Parti du nord de la Pologne, le marathonien Piotr Kurylo, 42 ans, parcourt à pied 2.000 kilomètres pour célébrer la canonisation de Jean Paul II le 27 avril au Vatican, en priant sur son chemin pour la paix dans le monde, en particulier en Ukraine.
“D’autres iront à Rome en bus, en train ou en avion. Moi, je suis marathonien, alors je ne pouvais y aller qu’en courant”, explique-t-il à l’AFP.
Il traine derrière lui un petit chariot à roulettes dans lequel il transporte des vivres et qui, la nuit, lui sert à dormir. Il l’a décoré avec des photos du pape, collées de tous les côtés. Il en a mis aussi sur son T-shirt et sur sa casquette. Un petit drapeau blanc rouge polonais s’agite au passage des camions, nombreux sur cette route menant vers la Lituanie.
“Je cours pour célébrer la canonisation de notre pape, le pape polonais, car je suis croyant”, dit-il. “Je cours aussi pour +recharger mes batteries+, pour acquérir de l’énergie avant les ultra-marathons que je vais faire cet été”, dit-il lors d’un petit arrêt au bord de la route, tout en massant ses jambes.
“Je fais en moyenne entre 60 et 70 kilomètres par jour, je mange et je bois sans m’arrêter”, raconte-t-il.
Mais pour arriver à temps, la veille de la canonisation, il devra prolonger les étapes et compte faire, à partir de la frontière polono-slovaquie, environ 80 kilomètres par jour. Son itinéraire passera par la Slovaquie, la Hongrie et l’Autriche, jusqu’en Italie.
“Le plus dur, c’est la solitude et l’éloignement”, dit ce père de famille, qui a laissé chez lui sa femme et ses deux filles. “Ici en Pologne, ça va encore, les gens me connaissent, je suis sur Facebook, des amis m’envoient des photos et des messages de soutien. Mais plus loin, je risque de me sentir dépaysé”, dit cet homme de taille moyenne, très mince et musclé.
Piotr, que les amis surnomment “coureur d’acier”, est parti samedi le 15 mars du sanctuaire marial de Studzieniczna, dans le nord-est de la Pologne.
Ce n’est pas par hasard. Karol Wojtyla y venait en kayak, quand il passait des vacances dans cette belle région des lacs et forêts, avant qu’il soit nommé pape en 1978. “C’était un sportif, lui aussi”, sourit le marathonien.
“Les premiers jours, j’ai encore eu de la neige. Hier, du vent. C’était dur. Là, le temps est bon. Ni trop chaud ni trop froid, sauf le matin”, dit-il.
Il se lève tous les jours à 5H30 et court de l’aube jusqu’au soir. “Parfois, sur la route, des gens se joignent à moi. Alors, on court ensemble. L’accueil est très chaleureux. Il me confient leurs prières que j’emporte à Rome”, ajoute-t-il.
Les préparatifs avaient duré trois mois. Il courait tous les jours, avec une charge pour se fortifier: un pneu de voiture ou un chariot rempli de bois.
Mais il ne va pas s’en arrêter là. Après Rome, Piotr Kurylo veut faire l’ultra-Balaton, une course de 212 kilomètres autour de ce grand lac d’Europe, en Hongrie. Puis, le Spartathlon – 246 km d’Athenes à Sparthe.
Cet petit entrepreneur en bâtiment, mineur de formation, a commencé à courir des super-marathons il y a une dizaine d’années. En 2007, il a eu la deuxième place au Spartathlon. En 2010, il a fait en courant le tour du monde. Et en 2012, il a remonté en amont la Vistule en kayak, de la Baltique jusqu’aux sources.
Et toujours pour une bonne cause. “J’ai remonté la Vistule à contre courant, pour attirer l’opinion publique sur les barrières auxquelles sont confrontées les personnes handicapées”, explique-t-il.
“Piotr est un vrai héros de la foi. Il ne court pas pour être médiatisé, il court pour faire passer le message, pour faire rappeler le personnage de Jean Paul II”, souligne le père Marek Matusik, le curé de Borki, une étape sur son parcours.
© 2014 AFP