Les représentants de l’Etat et ceux des groupes armés du Nord, sous l’égide de l’Algérie et des Nations unies, n’ont pas encore abordé les débats de fond censés marquerle retour de la paix et de la sécurité dans un Mali un et indivisible. Présents à Alger, des mouvements armés ont apparemment pris le pari de faire traîner la rencontre. Caprices, surenchères et volonté de franchir le Rubicon dans les coulisses d’Alger-II.
On n’a toujours pas démarré
Un statut pour la zone que les mouvements et groupes armés nomment Azawad. Rien que ça pour démarrer le second round des pourparlers à Alger. C’est la pression du côté de chez Bouteflika. Ceux d’en face -le gouvernement malien -sont très clairs : le premier point à discuter est le statut de la zone.
Il fallait s’y attendre. A la suite de la rencontre qu’ils ont eue à Ouagadougou, ils se sont entendus, avec le soutien de la Minusma, de Humanitary Dialogue de Suisse et d’autres pays encore, sur le statut de l’Azawad. C’est cette rencontre qui devait éveiller les soupçons sur ce qui nous attendait à Alger. Des groupes qui se font la guerre finissent pas se retrouver comme par hasard et à s’entendre sur un document. Malheureusement, on avait fait comme si de rien n’était. Et nos autorités ont laissé faire…
Des délégués retardataires
Pendant que le gouvernement malien, la communauté internationale et les autres partenaires se pressaient pour aller à Alger, les représentants de certains mouvements et groupes armés traînaient les pieds.
Hier encore en fin de journée, certains délégués n’avaient pas foulé le sol algérien et sur place leurs camarades exigeaient qu’ils soient tous là pour entamer les discussions à proprement parler. Entre-temps, on essaye de gagner du temps. On parle de programme, de tout et de rien. Même de choses futiles. Alors même que et le ministre algérien des Affaires étrangères et son homologue du Maliaffirmaient publiquement lundi après-midi que les discussions seraient entamés mardi.
L’Algérie joue faux
Pour la résolution de la crise malienne, certains pensaient qu’il n’y aurait pas de solution sans l’Algérie. Ils ont leur raison, sauf que ce pays n’a jamais été la solution pour le Mali. Pour preuve, depuis 1991 ce pays s’ingère dans nos affaires, initie et nous invite à des discussions et favorise, pour finir, la rébellion et ses membres.
Cette fois-ci encore, il y a à craindre le même scénario. Sinon, comment expliquer que ce pays héberge un terroriste international Iyad Ag Ghaly ? Comment expliquer que ce dernier traverse tranquillement la frontière et se rende à Kidal quand et comme il veut ? Sans que l’Algérie etla communauté internationale ne lèvent le petit doigt. L’Algérie se permet d’inviter qui elle veut à ses pourparlers sans en informer, ni prendre l’avis de nos autorités. Pauvres de nous !
Le Burkina revient
Pour cette seconde phase des pourparlers, on a remarqué le retour en force du Burkina Faso qui est désormais représenté par son ministre des Affaires étrangères en personne, Yipéné Djibril Bassolé. Il faut dire que le pays des Hommes intègres avait déjà donné le ton avec la réunion des groupes armés sur son sol pour, disait-on, s’entendre sur un document consensuel avant les pourparlers.
Il faut rappeler que le Burkina, lors des premières rencontres, s’était juste fait représenter par un ministre délégué. Et que Blaise s’était fait tout petit. Il a dû laisser la tempête passée et ignorer ceux qui pensaient que ç’en était fini de son implication dans la crise malienne.
Rien que le programme encore
Malgré ce qu’on veut nous faire, rien n’a encore démarré en Alger. Et pour cause depuis lundi, on attend impatiemment certains invités, on pose des conditions pour le démarrage des discussions, on fait de la surenchère. On n’est pas pressé en fait.
Nous avions dit que le fait de demander le report du second round des pourparlers au 1er septembre pouvait être déjà en soi une façon pour les groupes armés de gagner du temps. Sauf que le Mali n’y a opposé aucune résistance. Tout le monde s’étant mis d’accord sur cette date, elle ne marque pas encore le lancement officiel des discussions. Certains délégués ne sont pas encore arrivés, on pose le préalable du statut de l’Azawad, c’est-à-dire les aspects politiques de la question. Jusqu’hier, on ne discutait que du programme de la rencontre. Pour dire simplement que rien n’a encore commencé à Alger.
Et les réfugiés dans tout ça ?
Personne ne se soucie d’eux en réalité. Pendant que les délégations gouvernementales, celles des partenaires, des mouvements et groupes armés se pavanent tranquillement dans les couloirs des hôtels de luxe, boivent aux frais des contribuables du café chaud chaque matin, dorment sur des lits douillets dans des chambres hyper-climatisées et ne se pressent même pas de sortir le pays de cette crise qui n’a que trop duré, ce sont les réfugiés qui souffrent le martyre.
Ils dorment à la belle étoile, dans le froid, bravent le vent et les pluies, n’ont pratiquement pas à manger. On a comme l’impression que tout le monde les a oubliés. Tous parlent d’eux, mais on nefait rien pour abréger leur souffrance. Surtout pas les mouvements et groupes qui se réclament d’eux. C’est en tout cas le constat qui se dégagent depuis toujours à travers leurs agissements. De report en remise en cause des discussions, on s’achemine lentement vers la fin de l’année et les réfugiés et autres ne savent plus à quel saint se vouer. Pensez un peu à eux s’il vous plaît.
Rassemblés par Khady Diagne