Le dimanche 9 juin 2019, Bruxelles (Belgique) a abrité le Gala de remise des trophées de «African Lion Awards» (ou Gala des leaders) qui récompensent les communautés africaines et les talents de la diaspora se distinguant par leur dynamisme. Et le Mali était doublement à l’honneur pour avoir été la «deuxième communauté la plus solidaire après le Maroc» et avec les deux distinctions de Mme Diarra Fatoumata Dary Kéita. Zoom sur cette ambitieuse entrepreneure dans le domaine de la sécurité privée et du gardiennage qui compte bientôt investir au Mali.
Le Mali, deuxième communauté la plus solidaire après le Maroc, 2e Prix par rapport à sa création d’entreprise dans le domaine de la sécurité en France depuis plus de 3 ans et, mieux, le Prix du «Modèle inspirant» catégorie sécurité et gardiennage ! On comprend alors aisément ce sourire radieux qui illuminait le visage de Mme Diarra Fatoumata Dary Kéita ce dimanche 9 juin lors du «Gala des leaders» organisé pour la remise des trophées de «African Lion Awards» à Bruxelles, en Belgique.
«Je suis très contente et heureuse car ce sont mes premières récompenses comme entrepreneure», confesse-t-elle. Aussi heureuse que le jour où elle est sortie major de sa promotion lors de sa formation de dirigeant d’entreprise de société de gardiennage.
Mariée et mère de 4 enfants (trois filles et un garçon), celle que les proches appellent affectueusement «Dary Bébé Kéita» est une Franco-malienne très réactive, ambitieuse et une vraie battante qui a investi le secteur de l’entrepreneuriat dans le domaine de la sécurité privée et du gardiennage.
Un terrain où les femmes se hasardent rarement. Et pourtant, elle y excelle depuis plus de 14 ans. Et Fatoumata ne cesse de franchir des paliers grâce à sa connaissance précise du métier de la sécurité privée, de son environnement et des attentes de ses clients en termes de sécurité et de risques professionnels.
Et cela parce qu’elle a occupé différents postes au sein de grands groupes en développant un projet réfléchi dans la continuité de son parcours. Pour ceux et celles qui la côtoient au quotidien, Diarra Fatoumata Dary Kéita est le meilleur «Modèle inspirant» à cause de son aisance à «réveiller le génie qui dort en chacun de nous…».
Crée en 2016, «Daryguard Sécurité Privée» est une entreprise de sécurité privée et de gardiennage au service des personnes physiques ou des sociétés. Elle assure la sécurité des personnes et des biens. Ses activités couvrent aussi les risques liés au sabotage, les vols, les actes terroristes, les sinistres (dégâts des eaux, incendies) ; les risques liés à la pollution de l’environnement, d’intrusion, d’espionnage industriel…
Un parcours atypique dans un univers masculin
Son public cible est constitué d’entreprises privées et publiques, les commerces, les particuliers, les personnalités publiques… à qui Dary propose de l’innovation, de la qualité, de la maîtrise des coûts… Une offre adaptée à la clientèle.
«Nous adoptons notre action aux besoins du client afin de lui proposer une offre personnalisable sur le principe de l’alliance homme et technologie», explique Mme Diarra. Et de rappeler avec une légitime fierté, «j’ai commencé avec 2 salariés plus moi-même sur le terrain. Et aujourd’hui j’ai 15 salariés a temps complet et a contrat a durée indéterminée et 3 en CDD (Contrat à durée déterminée) pour les remplacements de juillet août)». Dans les années à venir, Dary compte élargir ses activités à l’Afrique par la création de sociétés privées de sécurité et de gardiennage avec «les mêmes moyens et les mêmes technologies qu’en Occident».
Promotrice et gérante d’une société de sécurité privée depuis 2016, Dary Kéita a fait une formation dans le domaine de «la gestion de crise et menace terroriste». Après son Bac (Sciences biologiques) passé à Bamako, la jeune dame a obtenu à Paris (France) un Diplôme d’agent de sécurité incendie (option ERP1) en 2005.
