Selon différents témoignages et la réaction de M. Abdoulaye Sissoko, l’incarcération du dénommé Bréhima Diallo (marié à deux femmes et père de 10 enfants) n’est pas liée au fait d’avoir défendu la cause d’une école communautaire à Mountougoula nord-est extension. Mais, c’est un refus de rembourser une dette et de s’acharner violemment contre le débiteur et sa famille qui l’a conduit en prison. Et contrairement à ce que sa famille a soutenu, il a été jugé et condamné à deux ans de prison en novembre 2021 par le tribunal de Grande instance de la Commune VI du district de Bamako (sur la foi des grosses de justice). Il a interjeté appel pour se voir infliger la même peine en septembre dernier avec 2 millions de F CFA à titre de dommages et intérêts.
Selon M. Sissoko, un soir, le sieur Diallo (qui est son voisin) est venu solliciter un prêt de 100 000 F Cfa pour pouvoir offrir une chaise roulante à sa maman handicapée suite à un malaise. Compte tenu de la situation et de l’esprit du bon voisinage, il lui a accordé le prêt sans se douter que c’était le début du cauchemar pour lui et les tiens. Il lui avait promis de le rembourser avant 15 jours.
Plus de sept mois après, il n’a pas été remboursé. Et quand il a demandé à son voisin quand est-ce qu’il comptait le faire, ce dernier a fait semblant de ne plus se rappeler qu’il lui devait de l’argent. Et quand il a insisté, il l’a menacé en lui rappelant qu’il est un ancien de la Sécurité d’Etat et que leur boulot c’était de faire disparaître les gens et que s’il ne le laissait pas en paix, il va le faire disparaître aussi. «Et je jure qu’il a reconnu avoir tenu ses propos devant le juge qui l’a condamné à deux ans de prison», souligne M. Sissoko.
Et par la suite, Bréhima Diallo lui dit que puisqu’il doit de l’argent à la gestionnaire de l’orphelinat, de soustraire sa dette de ce montant pour qu’ils soient quittes. «Je lui ai répondu que je ne sais pas de quoi il parle. J’ai été voir la dame pour une explication. Et celle-ci m’a assuré qu’il n’a jamais été question de cela entre eux. Et à ma sortie, j’ai croisé Diallo. Je lui ai dit que je me suis expliqué avec la dame et que je n’avais plus rien à lui dire. Il m’a couvert d’insultes et a voulu se jeter sur moi avant que les gens n’interviennent», nous confie M. Sissoko dont la version est confirmée par plusieurs témoignages recueillis pendant l’enquête judiciaire.
Et de poursuivre, «à ma grande surprise, un soir j’ai trouvé que ma famille s’est barricadée parce que la famille Diallo était venue les menacer et les agresser. Et le soir quand j’ai envoyé mes enfants en commission à la boutique, ils ont été agressés par Diallo alors que son frère faisait tout pour m’empêcher d’intervenir. La goutte qui a fait débordée la vase, c’est quand il a agressé ma femme à 8 mois de grossesse. J’ai été contraint d’aller porter plainte pour attaque à domicile».
«Il a donné un coup de pied dans le ventre de ma femme enceinte parce qu’elle s’est interposée entre lui et notre fille qu’il voulait agresser. Ma femme est décédée moins de 40 jours après avoir accouché de jumeaux. Et le jour de son décès, M. Diallo est monté sur son toit pour se moquer de moi et me menacer en me disant que ce n’est qu’un début. J’ai perdu l’un des nouveaux nés par la suite», rappelle-t-il avec une grande amertume. Il s’est rendu à la gendarmerie de Baguinéda où il avait été devancé par son agresseur. Ce dernier lui avant lancé une pierre qu’il a évitée et qui a blessé le frère de son agresseur à la tête. Et Ibrahim Diallo s’est rendu à la gendarmerie pour porter plainte en l’accusant du coup. Après confrontation des propos, c’est M. Diallo qui a été arrêté par la gendarmerie.
«La communauté musulmane est venue me voir pour me supplier de retirer ma plainte pour qu’il n’aille pas à la prison car c’est un père de famille. J’ai accepté. Le jour où il a été libéré, il s’est rendu à la gendarmerie avec la même plainte d’agression sur son frère. Cette plainte a été jugée irrecevable. C’est en ce moment qu’il a poussé sa seconde femme d’aller porter plainte contre moi pour menace de mort. Cette affaire est encore pendante. Moi, j’ai réchauffé la mienne et il a été condamné à deux ans par le tribunal et la cour d’appel… Nous en sommes là pour le moment. S’il y a donc une victime dans cette affaire, c’est bien évidemment ma famille et moi. Et tout cela parce que j’ai eu le malheur de lui réclamer mon argent», conclut Abdoulaye Sissoko preuve à l’appui. 25 novembre
Et naturellement qu’Abdoulaye Sissoko est déterminé à se battre pour que Ibrahim Diallo paye aussi l’agression qui a été fatale à son épouse et à son bébé.
Par ailleurs, des témoignages concordants nous ont fait comprendre que l’orphelinat et les salles de classe n’ont jamais été la propriété privée de Mme Kadia Dem. Elle est simplement la gestionnaire de l’orphelinat alors que la parcelle où les classes sont construites a été légalement attribuée à l’église.
Moussa Bolly (Le Matin)