«A l’issue de consultations avec les autorités maliennes de transition et les pays de la région, la France prend acte des engagements des autorités maliennes de transition » endossés par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et a « décidé la reprise des opérations militaires conjointes ainsi que des missions nationales de conseil, qui étaient suspendues depuis le 3 juin dernier ». Cette annonce de Paris, ce vendredi 02 juillet, à travers son ministre des Armées, ne doit guère surprendre. D’autant que la présence française en Afrique n’est pas pour simplement aider les Africains dans la lutte contre le terrorisme, mais surtout pour la sauvegarde de ses propres intérêts géostratégiques et économiques.
La France est militairement présente au Sahel dans le cadre de l’opération Barkhane avec plus de 5000 soldats. Mais le président Emmanuel Macron avait récemment annoncé un prochain désengagement progressif de la France du Sahel et la suspension de sa coopération militaire avec le Mali après le coup de force contre les premières autorités de la Transition malienne. Un dispositif resserré européen dénommé « TAKUBA », focalisé sur la lutte antiterroriste et l’accompagnement au combat des armées locales, doit se substituer à Barkhane. La France considère que cette mutation ne signifie nullement son départ du Sahel dans le cadre de ses opérations de contre-terrorisme. D’autant que la ministre française des Armées estime que l’Europe a une responsabilité collective de sécuriser son flanc sud (le Sahel). Afin que celui-ci ne devienne « une zone de refuge et d’expansion » pour les groupes terroristes.
En d’autres termes, cela est une reconnaissance que la sécurité de l’Europe est étroitement liée à celle du Sahel. Celle-ci constituant une frontière naturelle de l’Europe. La France ne pouvait donc pas, si elle veut réellement œuvrer dans la lutte contre le terrorisme international, faire fi de cette réalité géopolitique. Il s’avère donc que le maintien de sa coopération militaire avec le Mali n’est pas de la philanthropie mais de la realpolitik.
Toutefois, les pays du Sahel, notamment le Mali, doivent dorénavant faire de la présence des forces extérieures une véritable opportunité pour renforcer leurs armées nationales. Ce qui permettra à chaque pays de sécuriser l’entièreté de ses frontières. Afin que les personnes et les biens soient sécurisés. Emmanuel Macron n’a-t-il pas récemment indiqué que « la présence durable dans le cadre d’opérations extérieures de la France ne peut pas se substituer au retour de l’État et des services de l’État, à la stabilité politique et au choix des États souverains » ?
Gaoussou Madani Traoré
Source : Le Challenger