Celle qui a été chef d’équipe à l’hôpital Avicenne à Bobigny (Paris) a plusieurs expériences professionnelles à son actif dans la formation des agents et du personnel hospitalier, la mise en place du planning de maintenance des moyens de secours, la gestion de crise, la vacuité et la permanence des cheminements d’évacuation les jours de marchés, la permanence au poste de sécurité…
C’est sans doute la somme de toutes ses expériences qui explique, en partie, la réussite professionnelle de cette passionnée de lecture, de cinéma et de voyage. Et aussi parce qu’elle cultive à souhait l’intégrité, la confiance en soi, la maîtrise de soi, la détermination et l’authenticité. Tout comme Nelson Mandela, Steve Jobs, Anne Lauvergeon (AREVA) et Oprah Winfrey (Oprah Gail Winfrey)… qui sont ses références dans sa vie de tous les jours.
Et d’ailleurs, Diarra Fatoumata Dary Kéita reconnaît que ce n’est pas «facile du tout d’être femme entrepreneure en France. Ici, les femmes entreprennent moins par rapport aux hommes. Je pense que, par rapport aux contraintes familiales, elles ont aussi peur de prendre des risques».
Néanmoins, elle exhorte ses sœurs du Mali et d’Afrique, à «briser le plafond de verre, d’oser parce que quand nous, les femmes, bougeons, le monde change». Et pour Dary, «le courage n’est pas inné, mais nous naissons tous avec un potentiel qu’il faut juste exploiter. Femme et noire dans un milieu purement masculin, je me suis imposée par le travail». Ses trophées, elle les considère ainsi comme une motion d’encouragement à la féminisation du secteur de la sécurité.
Etre une référence pour ses sœurs Maliennes et Africaines
«Dans la sécurité, une femme a autant sa place qu’un homme si elle est volontaire et motivée. Nous devons encourager les femmes à se positionner dans les métiers dits masculins. Mon ambition c’est aussi de monter que la femme migrante n’est pas seulement l’épouse ou la mère comme souvent décrite dans les médias. Mais, que nous pouvons aussi être des femmes leaders et inspirantes aussi bien dans nos pays d’accueil qu’au bercail», a défendu Dary Bébé Kéita.
D’ailleurs, la jeune, humble mais ambitieuse entrepreneure est très attachée au Mali, notamment à travers ses œuvres sociales. Elle a ainsi récemment répondu à l’appel d’AGSS-Mali pour parrainer un garçon de 10 ans, orphelin de père et de mère depuis qu’il était bébé.
«Ainsi, quand notre champion aura faim ou soif, quand il aura froid ou chaud, quand il sera question de payer les frais scolaires, quand il va grandir et vouloir fonder une famille, sa mère Dary sera toujours là», s’est réjouit El Hadj Djimé Kanté, fondateur et président de organisation qui a servi de trait d’union entre ce petit ange et cette très généreuse dame. Présentement, Dary se bat pour mobiliser des fonds afin de réhabiliter une Medersa à Kourounnikoto, une commune rurale du cercle de Kita, dans la région de Kayes.
En grande patriote, Fatoumata a le cœur meurtri par la crise qui hypothèque actuellement tous les efforts de développement socioéconomique et culturel du Mali. «La situation actuelle du Mali m’attriste évidemment comme tout le monde. Je prie pour que mon pays puisse avoir la paix et la sécurité parce que même s’il y a beaucoup d’opportunités au Mali, le climat d’insécurité qui y règne maintenant n’attirent pas forcément les investisseurs», confie-t-elle.
Et malgré les risques, elle veut donner l’exemple en investissant dans son pays. «Je compte bientôt venir investir au Mali dans l’agriculture et l’élevage», promet-elle. «Les étrangers peuvent avoir peur, mais le Mali c’est chez moi. Ainsi, même s’il y a le feu chez soi, nous avons une obligation de l’éteindre. C’est à nous de faire le Mali dont nous rêvons pour nous et les générations futures», renchérit-elle.
En tout cas, Fatoumata Dary Kéita est plus que jamais déterminée à jouer sa partition pour sortir le Mali de l’impasse. Espérons que son dévouement patriotique fera des émules dans le pays et dans la diaspora !
Moussa Bolly
Source : LE MATIN