Il n’aura présidé aux destinées de la Ruche que pendant 21 mois. Alors qu’il aurait fêté les deux ans de son élection à la tête du Comité exécutif de l’Adema le 18 octobre prochain, « Big Mari », comme le surnommaient ses proches camarades politiques, s’en est allé définitivement le 23 juillet 2023, laissant derrière lui un parti qui, après plusieurs soubresauts, semblait avoir enfin retrouvé le calme ces derniers mois.
Feu Marimantia Diarra a succombé des suites d’une maladie à l’âge de 75 ans, après un récent séjour à l’étranger pour des raisons de santé. Inhumé le 25 juillet, l’ex-membre du Conseil national de Transition, était, selon l’un de ses proches, un « homme politique de grande valeur, d’une grande courtoisie, d’une sérénité constante et d’une dignité jamais prise en défaut ».
Ses compagnons de l’ancien Comité exécutif du parti l’avaient choisi pour remettre l’Adema au-devant de la scène, pour un mandat de 5 ans. Il laisse son parti orphelin de « père » à un peu plus de trois ans du prochain congrès.
Confronté pour la toute première fois de son histoire au décès d’un Président en exercice, le parti des Abeilles, le mieux implanté sur l’étendue du territoire national, doit faire face à une première expérience aussi douloureuse qu’imprévue.
Toutefois, selon une source interne, « il n’y a pas le feu à la maison ». « Dans nos textes, le parti est dirigé par ordre de préséance. Aujourd’hui, le poste de Président étant vacant, c’est le premier Vice-président qui va assurer ces fonctions », explique-t-elle
« Pour un renouvellement, il faut un congrès. À défaut d’un congrès, il faut une conférence nationale, qui se tient entre deux congrès. Mais même la conférence nationale ne peut pas faire un renouvellement, juste un remembrement », poursuit notre interlocuteur.
Secousses à l’horizon ?
Avant le congrès d’octobre 2021, qui a porté l’ancien ministre du Plan et de l’aménagement du territoire à la tête de l’Adema, le parti a longtemps été secoué par des divisions internes, avec la formation de plusieurs clans.
L’actuel 1er Vice-président, Abdoul Kader Konaté dit Empé, qui prend aujourd’hui la tête du parti, avait longtemps été pressenti comme candidat à la présidence de l’Adema avant de se ranger finalement derrière Marimantia Diarra.
L’ancien ministre du Commerce va-t-il réussir à rassembler autour de lui pour finir le mandat en cours ? Les anciens soutiens du défunt Président, Adama Noumpounon Diarra ou l’ancien ministre Moustapha Dicko, tous deux candidats eux aussi à la présidence du parti avant de se ranger finalement derrière Marimantia Diarra il y a deux ans, s’aligneront-ils aujourd’hui derrière le nouveau leader ?
À en croire Mohamed Chérif Coulibaly, Président du Bureau national de la jeunesse du parti, l’Adema n’a pas pour l’heure comme priorité l’organisation d’un congrès avant la fin du mandat de l’actuel Comité exécutif, en 2026.
« Le risque zéro n’existe pas. Mais nous ne planchons par sur l’organisation d’un congrès extraordinaire avant la fin du mandat actuel. Il n’y a pas d’homme providentiel à l’Adema. Chez nous, si le Président n’est pas là, le parti ne s’écroule pas, parce qu’il ne s’identifie pas à une personne. C’est ce qui constitue notre force et en même temps notre faiblesse », avance-t-il.
Mais, au-delà du leadership du parti, l’épineuse question d’une candidature de l’Adema à la prochaine élection présidentielle n’est pas encore tranchée et pourrait raviver les différends entre les clans au sein de la Ruche. Avant même le décès du Président Diarra, les cadres du parti étaient partagés entre une candidature propre à l’Adema ou le soutien à un candidat issu d’une coalition politique.
Fin 2022, le Bureau national de la jeunesse exhortait le Comité exécutif à enclencher le processus de désignation du candidat à l’élection présidentielle de 2024. Mais cette sortie, qualifiée à l’époque de malencontreuse et de contre-productive par le Secrétaire général Yaya Sangaré, n’était pas du goût de certains membres du Bureau exécutif.
Ces derniers estimaient que la candidature de l’Adema à la prochaine élection présidentielle était une recommandation forte du 6ème congrès ordinaire, mais que sa mise en œuvre appartenait au Comité exécutif, où les débats se tiennent. À quelques mois de la date prévue pour le scrutin, le débat risque de refaire rapidement surface.
Journal du Mali