Après le sommet franco-africain de la Baule (France) en Juin 1990, les pays d’Afrique francophones ont connu des mouvements de révolte de leurs populations qui aspiraient à la liberté d’expression et au multipartisme. Les pouvoirs ont fini par céder et accepter l’organisation de Conférences nationales souveraines dont le Bénin en fut un pionnier.
Ces Conférences nationales ont conduit des réformes notables. Les pays francophones qui étaient en régime de parti unique ont basculé au multipartisme intégral. Durant les premières années, le processus démocratique était bien enclenché, parce que les pouvoirs se conformaient aux normes constitutionnelles.
Toutefois trois décennies après, force est de déplorer que malgré les apparences la quasi-totalité de ces pays ont renoué avec la dérive autocratique. C’est la réalité politique que vivent les populations de la Côte d’Ivoire, de la Guinée-Conakry, du Gabon, du Tchad, du Togo… Où il n’y a guère le moindre espoir d’alternance politique par la voie des urnes. Dans des pays comme le Mali ou le Burkina Faso, l’alternance au pouvoir a lieu par la voie des urnes ou par des soulèvements populaires. Dans les deux cas, la dérive autoritaire des pouvoirs a fait reculer la démocratie dans ces pays francophones.
Les pouvoirs politiques en place font tout pour se maintenir. Réduits comme simples appendices de l’Exécutif, les institutions de contre-pouvoir ont cessé de jouer leur rôle. Les opposants sont harcelés, persécutés par la justice pour les exclure du processus électoral, comme l’illustre le cas du Bénin de Patrice Talon. Ce qui empêche toute compétition réelle par la voie des urnes. Sans compter que les élections sont sciemment mal organisées à partir d’un mauvais fichier électoral unilatéralement établi par le pouvoir. Il en résulte forcément des irrégularités et fraudes liées au vote. Mais en dépit des contestations fondées de l’opposition, les organes électoraux fortement dominés par les princes du jour, valident néanmoins les résultats.
Il en résulte que les lendemains électoraux, au lieu d’être festifs comme naguère sont désormais caractérisées par des scènes de violence sans précédent. Toutes les voix discordantes sont systématiquement sanctionnées. Les opposants au régime, les journalistes objectifs, les leaders des organisations de la société civile ou des Droits de l’homme ainsi que les activistes politiques sont interdits d’exercer leurs droits civiques.
Afin d’empêcher les réseaux sociaux de dénoncer leurs dérives autoritaires, les pouvoirs bloquent l’internet. Il se crée ainsi dans les pays d’Afrique francophone une ambiance de terreur et de psychose chez les opposants. Lesquels, pour éviter l’emprisonnement, sont contraints de s’exiler. Ainsi, ces régimes autoritaires d’Afrique francophone contrôlent tous les leviers du pouvoir. Ils font détourner les forces de sécurité et de défense de leurs missions régaliennes. Lesquelles deviennent leurs complices et n’hésitent plus à terroriser les opposants. Dont les libertés de manifester ne sont plus accédées.
Gaoussou Madani Traoré
Source: Le Challenger