Après l’horreur de Indelimane, théâtre du sacrifice ultime d’une cinquantaine de nos vaillants soldats, le vendredi 1er novembre, le Président de la République, Chef suprême des armées, s’est adressé à la Nation. Le peuple malien, pris dans le tourbillon de la douleur, a diversement apprécié cette sortie qui s’imposait. Que faut-il alors retenir ? Décryptage.
Le peuple abasourdi par le désastre attendait une réponse du Commandant en chef des armées. Elle est venue sous la forme d’une double instruction.
Un : élaborer un nouveau concept opérationnel qui donne une part importante à l’offensive. Il ne s’agit pas véritablement d’une trouvaille, puisque même les godiches, en matière sécuritaire, ont eu cette inspiration. Mais, mieux vaut tard de que jamais. Quand c’est le Chef suprême des armées qui en fait une instruction, cela confère une autre dimension. Encore faudrait-il trouver les esprits éclairés pour émettre des idées lumineuses. C’est un véritable challenge ; d’autant plus qu’à l’aune des résultats catastrophiques jusque-là accumulés, reprendre les mêmes et recommencer serait tout simplement suicidaire.
Deux : améliorer les conditions d’engagement de nos hommes. Cela est bien en phase avec ses propres propos qui tapissent la page d’accueil du site des FAMa : ‘’quand on met les FAMa en mission, on leur en donne les moyens’’. Cette question de moyens exacerbée par l’annonce que des hélicoptères sont cloués au sol devait et doit urgemment trouver une réponse. ‘’Quand je pense à l’armée malienne, à ces braves hommes sur le terrain sans couverture aérienne c’était pour moi un drame, une tragédie’’, confiait IBK, à l’issue des festivités commémoratives du 22 Septembre 2017. Le ‘’drame’’, la ‘’tragédie’’ ne se conjuguent pas au passé après Boulkessi II, après Indelimane. Le réarmement matériel est une réponse acceptable des Maliens qui ne comptent plus leurs morts dont la plupart dans la fleur de l’âge.
La reconnaissance de la nation malienne pour l’engagement des soldats pour la défense du territoire national et la sécurité des Maliens est un point saillant du discours du Président de la République qui semble de plus en plus galvaudé. Parce que, pour de nombreux Maliens, le vibrant hommage aux Forces de défense et de sécurité en faction avec toute la détermination qui est celle de tout bon soldat, devrait aller au-delà des mots.
La répétition est pédagogique. Le Président IBK ne se lasse pas de rappeler que le pays est en guerre et d’appeler à l’union sacrée derrière ceux qui nous défendent et d’éviter les pièges de la division tendus par les obscurantistes marchands de la mort. L’appel est d’un à-propos incontestable. Cette guerre contre les illuminés n’est pas l’affaire du seul Président de la République ; mais de chaque Malien à quelque niveau de responsabilité où qu’il se trouve. Ce que prêche le Président de la République, c’est un « effort de sursaut national ».
Le Commandant en chef des Forces armées et de sécurité a eu une pensée pour les partenaires du Mali qui bénéficie de la solidarité internationale, avec des troupes étrangères qui combattent sur notre sol, soumises souvent au même sort tragique que les nôtres. Cette reconnaissance est des plus opportunes dans un contexte d’exaspération et même de révolte d’une frange importante de la population qui a tendance à prendre les ‘’partenaires’’ pour les ennemis ou les complices des ennemis.
Par contre, le Dialogue National Inclusif même s’il est présenté comme « la seule survie de notre chère patrie » semble par contre un cheveu dans la soupe de ce désastre militaire. La langue du commandant en chef a-t-elle fourché ou est-il simplement en proie à une fixation sur ce Dialogue. Parce que la douleur est encore très vivace après les morts répétées de jeunes soldats, la fibre patriotique est laminée. Inviter le DNI assimilé par beaucoup de nos compatriotes à du papotage en préparation heurte quelque part les sensibilités. Ce, d’autant plus que ce fameux dialogue ne s’attaque pas à la cause du délabrement de la situation sécuritaire, à savoir la mal-gouvernance, mais aux conséquences.
PAR BERTIN DAKOUO