Face à une pénurie de main d’œuvre dans l’agriculture, les autorités italiennes prévoient de régulariser quelque 600 000 migrants présents sur son territoire, invoquant « une question économique mais aussi sociale et humanitaire ». Une mesure dénoncée par l’extrême-droite qui parle « d’une armée de clandestins ».
En Italie, le manque de main d’œuvre dans le secteur agricole inquiète jusque dans les rangs du gouvernement. En effet, les 300 000 travailleurs étrangers saisonniers – principalement originaires d’Europe de l’est – n’ont pas pu rejoindre la péninsule comme ils le font chaque année, en raison de la pandémie de coronavirus. Sans eux, toutes les récoltes du pays sont menacées et risquent de ne jamais arriver sur les étals des supermarchés italiens et européens.
Selon le quotidien français Les Echos, qui cite les chiffres de Coldiretti, un des principaux représentants du secteur agricole en Italie, « 40% des produits de la terre pourraient ne pas être récoltés cette année ».
D’après des estimations, « il manque entre 270 000 et 350 000 travailleurs saisonniers dans ce secteur en Italie », a déclaré la ministre italienne de l’Agriculture, Teresa Bellanova, dans le quotidien italien La Repubblica.
Pour pallier le manque d’effectifs, les autorités misent donc sur les migrants présents sur son territoire en les régularisant.
« 600 000 personnes sous-payées et exploitées »
Beaucoup travaillaient déjà, illégalement, dans l’agriculture avant la crise sanitaire. Mais comme le signale l’hebdomadaire italien L’Espresso, « l’armée des migrants journaliers est restée bloquée dans les ghettos et les camps de fortune. A partir du moment où il a fallu justifier tout déplacement (en raison du confinement), toute une filière est entrée en crise », les migrants n’ayant pas de contrat de travail pour justifier leur sortie.
La ministre de l’Agriculture signale au journal italien le Corriere della Sera que quelque « 600 000 personnes sous-payées et exploitées de façon souvent inhumaine » dans les champs italiens pourraient être concernées par la mesure. « La régularisation des sans-papiers est une question économique mais aussi sociale et humanitaire », a t-elle ajouté.
Cette mesure n’a pas manqué de faire réagir l’extrême-droite italienne. L’ancien ministre de l’Intérieur et chef de la Ligue, Matteo Salvini, s’est fendu d’un tweet dénonçant la régularisation des sans-papiers. « La ministre veut régulariser des centaines de milliers de clandestins pour les faire travailler dans les champs. Est-ce qu’il ne serait pas plus censé d’aider les Italiens qui ont perdu leur travail ou qui vont le perdre en leur donnant la priorité, plutôt que de régulariser une armée de clandestins ? », a-t-il déclaré.
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