» Non aux licenciements arbitraires « , tel était le slogan utilisé par les jeunes garçons et filles sortis nombreux mercredi dernier dans les rues de Bamako pour manifester leur colère face au traitement qui leur serait infligé par les responsables de Orange Money. Nous en parlions dans notre parution du vendredi. Aujourd’hui, toute la lumière est faite sur cette affaire par les responsables de la société Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces jeunes font honte à notre pays. Lisez !
Selon Mme Pierrette Sidibé, » Orange money est un produit qui consiste à inscrire un numéro de téléphone qui devient un compte sécurisé par un mot de passe du client. Le client peut à tout moment transférer de l’argent, à n’importe quelle heure de la nuit ou de la journée, les transferts sont gratuits, il peut envoyer partout dans le Mali, au Sénégal comme en Côte d’Ivoire… Mais il peut aussi retirer du cash. Nous avons signé avec Orange un contrat sur le produit Orange Money. Dans le cadre de notre mission, sur un an, puisque c’était un contrat d’un an, nous avons fait 500 kiosques dont 400 à Bamako et une centaine sur Ségou, Koutiala, Sikasso. Ces kiosques permettent aux clients de venir faire le dépôt sur leurs téléphones. Donc nous fabriquons les kiosques, nous les implantons, nous négocions avec les mairies pour les emplacements avec le voisinage. Nous payons les taxes. Nous recrutons les agents, nous les formons en collaboration avec Orange Money parce que c’est leur produit, du 23 mai 2013 au 6 décembre 2013 soit 6 à 7 mois, nous avons fabriqué et implanté les kiosques, recruté et formé les agents, et rendu opérationnels 500 kiosques. C’était la mission du premier contrat avec Orange.
Nous sommes distributeurs. Nous avons installé cinq cent kiosques et allons continuer car il y a Kayes, Koulikoro, Mopti, etc. Ce produit est pratique pour les populations parce qu’il est rapide, il est sécurisé et il est facile d’accès. Nous avons donc créé cinq cent emplois avec les kiosques, puis cinq cent remplaçants, plus les emplois dérivés qui correspondent à tous les artisans qui fabriquent les kiosques, les peintres et les maçons, cela représente déjà des centaines d’emplois dérivés liés à notre activité. Tout en continuant de développer notre activité.
Mais après la phase d’investissement, nous nous sommes rendu compte que presque plus de 70% de notre activité passe par des téléphones parallèles, et ne passent même pas par notre téléphone professionnel qui est relié à un logiciel d’Orange qui nous montre tous les jours les opérations qui se font. Nous avons alors tout compris. Car notre gain est basé sur le flux. Les agents en retenant des frais de retrait sur leurs téléphones personnels nous volent, et volent aussi Orange Money. Donc, nous avons fait le lien, nous avons fait le constat et nous avons montré la preuve. Car quand on donne un téléphone, Orange nous sort toutes les transactions faites par ces personnes. A partir de preuves concrètes et irréfutables, nous avons arrêté le contrat d’agents qui ont reconnu qu’ils avaient fait des fraudes et qui nous ont même dit, que tout le monde le faisait et à grande échelle. Nous avons évalué certains kiosques qui ne fonctionnent pas du tout. Nos agents ont des honoraires de soixante mille francs par mois. Il était prévu de mettre un système de variable à partir du mois d’avril, en fonction de l’évolution de la société. L’évaluation des activités de chaque kiosque nous a permis de déceler immédiatement les kiosques à activité quasi nulle car utilisant un téléphone parallèle et ils sont au nombre de vingt (23), donc nous n’avons pas renouvelé une vingtaine de contrats de gens qui étaient agents de kiosques et dont les kiosques ne ramenaient même pas vingt cinq mille francs, ou trente mille francs. Mais ils sont tous payés et chaque mois, qu’ils ramènent ou pas un montant qui équivaut à leur salaire, et on est perdant. Donc sur 500 personnes, nous avons arrêté le contrat de 20 personnes prises en flagrant délit et nous n’avons pas renouvelé le contrat de 23 personnes dont les kiosques ne rapportaient même pas la moitié de leur salaire. C’est ce qui a créé leur mouvement. Et nous pouvons comprendre que des jeunes partent en grève ; mais jamais nous n’accepterons qu’ils empêchent les autres de travailler. Certains sont allés devant des kiosques pour obliger des agents à fermer, cela mérite des sanctions. Et nous l’avons clairement dit. Finalement le calme est revenu, tous les 400 kiosques de Bamako sont opérationnels ».
Orange Money est un service de paiement et de transfert d’argent. Ce service permet aux clients Orange d’utiliser leurs téléphones mobiles pour effectuer des dépôts d’argent, des retraits, des transferts à un tiers ou vers un compte bancaire du même pays, l’achat de minutes de communication et même de percevoir un salaire. Avec le service Transfert d’argent International, vous pouvez transférer simplement et en toute sécurité une somme d’argent vers un autre titulaire d’un compte Orange Money entre (13) pays d’Afrique et depuis la France. Le compte de votre destinataire est immédiatement crédité, et il peut alors effectuer son retrait dans n’importe quel point Orange Money. Un tel service d’utilité publique, de surcroît pourvoyeurs de très nombreux emplois, devrait retenir toute l’attention de la jeunesse malienne. Et nombreux sont ceux qui nous ont témoigné de leur déception quant au comportement des agents partis en grève. Certains, qui sont au chômage, se demandent comment on peut avoir un tel emploi aujourd’hui et faire preuve de bassesse et de négligence au service.
Une dame que nous avons rencontrée devant son kiosque est également dans tous ses états contre ses camarades grévistes : » Pour moi, si tu sais voler ce n’est pas la peine de venir travailler et gâcher le travail des autres. Je n’oublie pas comment j’ai eu ce boulot. J’ai failli tomber en syncope quand des filles m’ont confirmé qu’elles volent toutes, que je suis la seule à ignorer ce système frauduleux. Il y en a qui le font il y a 6 mois à 8 mois, oubliant qu’en tuant l’entreprise, elles vont se mettre le doigt dans l’œil, car elles retourneront au chômage. Oubliant que le jour où elles seront prises la main dans le sac, elles en feront les frais. Il faut que la direction contrôle tout le monde pour chasser les voleurs et préserver l’emploi des travailleurs honnêtes ».
Bon Dieu, ce Mali ne finit pas d’étonner. L’avenir du pays, dit-on, c’est la jeunesse. Mais alors faudrait-il que la jeunesse comprenne ce que c’est qu’un investissement privé. Ici, nous avons la preuve d’un incroyable déficit d’éthique, de morale, de conscience professionnelle et de patriotisme chez ces jeunes préalablement sauvés de leurs déplorables conditions de chômeurs. Désormais, ils ne pourront s’en prendre qu’à eux-mêmes, en même temps qu’ils serviront de leçons aux autres. Prions qu’ils puissent tirer les bons enseignements de cette mésaventure.
Mamadou DABO
SOURCE: Zénith Balé