Il a bel et bien séjourné dans les couloirs de la mort de la Sécurité d’Etat. Qui était derrière cette école jadis spécialisée d’assassinats d’une autre époque ?
Après d’infructueuses recherches, voilà deux ans environ, les proches parents du président du Conseil de cercle d’Ansongo sont désormais fixés, le cœur net avec la certitude que sa longue absence est en réalité synonyme de disparition pour de bon.
Mahamoud Ag Hattabo, président du Conseil de cercle d’Ansongo, non moins influent notable de la communauté Kel Essouk, avait été la cible d’un enlèvement en règle à l’hôtel Naboun de Magnambougou où il occupait la chambre N °3. C’était probablement son avant-dernière demeure. Car, dans la nuit du 18 Septembre 2012, à en croire les témoignages que ses proches attribuent au gérant de ladite résidence hôtelière, le président du Conseil de cercle a été extrait manu militari par des individus présentés désignés comme étant des agents de la Sécurité d’Etat. Depuis, aucune nouvelle n’a filtré à son sujet.
Ag Hattabo avait pourtant été convié à Bamako par les autorités compétentes pour jouer le rôle de personne ressource à une rencontre sur la paix et la sécurité au Nord-Mali.
Tout au long de son séjour et jusqu’avant sa disparition mystérieuse, il dînait régulièrement au domicile de son inséparable hôte de Bamako, le maire de la commune, Bara. Lequel se chargeait de le conduire chaque soir à son hôtel.
Survenu pendant les périodes troubles de l’occupation des principales villes nordistes par le Mnla et les Jihadistes, son enlèvement avait été en son temps hâtivement imputé à Ganda Izo, une milice communautaire sonraï plus ou moins active dans la capitale. Selon, une source crédible, l’intéressé s’était plutôt retrouvé dans les mailles de la Sécurité d’Etat alors dirigée par le colonel Sidi Touré, le même qui se trouve en détention actuellement dans le cadre du brûlant dossier de la «disparition des 21 bérets rouges».
Toujours selon la même source, au nombre des éléments de la Sécurité d’Etat ayant perpétré son rapt figure un haut responsable de la Police nationale répondant au nom de commissaire Coulibaly.
Après une longue recherche infructueuse dans les centres de détention accessibles de la capitale, les proches parents désemparés du notable choisirent finalement de s’en remettre au Procureur général près la Cour d’appel, à travers un cri du cœur sans suite.
De fil à aiguille, les langues ont fini par se délier. Les témoignages de codétenus ont permis de lever un grand coin du voile sur le destin tragique du président du Conseil de cercle. Il a bel et bien séjourné dans les locaux de la Sécurité d’Etat six longues journées au cours desquels il aurait été constamment l’objet de supplices corporels au moins deux fois par jour. L’illustre détenu n’a pas naturellement résisté aux sévices et aurait perdu connaissance au sixième jour de son supplice.
D’après la même source, il a ainsi succombé sur le chemin de l’hôpital, après que ces bourreaux se soient tardivement décidés à lui porter secours.
Les proches parents de la célèbre victime ne se font plus d’illusion sur son hypothétique survie. Ils s’interrogent plutôt sur le charnier où son corps est enfoui. Ce n’est pas l’unique cas de torture rapportée par les confidences, depuis les couloirs de la mort de la SE.
L’actuel directeur nationale de l’Agence pour le développement des régions Nord du Mali (ADN), Mohamed Ag Mahamoud, aurait pu connaître le même sort lors de son détention abusive dans les mêmes lieux, pour avoir été privé d’eau au moins 48 h dans une cellule, dont l’exigüité conduit forcément à la déshydratation.
Qui était derrière cette nouvelle école spécialisée d’assassinat d’une autre époque ? Allez savoir
A. K.
SOURCE: Le Témoin