Présidant la séance de restitution du compte administratif de l’exercice 2022 de la mairie du District de Bamako, le maire Adama SANGARE a déploré le vendredi 11 août la faible volonté du pouvoir dans la mise en œuvre de la décentralisation.
Cet exercice démocratique de redevabilité s’est déroulé en présence des responsables des services de la mairie qui répondaient, outre le compte administratif, aux préoccupations de leurs partenaires, dont les commerçants, des transporteurs, des membres des associations de la société civiles…
Le représentant de la direction des finances et du matériel, Issa BALLO, l’inspecteur des finances locales, après les mots de bienvenue du maire, a présenté le compte administratif 2022 de l’hôtel de ville. Dans ce document comptable, les recettes et les dépenses sont chiffrées à plus de 76 milliards de FCFA. L’exécution de cette prévision est estimée à 62,63% pour un montant de plus de 48 milliards de FCFA répartit comme suit : dépense de fonctionnement 68,28% et dépenses d’investissement 17,49%).
Les recettes du budget proviennent essentiellement des activités prévues par la loi. A cet effet, dans la rubrique des recettes fiscales, sur une prévision de plus de 8 milliards de FCFA, la mairie a pu mobiliser plus de 7 milliards de FCFA soit un taux d’exécution de 87,09%. Elles proviennent du paiement des impôts directs, des impôts liés à l’activité comme les patentes, licences, taxes sur les charrettes, taxes d’embarcations).
Contrairement aux recettes fiscales, les services de mobilisation de ressources financières de la mairie n’ont pas pu atteindre la barre des 50% pour ce qui concerne les recettes non fiscales. Sur une prévision de plus de 3 milliards, seulement plus d’un milliard a été mobilisé soit un taux d’exécution de 40,51%. Ces recettes sont issues du paiement de droit de place sur les marchés, droit de stationnement et d’occupation de la voie publique, le permis d’occuper, loyers des magasins.
En outre, le transfert des ressources de l’État aux collectivités, subvention de fonctionnement, n’est pas à ce jour entièrement effectif. Dans cette rubrique, sur une projection de plus de 55 milliards de FCFA, la part de l’État mobilisée est de plus de 37 milliards de FCFA soit un taux d’exécution de 66,95%.
Les contraintes liées à la mobilisation des fonds
De façon générale, M. BALLO a expliqué la timide mobilisation des ressources par notamment les effets persistants de la crise politique, sécuritaire et sanitaire. Également, la Mairie endosse ce résultat au faible taux de mobilisation des tarifs locatifs des magasins, des équipements marchands, à l’incendie des équipements marchands du marché Rose, l’incivisme des contribuables, la lourde charge financière attribuée à la mairie dans le cadre de l’assainissement de la ville. S’y ajoutent enfin l’absence de subvention de l’État en faveur de la mairie du District dans le domaine de l’assainissement, les difficultés liées à la maitrise de l’assiette fiscale et le déguerpissement des contribuables dans les alentours des immeubles du Marché Rose.
En termes de recommandations pour améliorer la gestion financière, la direction des finances et du matériel sollicite l’inscription d’une subvention de l’État afin d’alléger la lourde charge de la Mairie dans l’assainissement, l’entretien des ouvrages et des infrastructures. Aussi, il a été recommandé à l’État de reconstruire le marché Rose, les halles des légumes, le marché Dossolo Traoré, de renforcer le dispositif de recouvrement de recettes à tous les niveaux et d’équiper de façon adéquate les services urbains de voirie et d’assainissement.
Cette présentation a été suivie de discussions avec les participants à cet exercice. Les préoccupations soulevées avaient trait à l’assainissement, à la mobilité, à la faible mobilisation des recettes, entre autres.
En répondant aux questions, le maire Adama SANGARE a précisé que les 2/3 du budget de la mairie constituaient le montant de l’État transféré aux collectivités.
« C’est un jeu d’écriture, l’argent destiné à la prise en charge de l’école et la santé passe seulement dans notre compte. On ne voit pas même ses couleurs. Or, dans le cadre de la décentralisation, cela n’est pas normal. L’argent et les ressources humaines doivent relever des collectivités », a dénoncé M. SANGARE.
Sur l’épineuse question de l’assainissement, en dépit de la volonté affichée des autorités de la transition, il a affirmé que durant toute l’année, la mairie n’a bénéficié aucun fonds en lien avec la salubrité. Et malgré les maigres ressources, la DSUVA parvient à évacuer les ordures du Grand marché de Bamako.
« Si la DSUVA ne travaillait pas, la voie traversant le Grand marché serait interdite à la circulation. Toutes les nuits, la DSUVA sur instruction du maire est mobilisée pour l’évacuation des ordures », a témoigné M. SIMPARA, l’un des responsables des commerçants.
Le maire a également regretté que Bamako soit la seule ville dans la sous-région qui ne bénéficie pas des subventions de l’État pur l’atteinte de ses missions. Ces faits parmi tant d’autres sont illustratifs, a commenté M. SANAGRE, que la mise en œuvre de la décentralisation est en panne dans notre pays.
PAR SIKOU BAH
Info Matin