ». Ce qui l’amène à annoncer que le pays a urgemment besoin de 100.000 tonnes de sucre.
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS