Le ministre français des Armées, Florence Parly, a déclaré que le déploiement des Forces spéciales européennes pour épauler les forces maliennes dans la lutte contre le terrorisme au Sahel sera effectif «dans les prochaines semaines». Annoncée en début d’année, lors du sommet de Pau, par le président français, Emmanuel Macron, cette opération baptisée «Takouba» (sabre en Tamashek) aura pour mission essentielle d’«assister les forces armées maliennes dans la lutte contre les groupes terroristes et appuyer les efforts actuellement déployés par l’opération Barkhane et la Force conjointe du G5 Sahel».
Le Sahel vit une situation des moins enviables, pour ne pas dire critiques : le conflit armé dans le nord du Mali s’est enlisé au fil du temps, puis s’est étendu au centre avec une dimension ethnique et communautaire très préoccupante.
Actuellement, plus de deux tiers (2/3) du territoire malien échappe au contrôle de l’administration nationale et de l’armée régulière qui a montré ses limites. Il n’y a pas une portion du territoire qui ne soit sous menace terroriste.
Conséquences : les populations civiles, laissées à elles-mêmes au nord et au centre, subissent les pires exactions des groupes armés qui sont les vrais maîtres du terrain.
Une situation propice à l’enrôlement des couches juvéniles par ces mouvements terroristes et irrédentistes. Plus grave : il a été constaté que les populations locales font de plus en plus confiance aux groupes armés qu’aux autorités nationales. Une autre réalité est le fait que les opinions publiques africaines sont hostiles aux présences étrangères.
Le déploiement annoncé de «Takouba» ne nous semble pas opportun compte tenu de cette triste réalité. Car au lieu d’envoyer de nouveaux soldats et moyens logistiques au Sahel (notamment au Mali), les partenaires européens rendraient meilleur service à nos armées régulières en les dotant de moyens logistiques et de renseignements ?
Les résultats médiocres enregistrés par les forces Barkhane et de la Minusma permettent de convaincre qu’aucune force extérieure ne peut garantir la souveraineté de l’Etat.
Le Sahel doit compter sur ses propres forces. Ses pays doivent prendre en main leur propre destin plutôt que de continuer à espérer que le salut vienne de l’extérieur. Simple question de leadership et de volonté politique.
Gaoussou Madani Traoré
Source : Le Challenger