«L’Algérie est déterminée à faire partie de la solution et non pas des problèmes. C’est pour cela que lorsqu’il y a des difficultés entre un pays frère tel que le Mali et un pays partenaire et ami tel que la France, l’Algérie se doit d’apporter un apaisement et aider à créer des conditions de relations apaisées», déclarait Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères de l’Algérie. Mais que gagnerait notre voisin algérien à vouloir créer des conditions « apaisées » entre le Mali et la France – son ancienne puissance coloniale – accusée devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies d’être de connivence avec les mouvements terroristes évoluant dans le Sahel ? Serait-elle la complice de la France dans sa stratégie de pourrissement de la sécurité au Sahel ?
Depuis quelques semaines, le Mali a porté devant le Conseil de Sécurité des Nations une plainte accusant les Forces françaises Barkhane d’avoir appuyé les mouvements terroristes contre les Forces armées maliennes. Notamment, lors des récentes attaques de Tessit. Bamako aurait en sa possession une quantité de preuves contre Paris et souhaite que la question soit débattue devant le Conseil de Sécurité. Mais la France et ses alliés occidentaux s’y opposent fermement de crainte d’être démasqués devant l’opinion internationale. Depuis, Paris mobilise ses pions africains comme le président Macky Sall du Sénégal qui suggère que le linge sale soit lavé en famille. Et voilà que l’Algérie aussi propose sa médiation ! Les deux pays seraient-ils mandatés par Paris ?
La disponibilité soudainement manifestée par l’Algérie de jouer les bons offices est intrigante car de nombreux contentieux opposent Paris et Alger. Toutefois, si l’on se place dans le contexte de l’Accord de Réconciliation Nationale dit d’Alger signé entre Bamako et les rebelles de la CMA, l’on peut comprendre l’intérêt de la médiation algérienne. La France et l’Algérie sont non seulement les principaux initiateurs et promoteurs, mais aussi les garants dudit accord qui peine, depuis six ans, à être appliqué.
Quant à la Communauté dite Internationale, elle s’acharne avec une sournoiserie évidente sur les autorités maliennes afin qu’elles accélèrent le processus d’intégration des « ex-combattants » au sein des Forces armées et de sécurité tout comme dans la fonction publique. Alors que Kidal continue, au vu et au su de cette même Communauté Internationale, d’être administrée par ces mêmes mouvements rebelles. Qui possèdent leurs forces armées et de sécurité et qui n’hésitent pas à fêter, tous les ans, l’anniversaire de leur hypothétique « République d’Azawad ». Beaucoup de sources indiquent que l’Algérie serait, en sourdine, favorable au jeu des « ex-rebelles ». Pauvre Mali !
Gaoussou M TRAORE
Source : Le Challenger