Les aires ou stations de lavage pour engins à deux roues et pour voitures pullulent un peu partout à travers la ville de Bamako. Installées souvent dans un désordre indescriptible, elles polluent l’environnement à cause des eaux stagnantes qui dégagent souvent des odeurs piquantes. Elles sont souvent à l’origine de la dégradation de nos routes. Leurs promoteurs, eux, font de bonnes affaires surtout en période d’hivernage et pendant les week-ends.
Dimanche dernier, la pluie s’est abattue sur plusieurs quartiers de la capitale malienne. Nous sommes à Kalaban coura, dans une aire de lavage située à quelques mètres de l’hôtel «Wassoulou» d’Oumou Sangaré. Il est 16 heures. L’estrade de ce lieu apparemment prisé est débordée d’engins à deux roues et de véhicules. Une dizaine de motos et de voitures, rangées sur un espace dallé en béton, attendent d’être débarrassées de la poussière, de la boue et des eaux de ruissellement.
Vêtu d’un t-shirt noir, Oumar Diarra est le propriétaire d’un de ces engins-là. Assis depuis quelques minutes sur son engin à deux roues, le jeune homme âgé d’environ 25 ans cherche un espace où garer sa moto. En attendant, le bruit assourdissant du moteur de son engin anime l’endroit.
Muni d’un raccord dont le bout forme un pistolet, le jeune Dogon, Izack Dougnon, sue pour dépoussiérer une automobile. Tenant cet instrument d’une main, il nettoie les roues du véhicule. Ce jeune homme venu de la zone de Bandiagara pour faire fortune à Bamako invite de manière courtoise ses clients à s’éloigner des abords de l’aire de lavage. «S’il vous plait Monsieur, reculez un peu, sinon vous serez mouillés par les vapeurs d’eau», supplie-t-il.
À côté de la piste de lavage, est assis le gérant Moussa Traoré, son patron. Il porte un mini sac en bandoulière où il encaisse les recettes journalières. Pour lui, pendant l’hivernage les aires de lavage font de bonnes affaires. Après chaque pluie, sa station de lavage est prise d’assaut par les propriétaires de véhicules et de motos.
Même après l’hivernage, certains clients viennent régulièrement pour solliciter nos services. «Pendant le week-end, nous nous attendons à recevoir beaucoup de clients car, ils vont presque tous au travail du lundi au vendredi», argumente Moussa Traoré. «D’autres quittent des quartiers reculés pour venir laver leurs véhicules ici à cause uniquement des machines dont nous disposons», se vante-il.
Cinq jeunes sont à leur disposition en permanence. Les recettes qu’ils engrangent varient entre 20.000 et 25.000 Fcfa les jours ordinaires. Elles atteignent 30.000 à 35.000 Fcfa le week-end. À l’en croire, les tarifs varient entre 300 et 500 Fcfa pour les engins à deux roues et de 500 à 2.000 Fcfa pour les véhicules. Concernant les véhicules par exemple, le lavage simple coûte 500 Fcfa, contre 2.000 Fcfa pour le lavage complet.
Toutefois, les promoteurs de lavage sont confrontés à des difficultés qui semblent doucher tous les efforts. Comme les frais excessifs de location de l’espace qui valent souvent 80.000 Fcfa par mois à raison de 15.000 Fcfa par semaine et 20.000 Fcfa de frais supplémentaires payés à la fin du mois. S’y ajoutent, selon Moussa Traoré, les pannes répétitives des machines, dues aux coupures intempestives de l’électricité et des déchets qui bouchent le bout du robinet.
À Sabalibougou, également en Commune V, les aires de lavage semblent tirer leur épingle du jeu. L’affluence est aussi importante au niveau des aires de lavage que nous avons visitées. Oumar Goïta est propriétaire de station de lavage. Sourire aux lèvres, ce ressortissant de la Région Sikasso, semble avoir nourri une passion pour ce métier qu’il pratique depuis près de 10 ans. Activité grâce à laquelle il parvient à nourrir sa famille et envoyer un peu d’argent aux parents restés au village.
«Par mois, je peux gagner entre 150.000 à 200.000 Fcfa, voire plus, en période d’hivernage», confirme Oumar Goïta.
Les entretiens périodiques sont nécessaires pour maintenir le véhicule en bon état, conseille Abdoulaye Diarra, électromécanicien dans un garage à Kalaban coura.
Cela, à cause de la poussière et de l’état chaotique de nos voies, ajoute-t-il, précisant que le lavage de certains véhicules notamment électroniques et les moteurs à essence, exige des méthodes bien particulières. «Toutes les parties de la voiture ne doivent pas être lavées. Le moteur, les portières et le tableau de bord, doivent être essuyés ou soufflés par une machine électrique contenant de l’air», explique le spécialiste.
Le mauvais lavage d’une voiture à moteur électronique peut entraîner certaines pannes ou provoquer des anomalies. «Les voitures qui nous parviennent au garage, ont en majorité des pannes électriques dues au lavage à l’eau», argumente Abdoulaye Diarra. Pour laver un moteur diésel, le spécialiste conseille de masquer le fusible, avant d’essuyer les parties avec une éponge mouillée.
Makan SISSOKO
Source : L’ESSOR