Le syndicat Numsa pourrait bien quitter la Cosatu, la puissante confédération syndicale sud-africaine, pour fonder un mouvement dissident. Numsa est l’un des plus grands syndicats d’Afrique du Sud, avec 320 000 travailleurs affiliés, et sans doute l’un des mieux organisés et des plus actifs dans de nombreux secteurs de l’économie. Si c’était le cas, cela fragiliserait de fait l’alliance tripartite entre la Cosatu, le Parti communiste sud-africain (SACP) et l’ANC, le parti au pouvoir, en vue des prochaines élections. Ce serait un coup dur pour l’ANC. Mardi 17 décembre, le tout nouveau président de Numsa a vivement critiqué le président sud-africain Jacob Zuma.
Le ton a été donné dès l’ouverture du congrès mardi : Andrew Chirwa, le nouveau président du syndicat de la métallurgie Numsa, a appelé à la démission du président Jacob Zuma. Par respect pour les plus pauvres, a-t-il dit, par respect pour l’héritage de Nelson Mandela. Andrew Chirwa a condamné fermement l’usage de fonds publics pour la rénovation de la résidence secondaire de Jacob Zuma, située à Nkandla.
Elu mardi, Andrew Chirwa succède à Cedric Gina qui avait démissionné brutalement, il y a un mois, car il n’était pas d’accord avec la direction prise par l’organisation. La rupture semble donc consommée entre le syndicat et le pouvoir en place, alors que le syndicat Numsa doit justement définir sa position pour les élections de 2014.
L’affaire Vavi
Depuis des mois, une fracture se creuse entre Numsa et la Cosatu – la Confédération des syndicats sud-africains – qui soutient l’ANC. Au cœur du conflit : le sort de l’ancien secrétaire général de la Cosatu, Zwelinzima Vavi, écarté en août à la suite à un scandale sexuel. Zwelinzima Vavi, très critique vis-à-vis de l’ANC, avait alors crié à la machination.
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Numsa reproche au président de la Cosatu de n’avoir pas encore organisé de conférence spéciale pour discuter de cette affaire. Numsa a engagé une procédure judiciaire contre la Cosatu, pour demander la réintégration de Vavi.
Les alliés de la Cosatu accusent Irvin Jim, le secrétaire général du syndicat Numsa, de vouloir faire exploser la Cosatu pour nourrir ses ambitions personnelles. Le Parti communiste – allié de la Cosatu – a demandé hier mardi aux ouvriers « de tout faire pour sauver leur syndicat des mains d’aventuriers, motivés par leur seul intérêt ».
Source : RFI