Ce conflit entre les deux parties, faut-il le rappeler, a déjà fait des victimes.
Dans ce conflit meurtrier, des observateurs accusent les responsables du Collectif « Sauvons la Falémé » d’agir comme des ‘’hors-la-loi’’ s’attaquant avec des armes à feu sur les ouvriers qu’ils rencontrent sur les différents sites dans le cercle de Kéniéba.
Des accusations rejetées en bloc par le conférencier, Abdoulaye M. SISSOKO. Selon lui, le dragage dans les fleuves et sur les rives est totalement interdit par le Mali et le Sénégal, dont la rivière Falémé sert de frontières sur plus de 300km. (Arrêté du 15 mai 2019).
De même, ces deux États ont également signé la Convention de Minamata sur l’usage du mercure.
Il ressort de son propos que dès 2019, lors des EGM (États généraux de la Migration) organisés à Kayes, son collectif avait organisé un atelier sur le problème de la Falémé avec la participation du Préfet et du Maire de Kayes, des élus locaux de plusieurs communes de la région et même de la Segal du ministère des Maliens de l’Extérieur.
En 2021, de nouveau, une Caravane a été organisée de Kidira (Sénégal) à Kéniéba (Mali) sur les 2 rives de la Falémé, pour sensibiliser les populations aux dangers de la pollution de la Falémé avec l’utilisation de produits hautement toxiques tels que le Mercure, l’Arsenic, le HCL etc.
Les caravaniers avaient aussi attiré l’attention de tous les acteurs sur le problème des dragues détruisant le lit de la Falémé et ses rives.
Les autorités, tant maliennes que sénégalaises, ont été prévenues en amont de cette caravane.
Malgré le désastre provoqué par ces dragues qui se caractérise par une ponction énorme de la quantité d’eau ; la destruction de la faune et de la flore aquatique par le raclage des fonds et des rives ; l’obstruction de la rivière Falémé empêchant sa navigabilité ; la pollution des nappes phréatiques, de l’eau de la rivière et même de l’air par l’emploi de produits chimiques hautement toxiques pour l’homme et pour toute vie animale ou végétale, etc. le Collectif, selon le conférencier, n’a reçu aucune réponse des autorités maliennes depuis la fin de ces manifestations.
Et la colère des responsables du Collectif est d’autant plus grande que de l’autre côté les Autorités sénégalaises soutiennent leurs populations et sont à leurs côtés.
«Au Mali, rien, car aucune autorité ne se joint aux manifestants pour faire cesser ce massacre sur la rivière Falémé. Il y va pourtant de la survie des populations locales ! », se plaint M. SISSOKO.
Pour mettre fin au désastre, le Collectif, a-t-il expliqué, a décidé d’appliquer l’article 16 de la constitution du Mali, stipulant : « En cas de calamité constatée, tous les citoyens ont le devoir d’apporter leur concours dans les conditions prévues par la loi ».
Donc depuis mars 2023, près de 400 riverains Sénégalais et Maliens de la Falémé, appuyés par l’association Wassaton et des associations des diasporas sénégalaises et maliennes, bientôt rejointes par des mauritaniennes et des guinéennes, se sont mobilisés pour « nettoyer la Falémé » et faire partir toute exploitation et dragues dans son lit et sur ses rives.
«Les détenteurs des dragues chinoises ont refusé de partir, les petits dragueurs ont refusé aussi, et ils ont sommé les manifestants de ne plus avancer vers leurs lieux de drague. Après, ils ont commencé à tirer sur la foule des manifestants : plusieurs blessés dont un grave en mars dernier et un autre le 30 avril 2023. Les manifestants n’étaient pourtant pas armés !», a-t-il déploré.
« Il est d’ailleurs très étonnant de nous faire passer pour des ‘’hors-la-loi et des assassins’’ alors que ce sont les propriétaires et exploitants des dragues qui contreviennent aux lois maliennes et sénégalaises, qui exploitent sans droits ni titre le lit et les rives de la Falémé», a-t-il dénoncé.
Par Abdoulaye OUATTARA