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Anacarde : les acteurs de la filière veulent s’organiser

La filière anacarde grâce à la noix cajou, un produit très prisé au plan international, se présente comme une grande opportunité pour booster l’économie malienne et équilibrer la balance commerciale.  Crédité, en effet, d’une production annuelle, de 50 000 tonnes de noix de cajou, le Mali possède un potentiel de 200 000 tonnes. Mais la valorisation de cette filière très porteuse risque de n’être qu’un mirage au regard de son inorganisation dont profitent certains pays voisins pour perturber le marché. Aussi, devant  cette situation pour le moins préoccupante, dans un sursaut légitime, les acteurs de la filière entendent y mettre le holà. En attendant la mise en place de l’interprofession de la filière anacarde, ils viennent d’initier une rencontre à la   Direction Nationale du Commerce et de la Concurrence autour de la problématique de la commercialisation, la perturbation du marché par les opérateurs venus des pays voisins.

cereales noix cajoux anacarde

Etaient  présents à cette rencontre les représentants des familles professionnelles de producteurs, de transformateurs et de commerçants/exportateurs d’anacarde, de consultants, le  ministère du Commerce à travers le Directeur Général de l’Agence pour la Promotion  des Exportations (APEX-Mali) le ministère de l’Agriculture, à travers le point focal  Anacarde de la Direction Nationale de l’Agriculture. Deux points étaient inscrits à l’ordre du jour : réflexion sur la problématique  de la commercialisation de la noix de cajou pendant la campagne 2015-2016 et les divers.

Premier intervenant de cette rencontre, Issa Keïta, le président de l’Association Malienne des Exportateurs des Produits de Cueillette (AMEPROC) s’est fait un devoir de la situer dans son contexte.  Pour lui, la perturbation du marché de cajou dans notre pays par des étrangers entraine incontestablement  un manque à gagner  et « par conséquent, nous devons nous organiser par tous les moyens en tant qu’acteurs ». M. Keïta de rappeler  la rencontre de Bougouni, au cours de laquelle la même problématique avait été évoquée.  Un accord interprofessionnel avait même été élaboré entre producteurs et commerçants. Dans le même ordre d’idée, un consensus avait été trouvé par rapport à la mise en place  et la composition du futur Comité d’Initiative devant conduire le processus de mise en place de l’interprofession de la filière anacarde du Mali.

Il a exhorté les participants à se donner la main pour freiner les perturbations commerciales car, malgré l’accord interprofessionnel entre producteurs et commerçants sur la vente et malgré la fixation du prix, à l’occasion de la Journée Anacarde, à 350F CFA/kg, ceux-ci ont connu une hausse jusqu’à concurrence de 500F CFA en moins de 10 jours après cette Journée. Une situation qui remet   en cause non seulement  les engagements pris par les opérateurs nationaux vis-à-vis de leurs clients, mais aussi décourage les transformateurs en ce qui concerne l’accès à la matière première pour cette campagne 2016.

« Comment circonscrire ce phénomène et dans quelle mesure l’Etat  pourrait accompagner les acteurs de la filière pour contrer ce problème  afin que les acteurs puissent créer de la valeur ajoutée et profiter, du coup, d’un revenu meilleur. Voilà tout l’objectif recherché par cette rencontre » a souligné le président de l’AMEPROC.

Après cette première intervention, les participants ont pris chacun la parole à tour de rôle. C’est le Directeur Général de l’Agence pour la Promotion des Exportations du Mali (APEX-Mali) Abdoulaye Sanoko,  qui a ouvert le bal.  « Ce phénomène est un problème pressent qui est là, c’est une menace qui s’exerce sur les différentes professions de la filière et pour laquelle il faut un consensus national et si nous ne pourrions pas parler d’une seule langue, c’est la catastrophe » a-t-il relevé dans son intervention.

  1. Sanoko de plaider pour des actions de fond s’inscrivant dans la durée. Avant d’inviter les participants à éviter les actions personnelles car, « nous avons tous intérêt à regarder dans la même direction. C’est une affaire nationale, il y’a lieu que l’on mette les paramètres personnels de côté pour faire face à l’essentiel » a-t-il martelé.

Pour le second intervenant,  Oumar Keïta, Directeur  Général de la GEMCI (Générale Malienne Commerce et Investissement) il urge  de demander aux autorités de mettre en place un Conseil National de l’Anacarde à l’image de la filière Cajou de la Côte d’Ivoire. Là-bas, aucun ressortissant de la sous-région n’intervient dans la filière anacarde, a-t-il fait remarquer

Quant à Monsieur Mamadou Traoré, point focal de la filière anacarde au niveau de la Direction Nationale de l’Agriculture (DNA) il a fait un bref rappel de l’historique sur le mécanisme de fixation du  prix de l’anacarde.  Auparavant, a-t-il rappelé,  le prix de l’anacarde était fixé sur la base de calcul du coût de production, mais, de nos jours, le prix est fixé en fonction du prix bord champ de la Côte d’Ivoire. Les producteurs sont mieux informés sur la filière anacarde de la Côte d’Ivoire par rapport au prix.

Pour M. Traoré, il faut une volonté politique et  la solution passe par des actions de plaidoyer en direction de  l’Assemblée Nationale avec comme cible la « Commission Développement Rural ». Ces actions de plaidoyer doivent être portées par les acteurs eux-mêmes.

Pour M. Tambadou, commerçant de noix cajou à Yanfolila, le problème du Mali est connu de tous, il s’agit de la non application des décisions prises et cela à tous les niveaux.

Par ailleurs, il a déploré le manque de spécialistes, d’encadrement technique et de  renforcement de capacités des acteurs de la filière anacarde (formation, bonnes pratiques agricoles, la plupart des organisations évoluent dans l’informel, etc.).   Avant de poser le problème de suivi et de financement.

Pour  Oumar Assarki, consultant en charge de l’accompagnement du processus de mise en place de l’interprofession de la filière anacarde, « la principale raison de perturbation de la commercialisation réside dans le fait que la fédération nationale des commerçants et exportateurs de cajou n’a pas de base et sans base, pas de communication et encore moins de coordination des actions liées à la promotion de la commercialisation de la noix de cajou au Mali »

Avant d’accuser l’Etat, les partenaires techniques et financiers, les acteurs de la filière  doivent faire d’abord leur autocritique, a-t-il conseillé.

Un participant a proposé d’élargir la composition du Comité d’Initiative à l’ensemble des structures impliquées dans le développement de la filière anacarde (DNA, DNCC, APCAM, CIM, DNSI…) et renforcer les capacités des acteurs à travers la formation. Une barrière politique peut être mise en place (interdire la sortie de la matière première brute, favoriser la transformation) et trouver un fonds sur les 15% du budget national alloués à l’Agriculture. Et voir aussi comment accéder au FNA (Fonds National Agricole).

Un autre problème favorisant la perturbation du marché par les étrangers est lié au fait que plus de 60% des intervenants nationaux évoluent dans l’informel.  Dans cette logique, quelqu’un peut exporter 500-1000 tonnes de noix de cajou sous une licence d’autrui et en complicité avec un transitaire et à la fin de l’année fiscale, le propriétaire de la licence endosse des dépenses inconnues pour lesquelles il est saisie par les services des Impôts, a-t-il déploré.

En conclusion, il a été demandé à l’AMPROC de préparer les termes de référence liés à la mise en place du  Conseil National de Cajou et de prendre toutes les dispositions à cet effet.

Yaya Sidibé

Source: 22 Septembre

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