La Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique, Vera Songwe, conclut une série de réunions fructueuses à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU). Elle a discuté avec des participants et des sessions de haut niveau, parlant de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), de l’Identité numérique, des opportunités d’investissement et des partenariats renforcés.
Parmi ces évènements, figuraient un évènement parallèle de haut niveau organisé conjointement par la CEA, GBCHealth et la Fondation Aliko Dangote, qui a débattu des conclusions préliminaires du prochain rapport de la CEA, intitulé «Soins de santé et croissance économique en Afrique», appelant à une participation du secteur privé africain et un investissement dans les soins de santé plus accrus.
Le rapport préliminaire constate que ni les gouvernements ni les partenariats public-privé existants ne sont suffisamment efficaces et que les PPP existants se concentrent de manière disproportionnée sur un petit nombre de pays. Le rapport préliminaire recommande un nouveau modèle, dans lequel les PPP hiérarchisent les principales maladies et élargissent leur champ d’action pour améliorer la santé de l’ensemble du continent, ce que la CEA juge essentiel, pour stimuler la croissance économique à long terme en Afrique. Le rapport sera lancé en début 2019.
Vera Songwe a également pris la parole lors de la table ronde sur l’identification pour le développement où participaient des dirigeants africains. L’évènement a porté sur la nécessité de « toucher le milliard invisible et d’offrir des opportunités numériques à tous ». Elle indique que 542 millions d’Africains vivent actuellement sans identité. Beaucoup d’entre eux sont des jeunes. À cet effet, elle dit, «l’identité numérique consiste à responsabiliser les individus et à protéger leurs droits. Les pays qui créent de manière proactive des identités numériques offrent aux citoyens un moyen sûr et rapide d’accéder aux services électroniques, accélérant ainsi l’accès à l’inclusion financière, aux opportunités économiques, l’accès et à la connectivité mobiles, aux services gouvernementaux et aux processus démocratiques».
Lors d’un évènement parallèle intitulé, «Africa Open for Business Forum», dont l’objectif était de présenter le leadership du continent africain face au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à l’Agenda africain 2063, Vera Songwe souligne que les indices du commerce dépassent l’indice et consiste à envoyer un message clair qu’il existe des institutions qui fonctionnent.
«Les pays africains ont régulièrement figuré dans le top 5 des pays ces dernières années, ce qui signifie qu’ils ont maintenant compris qu’il est essentiel d’améliorer l’environnement des affaires pour attirer le secteur privé », indique-t-elle. Selon elle, une grande partie de ces progrès provient de la croissance des PME, qui contribuent à 64% de la croissance du PIB des pays », ajoute-t-elle. « Les petites entreprises seront le moteur du continent».
Vera Songwe fait savoir qu’il existe une connectivité énergétique importante sur le continent et ce depuis les 10 dernières années. «Nous sommes passés de 700 millions de personnes sans accès à l’énergie à 520 millions de personnes. De plus, dit-elle, dix pays ou plus ont accès à 70% à l’énergie. Nous avons toujours des défis majeurs à relever, mais nous faisons des progrès. Elle souligne le Kenya, la Mauritanie et le Sénégal comme exemples à suivre dans leurs efforts pour améliorer leur environnement afin de soutenir l’investissement dans l’énergie.
En outre, elle informe que «l’Afrique compte le plus grand nombre de ports en construction et que, grâce aux leçons retenues d’autres régions, il ne fait aucun doute que nous sommes ouverts au commerce ». Toutefois, dit-elle, les marchés de capitaux sont nécessaires pour financer les pays et que 22 nations ont émis des obligations souveraines à cet égard. Le financement des initiatives de développement nécessitera également un soutien des fonds de pension pour les investissements à long terme sur le continent.
L’évènement parallèle a été organisé par le Réseau pour la renaissance africaine et la diaspora africaine (ARDN), le Groupe de hauts fonctionnaires africains, la Commission de l’Union africaine, la Mission permanente de la République fédérale du Nigéria auprès des Nations Unies, en collaboration avec la CEA, le Réseau des Nations Unies pour le développement durable (SDSN), le Forum de partenariats mondiaux (GPF), avec le soutien du Département de l’information des Nations Unies.
Lors d’une réunion parallèle de haut niveau sur la manière dont un développement industriel inclusif et durable peut soutenir la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), Mme Songwe souligne le fait que «si la ZLECA doit catalyser l’industrialisation de l’Afrique par le biais de marchés intégrés, pallier le manque d’infrastructures et numériser les économies sur le continent sont essentielles».
La réunion a également lancé une initiative qui consiste à défendre IDDA III, au cours de laquelle Vera Songwe a remis une plaque d’argent à Daniel Kablan Duncan, Vice-Président de la Côte d’Ivoire, en gage de reconnaissance pour son travail en faveur du développement industriel. Un certain nombre de chefs d’État ont accepté de devenir les défenseurs de IDDA III afin de promouvoir activement le rôle du développement industriel inclusif et durable dans le cadre d’IDDA III et de mieux faire connaître cette importante initiative aux niveaux national, régional et mondial.
Tous les orateurs conviennent que pour le succès de la mise en œuvre de la ZLECA, il faut nécessairement que tous les acteurs internationaux et nationaux renforcent et intensifient leurs efforts, notamment par le biais de partenariats mondiaux novateurs au niveau multilatéral.
L’évènement était organisé par l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), la Commission de l’Union africaine (CUA), la Banque africaine de développement (BAD), la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Vera Songwe a ensuite participé à un autre évènement parallèle sur les Flux financiers illicites organisé par les Gouvernements du Nigéria et de la Norvège. Elle a évoqué les travaux de la CEA en matière de plaidoyer, d’érosion de la base, de déplacement des prix et du soutien institutionnel. Elle a informé la réunion que la CEA s’emploie à impliquer davantage de pays dans les initiatives mondiales en matière de transparence et d’échanges fiscaux. « Ce n’est qu’alors que l’Afrique pourra commencer à parler de manière crédible de l’utilisation de ses ressources», mentionne-t-elle.
Lors de son séjour à New York, Vera Songwe a également tenu un certain nombre de réunions bilatérales visant à promouvoir des partenariats solides entre la CEA et ses partenaires dans le domaine de l’identification numérique. Elle fait remarquer que 95% de toutes les transactions en Afrique sont basées sur des liquidités. Tirer parti de l’Accord nécessitera des systèmes robustes d’identification numérique et de paiement. À cet égard, Mme Songwe a rencontré Nandan Nilekani, Co-fondateur d’Infosys et a discuté de l’identité numérique de l’Afrique et de sa participation au conseil consultatif de la CEA sur l’identité numérique. En outre, elle a rencontré le Chef de la direction de General Atlantic, Bill Ford, pour discuter de la manière dont leur expérience mondiale peut éclairer la conception de l’Afrique.
Lors d’une réunion avec la délégation parlementaire italienne, elle a discuté des domaines prioritaires stratégiques de la CEA, des opportunités d’investissement en Afrique et du renforcement du partenariat Italie-Afrique. Elle les a informés de l’Accord sur la migration, du travail de la CEA sur la migration, du cadre réglementaire de l’identité numérique pour l’Afrique, ainsi que sur les solutions transfrontalières pour renforcer l’intégration.
Pathe TOURE
Lejecom