La médiation internationale a brandi la menace de « sanctions » contre ses responsables si la plateforme ne quitte pas Anefis. Pour autant, ceux-ci sont loin de prendre les avertissements au sérieux, estimant que le mouvement a pris la ville « pour protéger les parents qui s’y trouvent des représailles de la CMA ». Sur le terrain, la tension reste vive. Pour les observateurs, le risque d’un nouvel affrontement est visible.
Toujours pas de compromis autour d’Anefis. La ville a été reprise à la CMA par les groupes armés de la Plateforme le 17 août dernier, à la suite de violents combats. Sur le terrain, la tension reste vive entre les deux camps. Des sources locales, font état de mouvements de troupes dans la région. Sur la question d’Anefis, les positions divergents, chacun campe sur ses positions.
De son côté la Minusma hausse le ton, et parle de « mauvaise foi » des parties dans le processus de paix. Hier, lors de sa conférence de presse hebdomadaire, le numéro deux de la mission onusienne a déclaré qu’ « il n’y aura plus d’autres Anéfis ».
Arnaud Akodjenou, représentant spécial adjoint du Secrétaire Général des Nations Unies au Mali :
« Nous ferons tous et c’est l’engagement politique que nous prenons, pour qu’il n’y ait pas d’autres Anefis. Puisque nous constatons de plus en plus que nous n’avons pas à affaire à des hommes de bonne foi. Nous sommes partis du principe que l’accord étant signé, les armes étant déposées, on attend la mise en œuvre de ce qui est écrit dans l’accord. Relisez cet accord, s’il vous plaît. La Plateforme revient en faisant une déclaration. Relisez la déclaration et vous verrez que la Plateforme se réfère à la CTS (Commission technique de sécurité). Dans la CTS, ce qui est dit dans ce genre de situation, que personne n’a prévue, pour remettre les choses en l’état, il suffit sous l’autorité de la Minusma d’accepter les composantes venant des trois parties pour gérer la localité. C’est ce que dit l’article 21, et qui doit être fait sous l’autorité de la CTS que dirige la Minusma et qui était sensée se réunir le 1er septembre ».
La médiation internationale menace la Plateforme de « sanctions » si elle ne quitte pas Anefis. Pour autant, ses responsables sont loin de prendre la menace au sérieux, estimant que le mouvement a pris la ville « pour protéger les parents qui s’y trouvent des représailles de la CMA ». La Plateforme reste sur sa position: pas de retrait sans la sécurisation de la ville par l’armée malienne, appuyée par la Minusma.
Fahad Ag Almahmoud est secrétaire général du groupe d’auto-défense Gatia, membre de la Plateforme. Il a été joint par Issa Fakaba Sissoko :
« Quand on se défend légitimement, on parle de sanctions. Si les Nations-unies n’ont pas été transformées en un instrument de néocolonialisme, on n’a pas à craindre des sanctions, sachant que la voie que suivons, nous la suivons par conviction et beaucoup de nos frères sont morts pour cela. Je ne pense pas que le terme sanction puisse nous dérouter de la voie que nous suivons. La médiation ne brandit que la menace de sanctions. Quand on te menace de quelque chose, mieux vaut le voir. Je suis curieux de voir leurs sanctions, pour qu’on en finisse et passer à autre chose.
Ecoutez, nous, nous sommes dans le processus, tout comme le gouvernement. Il en est partie, nous en sommes une autre partie. Le gouvernement ne relève pas de nous, et nous ne relevons pas du gouvernement. Je ne vois pas comment le gouvernement peut nous monter la pression, comme le demande la Minusma.
Toutes les fois où nous avons été attaqués, la CMA s’est déplacée de 200 kilomètres pour nous encercler. Mais la Minusma ou la communauté internationale n’a jamais fait le moindre communiqué pour dénoncer cela. Nous n’avons jamais dit que nous ne quittons pas Anefis. Nous avons exigé d’envoyer des forces en qui nous faisons confiance pour sécuriser nos parents ».
En attendant un compromis autour d’Anefis, plusieurs localités font face à l’insécurité, notamment au Nord. Échelle, dans la commune de Tonka, a été victime d’une attaque hier après-midi par des hommes armés. Ces dernier sont arrivés à bord de 4 véhicules. Le bilan de l’attaque fait état d’un mort, l’un des assaillants a été tué par des civils. De sources locales, les bandits ont saccagé et pillé toutes les boutiques du marché avant de s’enfuir. Selon le chef de poste médical d’Échelle, « les habitants sont choqués et la ville est sécurisée par les milices de Ganda Koy ».
Par Studio Tamani
Source: Studio Tamani