Le terrorisme rapporte ; en particulier le commerce des otages. Il est florissant, surtout en Afrique où le prix d’un otage occidental a augmenté. Ceux qui paient des rançons alimentent le terrorisme qui multiplie prises d’otages et assassinats gratuits.
La presse occidentale rapporte que depuis 2008, les organisations terroristes ont engrangé sur le continent entre 125 et 165 millions de dollars. On compte pour la seule année, près de 66 millions de dollars. Depuis 2008, la France aurait à elle seule déboursé plus de 58 millions de dollars, devenant ainsi le principal pourvoyeur de fonds de l’organisation terroriste.
La décision de ne pas payer les rançons a un coût
Toutefois, il y a une diversité dans les pratiques. Certains refusent de payer, notamment les Etats-Unis et la Grande-Bretagne dont les représentants se plaisent à critiquer la politique des pays européens. Mais la décision de ne pas payer les rançons a un coût : peu de ressortissants échappent à leurs ravisseurs.
En payant des rançons, les gouvernements européens « rachètent » ainsi leurs ressortissants. De tels agissements sont généralement en rapport avec les problèmes de politique intérieure. Les ambitions électoralistes, l’attachement aux valeurs républicaines, font parfois craindre de se voir rejeté par l’électorat. L’on a alors tendance à vouloir préserver coûte que coûte une certaine image au sein de l’opinion, l’électeur étant faiseur de rois.
Dans les républiques bananières, l’opinion de l’électeur autant que son choix dans l’urne intéressent peu les pouvoirs établis. Ceux qui sont aux commandes prennent toujours leurs dispositions, afin de préserver les acquis. De façon générale, des changements qui s’opèrent parce que le citoyen conscient le veut bien, se comptent sur le bout des doigts en Afrique. Par contre, en Occident, l’élite politique craindra toujours de se voir rejetée, une fois l’opinion publique saisie d’un dossier encombrant. A tel point que les rançons payées, on s’efforce de ne pas les reconnaître officiellement. Tel est le cas de la France. Le gouvernement Hollande a toujours nié négocier avec les terroristes kidnappeurs, encore moins verser une quelconque rançon. Pourtant, selon le New York Times, la France apparaît comme «la championne du monde» en matière de paiement de rançons d’otages devant le Qatar, Oman, la Suisse et l’Espagne.A qui paye-t-on les rançons ? D’après le New York Times, le commandement central d’al-Qaida, installé au Pakistan, supervisait déjà il y a cinq ans, les négociations pour les rançons d’otages capturés dans des coins reculés d’Afrique. Les trois principaux groupes affiliés à l’organisation terroriste al-Qaida au Maghreb islamique, al-Qaida dans la péninsule arabique et les Shebabs en Somalie, ont développé un protocole commun pour les enlèvements et le processus de négociation. Ils vont jusqu’à sous-traiter les prises d’otages à des groupes criminels qui toucheraient une commission de 10% sur la rançon. Une forme d’intéressement au résultat…
Parmi les intermédiaires, on compte Areva ou certains pays du Golfe. Le Qatar et Oman en particulier sont souvent utilisés par les Occidentaux pour payer des rançons à al-Qaida dans la péninsule arabique. Entre 2012 et 2013, ils ont versé 20,4 millions de dollars pour libérer deux Finlandais, un Australien et un Suisse. Ce rôle d’intermédiaires serait-il à l’origine des accusations proférées à l’encontre de ces pays considérés à tort ou à raison comme étant complices d’organisations terroristes ? De quelles preuves formelles dispose-t-on véritablement contre eux ? Si des sanctuaires notamment « djihadistes » sont bien connus, pourquoi ne pas sévir contre les personnes ou pays identifiés comme étant des soutiens ou des complices ?
Les activités « normales » rapportent peu, contrairement aux prises d’otages, désormais principale source de financement des réseaux terroristes.
En payant les rançons, l’Occident s’enferme dans un cercle vicieux
En Afrique, Boko Haram au Nigeria s’est aussi renforcé lorsque le mouvement rebelle s’est lancé dans les prises d’otages. L’activité terroriste est rentable sur le continent où les paiements de rançons profitent à un nombre incroyable d’intervenants. Parmi eux, des délinquants à col blanc et de petits profiteurs. La raison ? Un environnement de misère, terreau favorable pour une jeunesse oisive et donc en quête d’un emploi immédiatement pourvoyeur de sous. On l’a vu dans la crise du Nord-Mali où des individus n’ont pas hésité à sacrifier les valeurs sacrées d’une vie communautaire au profit d’espèces sonnantes et trébuchantes. Que ne fait-on pas aujourd’hui lorsque la rémunération promet …Dans le cas de Boko Haram au Nigeria, on s’aperçoit également que le terrorisme prolifère parce qu’il existe des répondants, des intermédiaires locaux dans les cercles de la communauté comme du pouvoir d’Etat et de l’armée.
Grâce aux rançons versées par les pays occidentaux, le terrorisme a de beaux jours devant lui. Ces rançons incitent en effet les organisations terroristes à se doter de moyens de plus en plus sophistiqués, pour ensuite se lancer dans des actions plus audacieuses et spectaculaires. Aux opinions occidentales de comprendre que l’industrie des prises d’otages prospère parce que parmi leurs propres compatriotes, certains ont des comportements qui les alimentent. Parallèlement aux mises en garde à l’endroit des otages potentiels, l’hypocrisie de l’Occident doit être dénoncée.
L’Occident sait bel et bien qu’en payant les rançons, il s’enferme dans un cercle vicieux. Tant que seront payées des rançons, les prises d’otages se multiplieront. Surtout que, jusque-là, les différents pays ne se sont pas montrés capables de faire front commun contre le terrorisme. Parviendront-ils un jour à ne pas payer les rançons comme Washington et Londres ?
Dans le cas de l’Afrique, il y a de quoi s’inquiéter, vu la modicité de nos moyens et l’ampleur de la mal gouvernance. La lutte contre Boko Haram en est une preuve. Certes, l’Afrique a opté ces dernières années pour une synergie d’actions. Mais, elles sont freinées par l’incurie de la classe politique qui aime à verser dans le dilatoire. De sorte que, outre le fait qu’ils nourrissent les actions terroristes, les paiements de rançonspervertissent l’encadrement des générations montantes, encouragées alors à valoriser la courte échelle, à verser dans la médiocrité et à perpétuer la laideur morale autour d’eux.
Des sommes colossales continueront donc d’être déboursées contre des angoisses et des deuils qui ne prennent jamais fin, hélas ! Ainsi prospèrent les affaires de plusieurs bandits dans ce monde. Non seulement les paiements de rançons aident à perturber la quiétude des contribuables, mais encore, ils hypothèquent gravement les actions de développement partout où le phénomène a droit de cité ! Jusqu’à quand donc, les Occidentaux continueront-ils de payer cash la rançon de l’incurie et de l’impunité ?