Ces actes, qui viennent s’ajouter à d’autres initiatives dans les domaines diplomatique et médiatique, prouvent que le MNLA s’active inlassablement à traduire dans les faits son projet d’ » Etat azawadien » et que l’accord, qui sortira des discussions d’Alger, ne permettra pas, loin s’en faut, l’instauration d’une paix durable au nord du Mali.
Signataire de l’accord préliminaire de paix de Ouagadougou du 18 juin 2013, qui stipule le respect de l’intégrité territoriale du Mali, c’est contraint et forcé par ses engagements souscrits auprès de la communauté internationale que le MNLA participe aux pourparlers de paix d’Alger. Parallèlement sur d’autres théâtres, il s’active comme un beau diable pour donner corps à son projet de création d’un » Etat de l’Azawad « .
Le mouvement sécessionniste n’a nullement renoncé à son projet fédéraliste sur lequel il s’est rabattu après l’échec retentissant de la proclamation de l’indépendance de » l’Azawad » en 2012. L’un de ses membres, Sidi Ag Baye, s’exprimant sous le couvert d’un respectable animateur de la société civile, a bien déclaré à notre envoyé spécial à Alger (L’Indépendant n° 3579 du lundi 8 septembre 2014) que l’objectif recherché à travers les pourparlers qui se déroulent actuellement est : » soit une large autonomie soit la fédération de deux entités ou rien « . Ce projet d’Etat, dont le MNLA a pourtant annoncé l’abandon en 2013 franchit une nouvelle étape avec l’ouverture annoncée, ce mardi 9 septembre, de l’ambassade de l’ » Azawad » en Hollande (ci-contre la photo de ladite ambassade).
D’autres sources nous renseignent que l’ouverture de cette première ambassade » azawadienne » sera suivie par celle d’autres représentations du même Etat fictif en Suisse et en Russie.
Moussa Ag Assarid, l’un des représentants du MNLA en Europe, qui a signé l’information concernant l’ouverture de l’ambassade en Hollande, nous apprend aussi qu’un » livre en anglais sur le combat du peuple de l’ » Azawad » paraitra ce même 9 septembre sous le titre : » L’art de la création d’un Etat, l’Azawad « .
A ces initiatives diplomatique et littéraire, il faut ajouter le lancement récent de la chaine de télévision » Temoust » qui signifie » culture » en Tamasheq, à la faveur d’une cérémonie présidée par patriarche Intalla lui-même. Preuve supplémentaire de la volonté des séparatistes à matérialiser leur projet de création d’un » Etat Azawadien « , leur participation à Bruxelles, du 18 au 20 septembre prochain, à un séminaire international sur : » l’autodétermination des peuples, nouveaux modèles d’Etat « .
On relèvera enfin que depuis le 18 novembre 2013 l’ » Azawad » est membre à part entière de l’Organisation des Etats africains émergents (OEAS). Dans un document en notre possession, on note ce qui suit : » Selon le secrétaire général de cette organisation, Ebenezer Derek Mbongo, le MNLA est reconnu comme étant le seul représentant légitime de ce nouvel Etat indépendant. C’est ce mouvement qui, tout en marquant son accord avec la déclaration de Washington sur l’autodétermination des peuples africains et la fin des frontières issues de la colonisation en Afrique, a signé son adhésion à l’OEAS.
Basée à Washington, l’OEAS est une organisation non gouvernementale qui lutte pour l’autodétermination des peuples africains et la fin des frontières issues de la colonisation en Afrique. Elle considère celles-ci comme étant une construction artificielle du 20ème siècle à l’origine de millions de victimes sur le continent.
Le tragique destin de l’Azawad depuis 1963 est la conséquence directe du maintien forcé des frontières coloniales et du déni du droit international à l’autodétermination des peuples. L’OEAS est membre observateur de l’ONU.
L’organisation des Etats africains émergents (OEAS) a été créée en 2010 sur les principes de la déclaration de Washington relative à l’autodétermination en Afrique. Ainsi, en tant que 13ème membre, l’Azawad a rejoint au sein de cette organisation le Biafra du Nigéria, le sud Cameroun, Cabinda angolais, les Iles Canaries et la Kabylie de l’Algérie « .
Ce sont là autant de faits qui montrent à satiété que le MNLA n’est pas sur la même longueur d’onde que les autorités maliennes, les autres groupes armés signataires à la fois de l’accord de Ouagadougou et de la récente entente conclue dans la capitale burkinabé et la communauté internationale qui cherchent à mettre en place une paix durable à l’intérieur des frontières du Mali reconnues internationalement depuis son accession à l’indépendance en 1960.
Il n’y a pas, il n’ y a jamais eu et il n’ y aura probablement jamais, une réelle volonté du MNLA d’aller au processus de paix, à moins qu’il n’aboutisse à l’entité » azawadienne » telle que rêvée par ses promoteurs. Aussi l’accord de paix qui sera signé à Alger, ne tardera pas à être mis en cause par ce mouvement.
Autant dire qu’il ne garantira pas une paix durable et que le MNLA poursuivra son entreprise de déstabilisation du nord du Mali. Pour le malheur du Mali et de toute la zone sahélo-saharienne. Et avec la complicité, hélas, de pays européens présentés comme des modèles de démocratie et d’Etat de droit.
ABDOULAYE DIARRA
SOURCE: L’Indépendant