Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a assuré dimanche que son Congrès national africain (ANC) allait « tirer les leçons » de sa victoire en demi-teinte aux législatives du 8 mai et promis de créer des emplois, éradiquer la corruption et changer le parti.
« Nous avons tiré les leçons (du scrutin), nous avons entendu le peuple d’Afrique du Sud, nous avons bien compris ce qu’ils attendent de nous », a déclaré M. Ramaphosa devant plusieurs centaines de personnes réunies devant le quartier général de l’ANC, dans le centre de Johannesburg.
L’ANC a largement emporté les élections législatives du 8 mai en recueillant 57% des voix qui lui assurent une majorité absolue de 230 des 400 sièges de l’Assemblée nationale.
En baisse de près de cinq point sur celui obtenu en 2014, ce résultat est toutefois le plus mauvais jamais réalisé par le parti historique de Nelson Mandela dans des législatives depuis qu’il a pris les rênes du pays à la chute de l’apartheid en 1994.
Tout au long de la campagne, de nombreux électeurs ont reproché à l’ANC le taux de chômage endémique que connaît le pays (27%), la corruption qui a gagné le sommet de l’Etat sous le règne de Jacob Zuma (2009-2018) et la persistance de fortes inégalités sociales et raciales.
« Nous sommes là pour vous remercier avec humilité, nous vous remercions pour avoir à nouveau fait confiance à l’ANC », a lancé à ses partisans M. Ramaphosa, blouson de cuir aux couleur noir, jaune et vert de son parti.
« Nous avons maintenant un mandat très clair et nous allons faire ce que le peuple attend de nous », a-t-il ajouté.
« Ils ont dit +président, nous voulons des emplois+ (…), c’est ce que nous allons faire, nous allons travailler dur pour créer des emplois pour notre peuple », a poursuivi le président. « Ils ont dit nous devons mettre un terme à la corruption, camarades, nous allons mettre un terme à la corruption ».
Elu par les députés, Cyril Ramaphosa, 66 ans, doit être investi pour un nouveau mandat de chef de l’Etat dès le 25 mai.
– ‘Notre gilet-pare-balles’ –
Dans les jours qui suivent, il doit nommer un nouveau gouvernement. Sa composition révèlera la marge de manoeuvre dont il dispose au sein de l’ANC, où les partisans de son prédécesseur Jacob Zuma gardent de solides appuis.
Visés par des allégations de corruption, plusieurs ministres actuels, proches du clan Zuma, sont sur la sellette.
« Nous ne devons jamais, jamais revenir à l’ère de la +capture de l’Etat+ « , a dit Cyril Ramaphosa dimanche. « Nous allons nommer des hommes et des femmes qui ont de grandes capacités, qui savent qui ils sont. Nous allons faire les choses autrement ».
Depuis qu’il a succédé à Jacob Zuma il y a un an, cet ancien syndicaliste devenu millionnaire dans les affaires, réputé pour sa modération et son pragmatisme, a promis de nettoyer le parti et l’Etat et de relancer l’économie en panne du pays.
Même s’il a limité la casse, le chef de l’Etat n’a pu empêché l’ANC de reculer le 8 mai. Les analystes prédisent de fortes résistances internes à ses velléités de réformes.
« Il dispose d’un mandat fragile », a résumé à l’AFP Susan Booysen, de l’université du Witwatersrand à Johannesburg.
Avant même la proclamation des résultats, deux des principaux responsables du parti se sont écharpés publiquement sur le rôle qu’avait joué M. Ramaphosa dans la victoire du parti.
« Il a changé la donne (…) il est notre gilet pare-balles », a assuré le « Monsieur élections » de l’ANC.
« Les gens ont élu l’ANC, ils n’ont pas élu une personne », lui a répliqué le secrétaire général du mouvement Ace Magashule, un des porte-voix de Jacob Zuma.
« Nous ne devons pas laver notre linge sale sur la place publique », a exhorté dimanche M. Ramaphosa en référence à cet échange. « Nous (dans le parti) allons nous concentrer sur la discipline, sur l’unité et le renouveau », a-t-il insisté.
La bataille pour le changement de l’ANC s’engage dès lundi, avec la réunion de son comité exécutif national.
Journal du mali