L’affaire dite des 49 soldats ivoiriens prend une autre tournure. Et pour cause ! Après une déclaration des autorités ivoiriennes qui ont affirmé que leur contingent était bel et bien régulièrement inscrit dans l’effectif de l’Armée ivoirienne et se trouvait au Mali dans le cadre des opérations des Éléments nationaux de Soutien (NSE) ; le Conseil de sécurité des Nations Unies a démenti formellement, ce mercredi 13 juillet 2022, les affirmations du président OUATTARA, qui avait réclamé, à la veille, la libération de ces soldats sans condition et sans délai.
À l’issue d’un Conseil de sécurité tenu mardi, sous la présidence du président ivoirien, Alassane Dramane OUATTARA, la Côte d’Ivoire avait démenti les accusations du gouvernement malien en affirmant que les soldats arrêtés étaient détachés au compte de la MINUSMA.
Un démenti qui ne durera pas longtemps, puisque les Nations Unies n’ont pas passé par quatre chemins pour se démarquer de ce mensonge collé à leur institution.
À l’ONU et dans l’esprit des diplomates de la plupart des pays concernés par cette affaire, c’est la surprise et la circonspection qui dominent.
Prévenue après l’arrestation des 49 Ivoiriens, l’ONU a lancé mardi ses équipes pour vérifier les différentes pistes et incohérences sur place à Bamako.
Mais alors que lundi dernier, le porte- parole de la Minusma, Olivier SALGADO, indiquait dans un tweet que ces militaires faisaient effectivement partie d’éléments nationaux de soutien logistique à la Minusma.
Du côté de New York, après avoir épluché les fichiers de personnel, l’ONU en est sûre : ces hommes n’ont pas le statut d’éléments nationaux de soutien, comme l’a stipulé le Conseil national de sécurité ivoirien mardi. En tout cas, impossible pour New York de déterminer dans quel cadre ces soldats ont été dépêchés à Bamako, ni leur lien contractuel avec la société censée les embaucher, Sahel Aviation Service.
Comme pour réfuter davantage les affirmations d’Abidjan, le Conseil de sécurité des Nations unies a rappelé que les armes du contingent transportées dans le deuxième avion n’auraient ainsi, par déduction, jamais été autorisées par les Nations unies non plus.
Signalons que le Ministre des Affaires étrangères malien, Abdoulaye DIOP est actuellement à New York pour un forum sur le développement durable. Il pourrait évoquer ce dossier avec le secrétariat de l’ONU qui, de son côté, est soucieux de préserver la dynamique positive mise en place au dernier sommet de la CEDEAO.
Rappelons que selon la version des soldats ivoiriens, ils seraient venus au Mali dans le cadre de la sécurisation de sites logistiques de la compagnie SAS, elle-même mandatée par le contingent allemand de la Minusma.
Cette dernière conteste avoir fait appel aux éléments ivoiriens.
« Les détachements NSE sont embauchés par les contingents pour réaliser des tâches hors mandat, comme garder des entrepôts, explique Olivier Salgado. La Minusma n’intervient pas dans ces contrats. »
De même, du côté de l’Ambassade d’Allemagne, on nie être à l’origine du recrutement.
« Il n’y a pas de lien direct entre ces soldats ivoiriens et nous », assure un diplomate allemand.
La société SAS n’a pas encore communiqué sur l’affaire au moment où nous mettons sous presse, mais, selon certains spécialistes, le cadre légal des NSE n’autorise pas des entreprises à faire appel à ce mécanisme dévolu aux États.
Quant aux autorités ivoiriennes, elles ont demandé, mardi soir, au Mali de libérer « sans délai » ses militaires incarcérés « injustement ».
« Aucun militaire ivoirien de ce contingent n’était en possession d’armes et de munitions de guerre », indique un communiqué de la présidence ivoirienne publié à l’issue d’un Conseil national de sécurité extraordinaire.
Selon Abidjan, la présence de ces soldats est « bien connue » des autorités maliennes.
PAR CHRISTELLE KONE
Source : Info-Matin